Black Sabbath, children of the grave (Nicolas Merrien)
En complément de la biographie d'Ozzy Osbourne j'ai lu celle de Black Sabbath.
Écrite par le journaliste spécialisé Nicolas Merrien, « Black Sabbath, children of the grave » sort en 2016.
L'auteur propose de dérouler chronologiquement les grandes étapes de la carrière de Black Sabbath en se concentrant sur les albums plus que sur la vie personnelles des membres.
Ainsi les origines prolétaires des musiciens des Midlands sont rapidement évoquées, tout comme les principales étapes concernant les mariages, divorces, naissance, séparations et réunions.
Cette approche plutot superficielle se fait en faveur de la musique avec une analyse détaillée du style de composition inventé par les Anglais, Merrien allant au niveau de chaque chanson avec pour certaines des traductions des paroles de l'Anglais au Français.
Il est amusant de constater que la critique démolit les premiers albums du groupe, notamment le célèbre journaliste rock Lester Bangs, alors que ceux-ci sont considérés aujourd'hui comme des chefs d’œuvre.
Tommy Iommi apparaît comme l'architecte du son de Black Sabbath, ce style lourd, dépouillé, distordu fondé sur les riffs plus que sur la virtuosité technique, Ward apportant le swing élastique de son jeu de batterie avant que Geezer Butler, l'intellectuel de la bande, ne colle ses paroles, férue d'occultisme et de noirceur. Le dernier en place Ozzy Osbourne, posera sa voix pour incarner avec talent le malaise et la souffrance.
Du preuve aveux du groupe, le sommet artistique est atteint avec « Sabbath bloody sabbath ». Ensuite, le groupe miné par les addictions commence à décliner et à perdre le fil.
La musique se dénature, devient presque « mainstream » et après un « Technical ecstasy » trop lisse, Ozzy quitte le navire pour se lancer dans une carrière solo à succès.
L'arrivée de Ronnie James Dio donne un coup de fouet avec une orientation plus heavy metal classique mais la trop forte personnalité du chanteur finit par faire imploser une nouvelle fois le groupe après deux albums à succès.
Ensuite, on assiste à une lente décrépitude avec la valse des chanteurs, Ian Gillian inadapté au groupe et Tony Martin, bon chanteur dans un registre plus heavy rock.
Malade, Ward se met en retrait de la musique tandis que Butler rejoint Dio ou produit quelques albums solo.
En proie à des difficultés financières, Iommi tente coute que coute de sauver son groupe, mais les ventes de disques s'écroulent alors qu'Ozzy caracole vers les sommets porté par une attitude presque sans limite sur scène et de multiples scandales : suicide d'adolescents, maltraitance animale, violences conjugales...
Les deux hommes se font des procès dans une atmosphère glauque...mais la mort de Dio en 2009 après une tournée « Heaven and hell » plutot réussie, est un électrochoc pour Iommi qui se réconcilie avec Ozzy.
Le dernier album de Black Sabbath « 13 » est un succès sans équivalent et devient n°1 aux États-Unis.
En
conclusion, « Black Sabbath, children of the grave » ne constitue par une œuvre renversante car Merrien ne fait que majoritairement piocher dans les biographies des deux leaders Ozzy Osbourne et Tommy Iommi.
Sans sources nouvelles, Merrien n'apporte pas grand chose mais consacre beaucoup de minutie à décortiquer chaque album du groupe, chanson par chanson dans un exercice parfois discutable sur le fond et la forme.
L'apport principal de la biographie consiste plutot pour moi dans les parties sans Ozzy, avec la courte période Dio, les éphémères Hughes, Gillian et la longue (et moins connue!) de Tony Martin au chant.
Merrien analyse également le style du groupe, apporté par le son novateur de Iommi, le swing de Ward, l'atmosphère occulte de Butler et le charisme d'Ozzy.
Malgré des critiques épouvantables à ses débuts, Black Sabbath est aujourd'hui reconnu comme le groupe le plus influent du heavy metal, même si Merrien, tout comme Ozzy du reste, rejette le terme, trop restrictif et inapproprié à leurs yeux.
Sous-coté par rapport à Led Zeppelin ou même Deep Purple, Black Sabbath, plus sulfureux et inquiétant, constitue néanmoins la base fondatrice de 80% des styles de metal !
Un ouvrage bancal donc mais très méritant, écrit par un véritable passionné.
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