L’héritage de la chair (Elia Kazan)
Changement radical d’ambiance avec un film de 1949, « L’héritage de la chair » d’Elia Kazan.
Dans ce film, Patricia Johnson dit Pinky (Jeanne Crain) revient du Nord des Etats-Unis dans sa petite ville natale du Sud.
Malgré sa peau blanche, Pinky va retrouver sa grand-mère noire (Ethel Waters) qui s’est sacrifiée pour qu’elle puisse faire des études et échapper à la condition misérables des Noirs du Sud.
Devenue infirmière, éduquée et imprégnée des principes d’égalité entre Noirs et Blanc du Nord, Pinky s’insurge contre les conditions de vie de sa grand-mère qui vit comme employée non loin d’une riche femme âgée Miss Em (Ethel Barrymore).
Lorsqu’elle part récupérer l’argent que lui doit l’avocat marron, Jack Walters (Frederick O‘Neal), une bagarre éclate avec sa femme Rozelia, ce qui oblige la police à intervenir.
Tout d’abord conciliants avec Pinky, les policiers changent d’attitude lorsque Rozelia leur avoue qu’elle est noire embarque toute le monde au poste.
Pinky bénéficie de l’indulgence du juge Walker (Basil Ruysadel) qui la félicite de son ascension sociale couronnée par un diplôme d’infirmière.
De retour chez sa grand-mère, Pinky évite de justesse un viol et accepte à grand peine de soigner Em mourante, après que sa grand-mère l’ait suppliée de le faire.
Le contact avec la vielle femme acariâtre est difficile mais après une mise à l’épreuve délicate, Pinky devient l’une des rares personnes de confiances pour Em face à une famille vorace représentée par sa cousine Melba Wooley (Evelyn Warden).
Lorsque Thomas Adams (William Lundigan) un beau médecin du Nord la retrouve, c’est pour lui demander de l’épouser et de retourner vivre avec lui dans le Nord.
Mais la fière Pinky refuse et reste pour faire face à la société ségrégationniste du Sud.
Em finit par mourir et Pinky est encore victime de violents préjugés de Wooley qui l’accuse d’avoir volé l’argent de sa cousine et force le gérant d’un magasin à ne pas lui vendre un voile pour aller à l’enterrement.
Pinky comprend que Em lui a finalement légué ses terres et sa maison et qu’un conflit va éclater avec les Wooley, qui revendiquent cet héritage.
Mais elle choisit de se battre légalement en forçant Walker à la soutenir face à une société par nature injuste avec les Noirs.
Le procès homérique, se conclut par une victoire à l’arraché…Walker parvenant à démontrer la lucidité de Em au cours de ses dernières heures grâce au témoignage de son médecin le Docteur Canady (Kenny Washington).
Victorieuse, Pinky renonce une nouvelle fois à partir avec Thomas…et reste s’établir dans son Sud natal.
En conclusion, « L’héritage de la chair » est un film digne de la réputation de réalisateur courageux et engagé de Kazan qui dénonce ici la violente injustice sociale à l’égard des Noirs dans l’Amérique des années 40.
Au-delà du message humaniste assez formidable et intelligemment distillé contre le racisme, « L’héritage de la chair » met aussi en valeur la formidable Jeanne Crain, dont la beauté et le courage illuminent ce beau film en noir et blanc.
Du très grand Kazan en quelque sorte!
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