Balles neuves (Henri Leconte)

 



En 2023, Henri Leconte sort une troisième biographie intitulée « Balles neuves ».

Figure emblématique du sport français des années 80/90 aux cotés de Yannick Noah, Leconte éprouve à l'approche de la soixantaine le besoin de se raconter encore aux cotés de Bernard Beaudoin.

« Balles neuves » commence de manière toutefois surprenante : au lieu de parler de son passé de sportif, Leconte verse dans des grandes généralités/banalités sur le développement personnel, ce qui laisse à penser qu'on s'est trompé de cible avec une biographie qu'on pensait hautes en couleurs.

Quand enfin, on entre dans le vif (après une quarantaine de pages quand même!), Leconte insiste lourdement sur son passé familial, notamment son grand-père issu de la DDASS et les valeurs nordistes de « générosité » qui selon lui auraient façonné son besoin d’être aimé mais aussi sa grande naïveté...

Issu de la classe moyenne supérieur, Leconte marque très tôt des dispositions pour le tennis qui est à peu près sa seule passion.

Mauvais élève à l'école mais acharné aux entrainements auprès de sa mère secrétaire du club de tennis de Vincennes, Leconte est rapidement détecté et intègre l'INSEP.

Il y découvre les exigences de sportif de haut niveau ainsi que le goût du dépassement de soi.

Sa rencontre avec le manager roumain Ion Tiriac est décisive, et lui fait encore franchir un cap avec 7 à 8h d'entrainements épuisants par jour.

Malgré la rupture à l'arrivée de Boris Becker, Leconte qui s'est adjoint les services de Patrice Dominguez fougueux attaquant gaucher comme lui, connait une progression fulgurante et réalise ses meilleurs résultants en 1986 avec deux demi finales en Grand chelem, un quart et surtout une cinquième place mondiale.

Gaucher surdoué et imprévisible, Leconte impose un style unique, déroutant pour des adversaires au jeu plus prévisible comme Lendl qui détestait jouer contre lui.

Mais ce succès est de courte durée : miné par un premier mariage raté, rongé par les premières blessures traduisant selon ses propres mots un manque de travail en endurance et en musculation, Leconte ne tarde pas à perdre tous ses acquis.

En même 1988 l'année de sa fameuse finale à Roland-Garros est la pire de ses souffrances avec une défaite humiliante face à Wilander, des mots malheureux et une dépression.

Au fond du trou, Leconte trouvera un second souffle inespéré en 1991 lorsque Noah le « ressuscitera » et lui fera oublier ses problèmes physiques et mentaux pour réaliser le temps d'un week-end de rêve, le hold-up parfait lors de la finale de la Coupe Davis avec une victoire écrasante face à Pete Sampras et un double survolé face aux numéros 1 de l'époque Flach/Seguso.

Après la Coupe Davis, Leconte serra rattrapé par ses problèmes et finira avec les honneurs en 1996 avec quelques barouds d'honneurs à Roland (demi finale en 1992) et Wimbledon (huitième en 1993)

Pour finir, Leconte boucle la boucle avec les enseignements personnels de ce parcours chaotique, sa joie d’être devenu commentateur pour diverses chaines de télévision puis « conférencier » pour les grandes entreprises...

En conclusion, si vous n'appréciez pas Henri Leconte, « Balles neuves » ne contribuera probablement pas à ce que vous changiez d'opinion sur « Riton ».

Sur les 173 petites pages de cette biographie, beaucoup de remplissage et un empilement de banalités, afin de justifier la nouvelle carrière de « coach en développement personnel » et de conférencier pour les entreprises de l'ex sportif.

Bien difficile donc d'extraire un quelconque intérêt dans cette biographie particulièrement creuse, dans laquelle les grands moments du champion ne sont que survolés.

On comprend néanmoins ce qui a manqué à Leconte pour devenir un gagnant de Grand chelem voir plus...une fragilité physique et mentale, une mauvaise gestion de sa vie privée, obnubilé par les belles blondes comme autant de marque de réussite sociale.

Avec un parcours aussi inaccompli au regard de son génie sportif, on ne peut que demeurer sceptique sur l’intérêt de faire appel à lui comme conférencier, ci ce n'est que pour symboliser la non réalisation d'un potentiel et le « beau jeu à la française » qui ne gagne pas à la fin...

A zapper donc !

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