Les voies de la puissance, penser la géopolitique au XXIe siècle (Frédéric Encel)

 



Géopolitique toujours avec « Les voies de la puissance, penser la géopolitique au XXIe siècle » de du journaliste Frédéric Encel.

Sorti en 2022, cet ouvrage propose d'analyser les différents  « vecteurs de puissance » existant aujourd'hui au sein des nations.

On débute par le plus évident sans doute, l'aspect démographique suivi de près par la géographie.

Si avoir une population vieillissante avec un taux de natalité bas (comme en Russie) constitue un frein au dynamisme, a contrario une population importante et inégalement répartie est un handicap encore plus grand encore et peu générer des troubles intérieurs importants (pauvreté, chômage, exode migratoire).

La géographie semble jouer un avantage plus grand encore comme le montre les pays aussi vaste que des continents sans réels ennemis directs (USA, Russie) avec comme gains supplémentaires des vastes territoires cultivables, des ressources énergétique à portée de mains et des accès à la mer stratégiques pour le commerce.

Mais qui dit puissance dit armée, comme le montre de manière particulièrement criante aujourd'hui la guerre en Ukraine. Sans une armée nombreuse, équipés de matériels technologique de pointe, capable de se projeter dans le Monde et sans de surcroit la possession de l'arme atomique, difficile de jouer les premiers rôles mondiaux.

Cette résurgence de la force militaire, somme toute récente, révèle d'une inflexion majeure des politiques précédentes privilégiant la négociation et la signature de traités.

Assez proche de la force militaire, on trouvera la diplomatie et le renseignement, agissant en amont durant ou en aval des conflits armés.

Moins clair, le chapitre sur l'économie et le social semble privilégier la nécessité d'investir dans l'éducation de qualité et la R&D pour continuer à jouer les premiers rôles.

Après avoir mis en garde contre les fausses impression de puissance qui conduisent à se surestimer et à sous-estimer ses adversaires, la seconde partie passe en revue de manière assez scolaire les super puissance mondiales en relativisant toutefois le fameux « déclin » américain, l'inéluctable ascension chinoise (avec une armée n'ayant jamais combattu, un enclavement et des carences criantes en ressources énergétiques !) et la prétendue « faiblesse » russe, encore capable de nombreuses manœuvre de puissances quitte à ce que ces méthodes soient celles de voyous aux yeux des « irréprochables » européens dont le manque de cohésion global au niveau stratégique (notamment une dépendance militaire américaine marquée) est pointé du doigts.

Sorti de là, le livre verse dans le « vrac » de la Turquie, de l’Égypte, des pays israélo-arabes, des frères ennemis Inde-Pakistan et effleure à peine l'Amérique latine en tentant de dégager de manière assez poussive des objectifs géopolitiques à court terme.

Sans surprise, à quelques exceptions prés, l'Afrique victime de son manque criant d'investissements, de sa surpopulation apparaît comme le plus démuni en terme d'atouts...

Dans sa dernière partie, le livre évoque les autres acteurs de puissance, comme les ONG, les entreprises (géants énergétiques, banques, GAFAM) organisations mafieuses, terroristes et certains artistes ou sportifs tout en relativisant fortement leur pouvoir au regard des états.

En conclusion, « Les voies de la puissance, penser la géopolitique au XXIe siècle » est un livre à la structure inégale, parfois brouillon dans certaines parties qui comportent quelques redites dont la conclusion finale est mise KO d'office par le guerre Russie-Ukraine qu'il n'a pas anticipé.

Lorsqu'en effet on affirme que le temps des guerres d'envergure est révolue et que l'Allemagne restera par nature pacifiste, on se dit que l'analyste est passé à coté d'une évolution majeure à moins d'un an d'intervalle !

Art difficile donc que celui de la géopolitique qui se trompe souvent dans ses prévisions/constats...

Sur le fond cependant, « Les voies de la puissance, penser la géopolitique au XXIe siècle » rappelle que les états restent encore (et sans doute pour longtemps) les principaux vecteurs de puissance et que cette puissance qu'elle soit militaire, économique, énergétique, culturelle reste absolument essentielle pour comprendre le fonctionnement du monde.

Il serait donc bien naïf d'oublier ses réalités physiques et de considérer les autres acteurs non étatiques comme des acteurs susceptibles de jouer les premiers rôles sur l'échiquier mondial.

Enfin, constat dur et alarmant, la destruction de notre environnement, accélérée avec le développement industriel et la surpopulation, qui risque de mener ces états « puissants » mais relativement aveugles, à leur destruction sur long terme !

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