3 (Indochine)
Pendant environ une décennie s‘étalant du début des années 90 jusqu’à celui des années 2000, il n’a pas été facile d’avouer être fan du groupe Indochine, raillé et discrédité par les média avant un flamboyant come back digne de Rocky en 2002 pour devenir sans nul doute le plus grand groupe de rock français en terme de ventes de disque.
Pour ma part, je l’avoue sans honte, j’ai eu mes premiers émois musicaux d’enfant avec Indochine et tout particulièrement l’album « 3 » sorti en 1985.
A l’époque je me souviens très bien que en vacances chez mes grands parents dans le Jura, nous étions allé à la grande ville de Lons-le-Saulnier pour que ma Mère accède à ma demande et m’achète le premier 33 tours de ma vie que j'avais ramené comme un cadeau octroyé par dieu plein de mansuétude.
Durant tout l’été 1985 et bien d’autres encore, « 3 » tourna sans relâche sur le tourne disque de mes grands parents illuminant de fraiches matinées brumeuses que le soleil de montagne transperçait de sa chaleur bienfaisante.
Aussi même si mes gouts ont sensiblement évolué par la suite, j’ai toujours conservé un fort respect pour ce groupe qui procura tant de joie à l’enfant que j’étais à l'époque.
En 1985, Indochine en est déjà à son troisième album.
La pochette, superbe avec ses trois roses pourpres au fort pouvoir symbolique annonce « 3ième sexe » , titre intemporel, fantastique, qui mériterait à mon sens d’être aussi célébré que « L’aventurier » plus grand hit de la carrière du groupe.
Bien sur il y a cette boite à rythme qui fait office de batterie rigide et froide, ce son de clavier un peu daté aujourd’hui de Dominique Nicolas et de Stéphane Sirkis mais la fluidité géniale de ce « 3ième sexe » aux paroles osées prônant la tolérance envers la bisexualité et la voix si expressive de Nicolas Sirkis le rendent proprement irrésistible.
Puis vient « Canary bay » efficace machine à conquérir les charts, qui montre les principales caractéristiques d’Indochine : des ambiances soignées, la domination des claviers, la présence discrète mais précieuse des guitares mais également un coté un peu froid et répétitif surtout sur les refrains.
Le sujet, l’homosexualité féminine, est encore une fois provocateur.
Après « Monte Cristo » agréablement plus sauvage et appuyé, vient le majestueux « Salammbô » à l’envoutante ambiance orientale et sensuelle.
Vif, direct et rythmé, « Hors-la-loi » est une curiosité rafraichissante ou des voix d’enfants apparaissent sur les chœurs.
Indochine se fait plus délirant, intense et épique avec « A l’assaut (des ombres sur l’O) » toujours aussi irréprochable avec ses belles mélodies et ses refrains entrainants.
Arrive ensuite le troisième grand tube de l’album, le dévastateur « 3 nuits par semaine » dont les lignes de chant magiques et les refrains rengaines martelèrent pendant longtemps les hits parades de l’époque.
Même « Le train sauvage » pourtant bien mineur recèle un petit coté accrocheur qui le rend supportable.
L’album se termine en apothéose par « Tes yeux noirs » longue ballade triste et sensuelle devenue culte car illuminée par la présence de Serge Gainsbourg et Helena Noguerra dans le vidéo clip.
En conclusion, le cours du temps ayant transformé l’enfant du Jura en jeune adulte parisien d’aujourd’hui n’a pas réussi à altérer les sentiments que j’éprouve pour « 3 ».
Certes cet album sonne très années 80 et certains pourront trouver cela complètement dépassé tout comme le groupe de l’époque tourné en ridicule par les Inconnus.
La nostalgie n’est pourtant pour rien dans mon jugement, « 3 » est un album de new wave parfait, ou chaque morceau regorge de mélodies entrainantes faisant systématiquement mouche.
« 3 » est un bloc homogène ne contenant aucun raté et trois ou quatre locomotives au potentiel commerciale insurpassable.
Indochine conserve son coté littéraire, mystérieux, subtil, ambigu et un brin exotique avec quelques réminiscences orientales.
N’en déplaise donc aux jaloux et aux aigris, l’immense succès commercial de « 3 » est pour moi amplement justifié.
Aujourd’hui bien entendu, « 3 » n’est pas forcément l’album que j’écouterais en boucle chez moi (quoique au vue de sa qualité ....), mais je me dis que en 1985 il constituait pour un enfant découvrant la musique une initiation des plus respectables.
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