End of the century : the story of the Ramones (Jim Field, Michael Gramaglia)
Le rock n’est jamais loin ici et tout particulièrement une bonne vieille rasade de punk rock des familles aussi est-ce avec délectation que j’ai visionné « End of the century : the story of the Ramones » de Jim Field et Michael Gramaglia.
Sorti en 2003, après donc la mort de Joey et Dee Dee Ramone, « End of the century : the story of the Ramones » retrace en près de deux heures l’essentiel de la carrière d’un des groupes pionniers les plus fascinants du XX ième siècle et devenu avec le temps et les hommages réellement culte.
Tout commence donc à la fin des années 60 à Forest Hills dans l’état du Queens, non loin de New-York.
Dans une ambiance étudiante hippie, Dee Dee et Johnny ne sentent pas à leur place, préférant le style agressif et violent des Stooges, le groupe pionnier d’Iggy Pop venu de Détroit.
Cette adoration rapprochent ceux considérés comme des marginaux par la norme en vigueur.
Époque oblige, les garçons boivent et fument beaucoup, Dee Dee ayant déjà des tendances très marqués pour les drogues dures, tandis que Johnny verse lui dans la petite délinquance.
Les rejoignent rapidement Tommy et Joey, eux aussi issus du même quartier.
Joey est un échalas de près de 2m, victime de troubles compulsifs.
Hyper introverti, inadapté au système scolaire, il est rapidement en situation d’échec et d’exclusion mais trouve sa voie dans la musique avec ses amis fascinés par la musique violente des Stooges.
Dee Dee et Johnny achètent leur premières basses et guitare et dépourvus de toute la technicité des groupes progressif des années 70, s’essayent à développer un style minimaliste mais extrêmement énergique.
Bien que initialement batteur, Joey se révèle pourtant excellent chanteur, écrivant des textes puissants et émouvants.
Tommy complète le quatuor, bien que ne sachant pas à la base jouer de la batterie.
Il est clairement que le dernier maillon de la chaine créatrice.
Le groupe se rapproche logiquement de New-York pour se produire dans de minuscules clubs et devient un habitué de CBGB, devenu par la suite mythique.
La concurrence est rude au milieu d’autres groupes aux dents longues comme Blondie, mais les Ramones ont clairement quelque chose en plus qui leur fait se démarquer rapidement.
Les images de l’époque sont impressionnantes, montrant toute l’intensité du groupe sur scène et la qualité des mélodies.
Les Ramones ne tardent pas se faire signer et sortent en 1976 leur premier disque, devant un célèbre mur de pierre.
Pourtant le succès aux États-Unis, ne vient pas, les radios boudant un groupe jugé infréquentable en raison de l’image négative des punks.
Assez paradoxalement ce sera au Royaume-Uni que le punk décollera notamment avec les Sex pistols et les Clash, qui apporteront une dimension de révolte sociale encore plus violente à laquelle les masses laborieuses britanniques ne pouvaient pas rester insensibles.
Bien que pionniers, les Ramones se trouvent à présent surclassés par les groupes anglais et encaissent le choc.
Ils continuent néanmoins à produire d’excellents disques comportant des morceaux devenus des classiques avec une identité visuelle forte comme le montre la vidéo de « Rock ‘n’ roll highschool » en 1979.
Blousons de cuirs, jeans serrés, nom de famille commun, les Ramones ont trouvé leur marque de fabrique.
Johnny apparait comme le leader de la formation, prompt à composer, diriger l’aspect contractuel et financier.
Autoritaire et rigide, il étouffe les autres membres notamment le fragile et timide Joey.
Le turbulent Dee Dee lui se débat en permanence face à son additions aux drogues et s’arrange généralement pour trouver des petites amies aux gouts similaires, ce qui provoque de violentes altercations se résolvant parfois au couteau.
En 1980 les Ramones croisent la route du producteur Phil Spector, réputé être un génie pour son travail avec les Beatles.
L’homme est en réalité un amateur d’armes mégalomane complètement cinglé, qui impose sa folie lors de l’enregistrement de « End of century » qui se voulant une version adoucie de la musique du groupe est un cuisant échec commercial.
Le contre coup est violent, Tommy quitte son poste de batteur pour devenir producteur, métier dans lequel sa fibre créatrice trouve son épanouissement.
Joey se révolte contre la dictature de Johnny, trouvant enfin la force de s’affirmer.
Entre les deux hommes aux tempéraments opposés, germe une querelle sans fin à propos d’une petite amie de Joey volée par Johnny.
Le chanteur, en réalité un romantique idéaliste plaçant sur un piédestal la notion d’amour, vouera une rancœur éternelle au guitariste.
Marky Ramone devient le second batteur du groupe mais au début des années 80, la vague punk s’est brisée, le disco survit encore faiblement et les Ramones connaissent une véritable traversée du désert.
Dee Dee quitte le groupe pour se lancer dans une aventure rap, dont les quelques extraits ici provoquent l’hilarité générale.
Il est remplacé par CJ Ramone sosie du bassiste qui malgré son énergie ne peut faire oublier l’influence créatrice du fêlé de Forrest Hills.
Richie Ramone jouera également brièvement à la place de Marky au poste de batteur.
Malgré la reconnaissance du mouvement Grunge, notamment de Nirvana et Pearl jam, les Ramones ne parviennent pas à remplir les salles, jouant souvent dans des petits clubs miteux avec une constance forçant le respect.
Le seul succès d’envergure est obtenu en Amérique du Sud, continent sur lequel les Ramones se produisent dans d’immenses stades, au Brésil et en Argentine, déclenchant souvent de véritables émeutes sur leur passage.
A la fin des années 90, épuisés et lassés, ils raccrochent après un dernier album « Adios amigos » et une dernière tournée.
Malheureusement la santé du fragile Joey décline et il meurt en 2001 emporté par un cancer.
Les membres du groupes lui rendront hommage en 2002 après avoir été intronisé au Rock ‘n’ roll hall of fame, même le bourru Johnny tenant à confier la tristesse de sa perte.
Malheureusement, le provocateur et excentrique Dee Dee décédera d’une overdose peu après la fin du reportage, rejoint par Johnny en 2004 et Tommy en 2014, ce qui achèvera de décimer le groupe de punk le plus excitant de tous les temps.
En conclusion, « End of the century : the story of the Ramones » est un documentaire passionnant pour tous les fans des Ramones.
Construit à partir d’images d’archives, d’interviews de proches (la mère et le frère de Joey Ramone) , des producteurs et des musiciens eux-mêmes, il retrace la carrière d’un groupe de pionnier inventant un nouveau son, du reste complètement incompris aux Etats Unis et en Europe, même si l’Angleterre s’en inspirera assez habilement.
Tournant sans arrêt par passion, délivrant des shows exceptionnels dans des clubs de troisième zone, sortant des classiques incroyables jusqu’au début des années 80, les Ramones furent un groupe fantastique, reconnu à mon sens bien trop tardivement malgré le soutien de pointures mondiales comme U2 ou Metallica.
On appréciera l’authenticité de la démarche, la sincérité des musiciens s’exprimant sur leurs problèmes relationnels et la puissance de la valeur du témoignage après aujourd’hui la disparition de tous les membres du groupe.
Indispensable donc comme mais plus que le souvenir, reste la musique, elle impérissable.
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