Tommy (The Who)

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En 1969, The Who tentent avec « Tommy » l’audacieux pari de produire un opéra rock autour d’un concept album narrant les aventures d’un jeune homme sourd muet, maltraité par ses parents, qui devient champion de flipper puis une sorte de gourou destiné  à soigner l’humanité de ses fautes.

Si on est pas obligé d’adhérer au concept de cette histoire tortueuse faisant office de paraboles aux soucis de communication du guitariste Pete Townshend, on peut considérer avec intérêt les vingt cinq pistes qui composent cette œuvre ambitieuse et à l'époque passablement novatrice.

La longue « Ouverture » quasi instrumentale lance l’annonce « It’s a boy » ou se dégage une ambiance épique (présence de chœurs, chant haut perché mélodique de Roger Daltrey).

On a toujours l’impression d’être dans une introduction avec le calme et raffiné « 1921 ».

Rien ne décolle pourtant avec le lent « Amazing journey » et l’instrumental « Sparks »  ennuyeux au possible.

On dresse un sourcil sur la mélodie de « Eyesight to the blind » (The hawker) qui ne parvient cependant pas à accrocher.

Ensuit l’album s’éveille enfin légèrement, « Christmas » contient un gimmick plutôt astucieux, « Cousin Kevin » de belles harmonies vocales et « Acid queen » enfin le potentiel d’un titre fort.

Vient ensuite « Underture » trop long morceau instrumental de prêt de dix minutes.

Après ce morceau copieux, le format des titres se raccourcit avec les courts interludes « Do you think It’s alright ? » , « Fiddle about » à la mélodie accrocheuse puis « Pinball wizard » sans nul doute le meilleur titre du disque car construit sur une dynamique et des riffs très rock.

« Go to the Mirror ! » alterne passage relativement rapides et doucereux puis les chœurs soutenant une mélodie plaisante sont à nouveaux à l’honneur sur le court « Tommy can you hear me ? » avant qu’un aspect plus blues se ressente sur l‘irritant « Smash the mirror ».

Le très éthéré et soft « Sensation » précède « Sally Simpson » au groove très rythm and blues avant que n’arrive le titre les plus connu du disque « I’m free » véritable hit aux refrains immédiatement accrocheurs.

On passe ensuite de l’atmosphère alambiqué et apaisante « Welcome » à celle de cartoon de « Tommy’s Holiday’s camp » pour aboutir à un « We’re not gonna take it » bien gentillet compte tenu de son contenu rebelle.

L’album se termine enfin sur le très planant « See me feel me/Listinening to you » .

En conclusion, construit autour d‘un concept original et ambitieux, « Tommy » n’est globalement au final pas le disque pompeux et insupportable auquel on aurait pu s’attendre, les Who conservant une certaine sobriété dans leurs compositions.

Le principal reproche que je pourrais lui faire est son manque d’ampleur, d’énergie, d’emphase ce qui est rédhibitoire pour un opéra.

Trop raffiné voir par moments précieux, « Tommy » ne vous emporte pas, il vous berce gentiment et le rock sauvage parait ici bien loin.

La voix de Daltrey est superbe, une des plus belles du rock mais il manque ici quelques tempos plus dynamiques et quelques riffs plus trapus pour insuffler un peu de folie à tout cela.

« Tommy » est donc pour moi un bel objet, intello, élégant et maniéré qui comporte trois titres réellement marquants et rien de plus ou de moins.

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