Un barrage contre l'Atlantique (Frédéric Beigbeder)

 



Sorti en 2022, « Un barrage contre l'Atlantique » est un roman de Frédéric Beigbeder.

En pleine année de confinement en 2020, l'auteur s'isole dans une cabane situé à la pointe du bassin d'Arcachon pour écrire.

Le résultat de cette année de travail est un roman encore une fois auto-biographique ou Beigbeder hanté par ses cinquante-cinq ans se remémore avec nostalgie de sa jeunesse dans les années 70/80.

Il est beaucoup question de sa famille donc, ses parents de grands bourgeois parisiens très tôt divorcés, son père, qu'il dépeint comme un « séducteur international » collectionnant les maitresses et les escortes girls, et sa mère, les amants...

En ce temps-là, les gens conduisaient à 180 km/h sans ceinture, buvaient, fumaient,bronzaient « top less » à la plage et faisaient l'amour sans se préoccuper d'attraper des maladies mortelles.

Beigbeder grandit dans cette société libertaire et nourrit un goût prononcé pour la sexualité et la littérature, surtout la Science-fiction.

Complexé par son physique disgracieux et sa timidité, en comparaison de son frère Charles, il cultive le goût de la provocation pour se faire remarquer.

Sa jeunesse dorée et mouvementée ne l’empêche pas de réussir de brillantes études (Science Po) et DESS de Marketing-Publicité.

Devenu un écrivain précocement connu, Beigbeder mène une vie dissolue de noctambule et fréquente la « hype » des média parisiens, notamment Thierry Ardisson.

Une large partie de son romain est consacrée à sa liaison « destroy » avec Laura Smet, décrite elle-aussi comme une écorchée vive.

Tout en se remémorant ses années « bénies » de jeunesse, Beigbeder se montre amère sur le présent, pollué par les réseaux sociaux et l'enfermement pour cause de pandémie.

Il évoque à plusieurs reprises la fin du monde, imminente et loue l'exemple de son ami Benoit Bartherotte, l'homme qui chaque jour déverses des tonnes de gravats pour consolider une digue à la point du Cap Ferrer et ainsi livrer un combat perdu d'avance à terme contre la destruction programmée de la zone littorale avalée par l'océan.

La fin du roman, plus touchante se voit heureusement plus optimiste avec un équilibre, notamment familial, enfin retrouvé !

En conclusion, « Un barrage contre l'Atlantique » déplairat autant qu'il plairat aux détracteurs et aux admirateurs de Beigbeder.

L'auteur se raconte une nouvelle fois avec une certaine complaisance, évoquant une enfance matériellement privilégiée mais écartelée entre deux parents divorcés.

On retrouve les thèmes habituels de ses romans : ses complexes notamment physiques, sa timidité, son exubérance, son goût de la séduction compulsive et des femmes plus jeunes pour lutter contre un vieillissement inéluctable.

Plus intéressant est en revanche le parallèle entre la liberté des années 70/80 et le retour à un certain moralisme aujourd'hui entre les « tribunaux » des réseaux sociaux et les lois liberticides de la Covid-19.

Beigbeder regrette donc sa jeunesse et ses années sans téléphone portable et Internet, le goût de l'attente, nourrissant les espoirs les plus fous...

Mais c'est véritablement la dernière partie du roman qui se montre la plus réussie : le style s'envole à l'évocation d'un père rongé par la maladie de Parkinson, au désir de rassembler sa famille et de vivre soudés les uns avec les autres pour se protéger d'une nature devenue hostile, telle cette métaphore du « barrage contre l'Atlantique » du bassin d'Arcachon...

Rien que pour cela donc une mention honorable !

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