I am Ozzy (Ozzy Osbourne, Chris Ayres)

 




Après sa disparition en juillet 2025, j'ai eu envie de lire la biographie d'Ozzy Osbourne co-écrite avec Chris Ayres.

Intitulé « I am Ozzy » cet ouvrage paru en 2010, le natif d'Aston dans la banlieue de Birmingham, se raconte à la première personne.

On découvre les origines modestes quasi misérables du John Osbourne, avec des parents ouvriers se tuant à la tache du matin au soir, pas d'eau courante ni de papier toilette à la maison.

Dyslexique, souffrant de troubles de l'attention, John est rapidement en situation d'échec scolaire et prend souvent le rôle de souffre-douleur.

Sans diplôme, il s'essaye sans succès à travailler dans les usines du coin avant de jeter l'éponge à chaque fois, incapable de supporter des travaux abrutissants.

Seule son expérience dans un abattoir semble avoir obtenu grâce à ses yeux et il décrit avec force de détails ce qu'il compare à un camp d'extermination pour vaches.

John flirte avec la petite délinquance et fait un peu de prison pour un cambriolage raté.

La découverte des Beatles est un électrochoc pour lui. Il est fasciné par le rock et décide de monter un groupe avec son ami d'enfance Tomy Iommi, un guitariste doué s'étant adapté à la perte de deux phalanges dans un accident d'usine.

Avec Geezer Butler, un bassiste plus « intello » que les autres et un batteur nommé Bill Ward, il crée un groupe de blues-rock qui change plusieurs fois de nom (Polka truth, Earth) avant de devenir Black Sabbath.

Surfant sur la vague des films d'horreurs, les quatre rockers créent une imagerie inquiétante et surtout un son nouveau, lourd, lent et menaçant.

Iommi apporte le son, Butler écrit les paroles, Ward la lourdeur de sa frappe et Ozzy son excentricité sur scène ou il se forte rapidement une réputation d'allumé.

Produit avec presque rien et enregistré en une prise, leur premier album retravaillé par le génial producteur Roger Brain crée la surprise et fait un carton.

Le quotidien des ratés de Birmingham change et ils se font signer par Patrick Meehan, un sulfureux producteur qui tout en les escroquant leur fournit un train de vie fastueux digne des rock stars qui les ont fait rêver.

Ce changement brutal de statut aboutit à une perte des réalités pour les musiciens qui plongent dans un tourbillon d'alcool, de drogue et de sexe.

Parmi eux, Ozzy est sans nul doute le pire et le récit de ses frasques à Los Angeles est une effrayante plongée dans le néant. 

Malgré leurs excès, les musiciens enchainent les chef d’œuvres.... « Paranoid » porté par ses hits « catchy » dont « Iron man » et le morceau éponyme, « Sabbath bloddy sabath » qui apporte une évolution notable dans leur son et enfin « Volume 4 » sobrement renommé pour ne pas avoir de problème avec la censure en raison d'un amour trop affiché pour la drogue.

La vie privée d'Ozzy est un désastre et lassé de ses frasques (dont des actes de violence physique) sa femme Thelma, demande le divorce.

Ozzy perd la garde de ses trois enfants, et fréquente régulièrement les hôpitaux en raison des effets collatéraux des drogues.

Son goût pour les armes à feu n'arrange rien. Minés et rongés par leurs addictions, les musiciens accusent le coup avec un « Technical ecstasy » sans inspiration.

Le clash est inévitable et Ozzy quitte le groupe. Sa rencontre avec Sharon, la fille d'un puissant manager artistique nommé Don Arden, et décisive.

L'amour est immédiat et tout en étant elle-même excentrique, Sharon aide Ozzy à lancer sa carrière solo.

Porté par Randy Rhoads, un guitariste surdoué, le succès de son groupe ne freine pas pour autant sa consommation astronomique d'alcool et de stupéfiants.

Sur scène, c'est la folie entre nains, sang et animaux morts, profanation d'un monument historique (Fort Alamo!) , le pire étant la morsure d'une chauve souris qu'Ozzy pensait factice, ce qui le conduisit aux urgences après le show !

La mort tragique de Rhoads dans un accident d'avion stupide est un choc très dur qu'Ozzy aura du mal à surmonter.

Il trouve son second souffle avec Zakk Wylde, aussi imposant que Randy était mince.

Le procès qu'on lui intente pour le suicide d'un adolescent ayant écouté « Suicide solution » l'ébranle...

Au début des années 2000 alors qu'il est creux de la vague artistique, avec une semi-retraite ratée, Ozzy cède à l'idée de se femme de faire un « reality show » sur leur vie anormale au quotidien.

Le show intitulé « The Osbournes » durera 3 saisons sur MTV et fera d'Ozzy une superstar mondiale, en le conduisant à rencontrer Georges Bush, Tony Blair et la Reine d'Angleterre !

Après avoir été diagnostiqué de syndrome de la maladie de Parkinson (cause génétique), Ozzy se voit diminué, perdant la mémoire et ayant du mal à articuler. Son terrible accident de quad qui endommage sa colonne vertébrale n'arrange rien.

Mais l'amour de Sharon et les meilleurs médecins anglais puis américains contribuent à le rétablir malgré des passages très difficiles.

Ozzy délaisse l'alcool et les drogues dures, tout en prenant un traitement lourd destiné à améliorer sa qualité de vie et ralentir la progression de la maladie.

En conclusion, paru 15 ans avant sa mort « I am Ozzy » mérite son statut de best-seller et a assez de potentiel pour faire un film, certes pour public très averti, tant la vie d'Ozzy Osbourne a été complètement folle.

« I am Ozzy » raconte la réussite improbable d'un raté d'une banlieue ouvrière, l'idiot du village incapable de garder un boulot stable, la petite frappe sans envergure, le bon à rien, devenu une rock-star, un produit télé-visuel multimillionnaire.

En cause un facteur chance assurément comme la rencontre avec Tommy Iommi, l'inventeur du « son » de Black Sabbath mais aussi un talent/une sensibilité à fleur de peau.

Alors certes, il y a les fresques parfois drôles, souvent complètement incroyables (4 bouteilles de champagne par jour+ la cocaïne!) mais également effrayantes avec des plongées dans la solitude, la honte, le sentiment de culpabilité lié à une fuite de la réalité et à ses obligations notamment familiales.

Sans Sharon, Ozzy serait mort avant ses cinquante ans...avec elle, il a pu se construire une seconde carrière respectable dans la durée en s'entourant de musiciens de haut rang comme Wylde ou Rhoads à qui il rend un touchant hommage.

Tout en regrettant ses excès comme la violence contre les femmes ou les animaux, Ozzy parle également sans fard de la maladie terrible qui le ronge et l'emportera finalement.

Ce parcours hors normes mérite d’être lu et relu, mais Ozzy restera pour moi, le chanteur génial du plus grand groupe de heavy metal de l'Histoire avec cinq albums cul-te !

Merci Prince of Madness ! A quand le film ?

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