Ennemies of reality (Nevermore)

 

 


Il y a bien longtemps que je n’avais consacré une chronique au thrash metal, cette forme pure et dure du hard rock née aux États-Unis au début des années 80 avant d’essaimer jusqu’à nos jours.

Crée en 1992 à Seattle, Nevermore sort en 2003 son cinquième album non sans une belle constance et opiniâtreté.

L’objet s’intitule « Ennemies of reality » et arbore une parure des plus mystico-macabre.

Le premier titre éponyme marque d’entrée le marque de fabrique du groupe, avec une alternance de couplets foncièrement thrash c’est-à-dire très puissant, rythmé et saccadé avec de surprenantes cassures rythmiques sur des refrains et des solos plutôt mélodiques.

Sans doute moins accrocheur, « Ambivalent » se distingue plus par les brillants solo de guitares de Jeff Loomis/Steve Smyth et se montre pour le reste tortueux et confus.

Cette impression de sourde confusion se maintient sur « Never purify » avec un certain manque de lien entre les parties, que ce soit les rythmiques bastonnantes, les solos sortis de nulle part ou le chant tout compte fait assez doux et aérien de Warel Dane.

L’orientation power ballade est franchement recherché sur « Tomorrow turned into yesterday » du reste superbe tout en grâce et subtilité mélancolique.

Les choses sont beaucoup plus poussives sur le lourd et lent « I voyager » et ses quasi six minutes d’ennui profond auquel succède « Create the infinite » plus rapide mais tout aussi touffu et étouffant.

Nevermore semble curieusement plus à son aise dans les tempo lent comme « Who decides » ou l’étonnamment spiralé « Nouemon » permettant aux américains d’exprimer davantage leur fibre mélodique.

Pour faire bonne mesure le disque se conclut par le meilleur titre du disque, « Seed awakening » parfaite synthèse du meilleur de Nevermore avec ce mélange de riffs destructeurs et refrains surnaturels de grâce.

En conclusion, « Ennemies of reality » est un album assurément frustrant, laissant entrevoir le potentiel de Nevermore, qui pratique un thrash puissant teinté d’influences plus progressives et mélodiques mais peine parfois à mettre son talent pleinement en valeur.

Tous les ingrédients d’un grand groupe semblent en effet présent, mais leur jonction a la plupart du temps à prendre, aussi passé quelques belles impressions fugaces, « Ennemies of reality » ne permet pas malgré son originalité et son mariage puissance/mélodie à pleinement rassasier, ce que l’on ne peut que regretter.

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