Judy, Lola, Sofia et moi (Robin D'Angelo)
Paru en 2018 , « Judy, Lola, Sofia et moi » est une plongée du journaliste indépendant Robin D'Angelo au travers du milieu de la pornographie française.
Derrière le phénomène de société et la mise en lumière de quelques stars « glamour » propulsée par Marc Dorcel, d'Angelo cherche à comprendre la réalité d'un milieu opaque gagnant beaucoup d'argent au travers de la diffusion de vidéos en ligne.
A force de persuasion, il parvient à entrer en contact, via les réseaux sociaux avec des « starlettes » et acteurs amateurs gravitant dans cet environnement.
Il découvre des personnalités fragiles, souvent cabossées par la vie, des bipolarités, des addictions et un désir de revanche sur la vie passant par la monétisation de son corps en échange d'argent rapidement gagné.
Mais une différence de traitement apparaît rapidement entre les hommes et les femmes. Si les premiers, plus nombreux au départ, ont du mal à percer et doivent souvent au début travailler gratuitement, ils demeurent mieux considérés socialement et peuvent espérer durer au motif de conserver leurs performances.
Pour les secondes, les choses sont plus compliquées : l'attrait permanent de la « chaire fraiche » pousse à des carrières éphémères de quelques mois, une fille ayant fait le tour des principaux producteurs étant rapidement considérée comme « usée ».
La violence est aussi une caractéristique dominante et systémique du porno amateur. Elle est encouragée par les producteurs pour des motifs de rentabilité.
Les femmes doivent donc rivaliser de pratiques extrêmes et humiliantes dont les fameux « gangbangs » popularisés par Jacquie et Michel ou French bukkake.
Les producteurs sont plus difficiles à coincer et on découvre un John B Root ex valeur montante de Canal +, vieilli et ruiné presque « bon enfant » comparé à des personnalités plus inquiétantes comme Pascal OP ou Célian, spécialisés dans le crade, violent et dégradant.
Mal à l'aise, D'Angelo est obligé de donner de sa personne : faire de la figuration, tenir une caméra ou infiltrer un tournage comme acteur cagoulé.
Il en ressort dégouté contrairement aux personnes habituées qui « normalisent » ces pratiques et estiment que les actrices « cassos » bien que victimes ne sont pas à plaindre.
En conclusion, « Judy, Lola, Sofia et moi » est une plongée dans la fange du porno amateur français.
Sans réelle surprise, le constat est celui de pauvres filles fragiles, exploitées et n'osant pas simplement pas dire non à des pratiques violentes ou dégradantes de peur de perdre la petite « aura » de followers glanée sur les réseaux sociaux.
Les comportements des producteurs voir de certains acteurs s'apparentent à ceux de prédateurs sexuels et il n'est guère étonnant de trouver avec le recul plusieurs d'entre eux inquiétés par la justice pour trafic d’êtres humains et proxénétisme.
La diffusion d'un « porno de masse » va pour moi de paire avec celles des sports extrêmes. Elle attitre comme des papillons des gens en quête de lumière et finit par les broyer.
Bien loin du « glam » des quelques super productions et stars américaines au physique de top model, l’enquête de D'Angelo remet les pendules à l'heure et livre le coté sordide d'un monde opaque, glauque, flirtant avec la prostitution et le crime organisé notamment via les filière des pays de l'Est.
Guère réjouissant donc sur l'évolution de notre Humanité !
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