Bloody Miami (Tom Wolfe)
Sorti en 2013, « Bloody Miami » est le dernier roman de Tom Wolfe disparu en 2018.
Ce volumineux roman commence par un fait divers atypique, l'arrestation d'un émigrant cubain par le policier Nestor Camacho, au terme d'une acrobatique manœuvre suspendue à un mat à vingt mètres au dessus de la mer.
Alors que l'exploit athlétique de Nestor est célébré dans le Herald tribune, le jeune policier musculeux d'origine cubaine est rejeté par sa propre famille qui le considère comme un traitre.
Nestor qui vient de rompre avec Magdalena, débute alors un parcours du combattant qui ne s'arrange guère lorsque malgré une nouvelle prouesse lors de l'arrestation d'un colossal dealer de crack, il est accusé de racisme par une vidéo pirate.
Relevé de ses fonctions, Nestor est approché par John Smith, un ambitieux journaliste du Herald Tribune qui enquête sur Sergei Koroliov, un généreux mécène russe, qu'il soupçonne d'avoir escroqué le musée d'art moderne de la ville en lui vendant des fausses toiles de maitre pour un montant de 70 millions de dollars.
Perdu pour perdu, Nestor collabore avec John et ensemble l'improbable duo remonte jusqu'à Igor, le talentueux peintre faussaire ayant effectué les toiles pour Serguei.
Les aveux d'Igor retranscris par John dans le Herald provoquent un séisme, surtout lorsque le peintre meurt d'une malencontreuse chute dans l'escalier.
Si Koroliov échappe à la justice, Nestor ne ressort pas perdant de toute cette affaire : il est réintégré par le chef de la police pour son rôle déterminant dans une fausse dénonciation d'une agression d'un élève membre d'un gang par un professeur et retrouve Madgalena, qui après l'avoir snobé en entreprenant une relation toxique avec son patron, un célèbre psychiatre spécialiste des additions à la pornographie et fugitivement avec le parrain Sergei, retourne à plus de simplicité.
En
conclusion, lire « Bloody Miami » m'a procuré des sentiments divers : tout d'abord, il m'a fallu une bonne centaine de pages pour entrer dans l'histoire qui commence par un fait divers peu passionnant, puis j'ai été enthousiasmé par certains passages très inspirés de Wolfe : notamment la description d'une virée en mer a 150 km/h sur un hors bord suivi d'une soirée de débauche entre jeunes aisés ou l'arrestation de dealers en plein ghetto noir après un face-à-face intense.
Bien entendu, Wolfe écrit avec beaucoup d'aisance, son style riche, original touche souvent juste et intègre quelques touches d'humour bienvenues.
En revanche, j'ai perdu un peu d’intérêt pour la dernière partie du livre, finalement assez décevante.
La description des diverses communautés ethniques de la ville est certes intéressantes au début, notamment les Cubains vivants dans les « casitas », mais elle finit par peser avec ces incessantes allusions à la « race » comme si tout ou presque aux États-Unis se réduisait à une éreintante confrontations entre Cubains dominant la ville et accusés d'oppression contre les Afro-américains, Russes mafieux, oligarques, ou artistes avec des accents ridicules et « Anglo » privilégiés tirant les ficelles grâce à leurs connexions au niveau national.
Certains personnages secondaires paraissent également comme Magdalena paraissent très clichés (la latina en quête d'ascension sociale par son physique) ou sous exploité comme Ghyslaine, la fille d'un professeur d’Université haïtien se considérant comme « français » et donc blanc, dont la « love story » avec Nestor ne débouche sur rien.
Un roman intéressant donc pour son approche sociologique de Miami malgré ses longueurs et ses points faibles.
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