La plage (Danny Boyle)

 

 

 


2000, année curieuse largement oubliée du grand public, car sensée faire le basculement vers le nouveau millénaire forcément plus attractif.

C’est pourtant cette année là que sort « La plage » de Danny Boyle ou lorsque un réalisateur réputé branché depuis le thrash « Trainspotting » rencontre la méga star de l’époque, Leonardo DiCaprio tout auréolé de l’immense succès de « Titanic » trois ans auparavant.

L’histoire assez improbable, tirée d’un roman d’Alex Garland, raconte celle d’un jeune touriste américain Richard (Leonardo DiCaprio) au profil de globe trotter solitaire qui rencontre dans un hôtel de Bangkok un homme fou, Daffy (Robert Carlyle) qui entre deux beuveries lui remet le plan d’une ile mystérieuse cachée de tous avant de s’ouvrir les veines dans sa chambre.

Choqué par le suicide de Daffy, Richard se rapproche d’un couple de français rencontré sur place, Etienne (Guillaume Canet) et Françoise (Virginie Ledoyen) eux aussi jeunes et aventuriers pour tenter une expédition hasardeuse pour découvrir ladite ile.

En réalité, Richard est secrètement attiré par Françoise et jalouse son compagnon français.

Prenant son courage à deux mains, le trio voyage par avion, train et bus puis nage les quelques kilomètres les séparant de l’ile effectivement sauvage.

Il tombe rapidement sur un champs de cannabis cultivé par des paysans locaux armés jusqu’aux dents.

Surmontant leur peur, ils parviennent à échapper aux trafiquants et à s’enfoncer davantage dans l’épaisse végétation tropicale.

Après avoir franchi une vertigineuse cascade, le trio tombe sur une communauté pseudo new âge, dirigée d’une main de fer par Sal (Tilda Swinton).

Tout en acceptant le trio, Sal rappelle les règles strictes de la communauté qui sont surtout de ne pas communiquer avec l’extérieur afin de garder leur existence secrète.

Le trio se fond sans difficultés apparentes dans les règles de la communauté vivant en autarcie alimentaire à base de culture de légumes et de pèche de poissons et ne s’aventurant qu’en d’exceptionnelles occasions et toujours sous le contrôle de Sal sur le continent.

La liberté et le loisir tiennent une part importante dans cet Eden taillé sur mesure, il est vrai dans des paysages paradisiaques.

Le sexe également et fort logiquement Richard se rapproche de Françoise avec qui il noue une relation intime.

Mais à l’occasion d’un visite sur le continent, Richard doit se soumettre aux caprices sexuelles de Sal et est malencontreusement découvert par un quatuor de touristes occidentaux à qui il avait eu le malheur de parler de la carte.

Sal est outrée de cette découverte et menace Richard de représailles au cas ou d’autres personnes chercheraient à venir en raison d’un accord conclu avec les trafiquants.

Mal à l’aise, le jeune homme revient sur l’ile ou la situation se dégrade depuis l’attaque violente de requins sur trois des pécheurs suédois de l’ile.

L’un d’entre eux, grièvement blessé à une jambe refuse d’être évacué et se heurte à l’intransigeance de Sal pour faire venir un médecin sur l’ile.

Délaissé, il est finalement abandonné par le groupe dans la foret qui ne supporte plus ses gémissements incessants, seul Etienne trouvant assez de compassion en lui pour l’assister.

Pire que tout, l’approche du quatuor de touriste de l’ile rajoute de la tension et Sal ordonne à Richard de monter la garde, en mettant tout en œuvre pour les repousser.

Richard, abandonné également par Françoise qui a découvert sa courte liaison avec Sal perd alors peu à peu la tête dans sa solitude forcée, épiant les touristes, s’engageant profondément seul dans la foret à l’image d’un personnage de jeu vidéo.

Plus grave il s’approche des trafiquants, n’hésitant pas à les narguer et à leur voler des effets personnels pendant leur sommeil.

Finalement l’arrivée des touristes se termine en drame, et par leur mort, tués par les trafiquants rendus nerveux par cet dérangement.

Richard est également poursuivi dans la foret et se réfugie au camps ou une vive explication a lieu entre trafiquants et Sal qui refuse obstinément d’évacuer l’ile.

Lors d’un face à face explosif, Sal se montre prête à tuer Richard pour préserver la présence de la communauté sur l’ile mais tire sur lui avec une arme vide.

Cette réaction extrémiste provoque le départ des membres de l’ile et le retour sur le continent, mettant fin à l’aventure utopique.

En conclusion, plus que par son sujet du reste plutôt intéressant, c’est par son traitement que « La plage » déçoit et irrite.

Le style déstructuré de Boyle s’exprime ici avec de fortes connotations à la drogue , aux jeux vidéos et à la musique électronique, sensés représenter la hype du moment mais formant un mélange assez décalé et indigeste avec le sublime environnement naturel des iles de la Thaïlande.

Deuxième reproche, le choix des acteurs, parfaitement discutables, avec un Dicaprio jeune, beau et bronzé donnant l’impression de passer de belles vacances en Thaïlande mais aussi Ledoyen complètement effacée derrière la star même dans des scènes d’amour tournées à la va vite.

Décor de carte postale, acteurs transparents, ambiance branchée-décalée nauséeuse, « La plage » donne en réalité farouchement envie de fuir !

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