Yannick Noah, le guerrier pacifique (Bernard Violet)
Sortie en 2009 « Yannick Noah le guerrier pacifique » est une autre biographie consacrée à la star.
Écrit par Bernard Violet, un spécialiste de l'exercice qui compte bon nombre de « people » à son tableau de chasse de Johnny à l'Abbé Pierre en passant par Depardieu et Debbouze, cette dense biographie déroule de manière chronologique la vie de Noah.
Même si on connaissait déjà les grandes lignes de l'histoire, on découvre des choses, notamment des anecdotes concernant l'enfance au Cameroun et l'adolescence au sport études de Nice.
Très tôt, le petit Yannick se montre « piqué » par le virus du tennis. Fils de footballeur professionnel, Yannick a des prédispositions naturelles pour le sport et sa rage de vaincre le distingue des autres enfants de son age.
La chance lui sourit lorsqu'Arthur Ashe en tournée en Afrique le repère et le recommande personnellement à Philippe Chatrier, alors DTN en France.
La suite est plus connue : le déracinement, l'isolement dans un internat, le racisme banal à cette époque mais qui ne semble pas l'avoir personnellement marqué.
Rapidement, Noah se distingue au niveau international, son plus grand rival étant le Tchèque Ivan Lendl son parfait opposé.
Sous la férule de Patrice Hagelhauer qui devient son entraineur personnel et ami, Noah explose sur le circuit et obtient ses premières victoires en professionnel en 1978.
Après un service militaire effectué au sein du prestigieux bataillon de Joinville, ce qui lui permet de bénéficier d'un régime de faveur pour continuer à s'entrainer, Yannick se fait remarquer par ses performances en Coupe Davis et continue d'apprendre le métier en se frottant aux meilleurs mondiaux, comme l'Américain John Mc Enroe qui le bat en 1982 en finale à Grenoble malgré une résistance acharnée.
Tout a été dit ou presque sur le « miracle » de 1983 et cette victoire mythique à Roland-Garros dans laquelle Noah réalise alors son plein potentiel.
Puis après sa vie lui échappe, devenu une icône, il déprime et part s'exiler à New-York. Il aime sortir, faire la fête, conduire des voiture de sport, et les top models, comme ses deux premières femmes.
Si le divorce d'avec Cécilia s'est plutot passé de manière harmonieuse, celui avec Heather est plus tumultueux, l'Anglaise s'estimant flouée par Noah qui lui a enlevé la garde de ses enfants alors que celui-ci lui reproche de les avoir délaissé sous l'emprise d'une relation toxique avec son nouveau compagnon, un personnage selon lui trouble, mi escroc mi boxeur...
La rivalité avec Leconte est elle aussi intéressante, la femme de ce dernier, Brigitte, estimant avec son coach Patrice Dominguez qu'Henri devait briser l'aura du charismatique leader pour lui prendre sa place. Après la victoire de Leconte à Roland-Garros 1985 la brouille entre les deux hommes est à son comble, alors que tous les deux culminent au classement ATP durant l'année 1986...fastueuse pour les 2 champions alors dans le top 5 mondial.
Mais le déclin de Noah est ensuite inévitable malgré quelques sursauts, un quarts par-ci, une demi par là.... lorsqu'il raccroche en 1991, il fait logiquement la transition avec le capitanat de Coupe Davis et le succès qu'on lui connait en se remotivant son « frère » de toujours Leconte.
Lorsque Noah se lance dans la musique, les choses se compliquent fortement. Passé le coup de chance de « Saga Africa », l'apprenti chanteur cherche son style oscillant entre rock et world music..
De plus ses musiciens, ses potes de Zam-Zam n'ont pas le niveau pour jouer professionnel et Noah s e produit souvent dans des salles vides.
Sa rencontre avec les Goldman va changer sa vie, les deux frères composant sur mesure pour lui et lui trouvant de vrais musiciens laissant son groupe de façade l'accompagner en tournée ou son charisme légendaire opère.
Le style Noah ? Du reggae-cool, des paroles positives, humanistes, spirituelles, des « good vibes » et surtout un sens aigu du spectacle.
Malgré un procès avec son « agent » de l'époque et une tournée avec Johnny Halliday qu'il ne côtoiera jamais, Noah gagne beaucoup d'argent avec la musique et profite de son image pour participer à des campagnes publicitaires en marge des ses bien connues engagements humanitaires pour les enfants...
En conclusion, Pour une fois « Yannick Noah, le guerrier pacifique » aborde de manière un peu objective ce monument de la société française.
Le soucis du détail et de l’anecdote de Bernard Violet est plaisant, sa rigueur journalistique aussi.
Il ne se contente pas de brosser le champion dans le sens du poil, n'hésitant pas à aborder des sujets qui dérangent un peu comme ses divorces, sa rivalité avec Leconte, l'exagération de son aura de « super coach » qui irrita au PSG, ses problèmes à s'entourer dans le milieu de la musique ainsi que ses déclarations controversées, faciles et parfois maladroites concernant la drogue ou la politique.
Noah « grande gueule » peut ainsi être maladroit ou agacer...sa tendance à dominer et à avoir toujours le dessus peut aussi incommoder...
Un ouvrage respectable donc, même si aujourd'hui méritant d’être réactualisé !
Commentaires
Enregistrer un commentaire