Tous milliardaires, le rêve français de la Silicon Valley (Denis Lacorne)
Paru en 2019, « Tous milliardaires, le rêve français de la Silicon Valley » est un ouvrage du chercheur politologue Denis Lacorne.
Lacorne rappelle tout d'abord les mécanismes intrinsèques de la réussite de la Silicon Valley, ce territoire californien autour de San Francisco ou se concentrent aujourd'hui les principales sociétés du numérique.
La proximité avec les grandes universités de sciences américaines, Stanford et Berkeley, constitue tout d'abord un atout de choix pour puiser dans un vivier de brillants étudiants, mais plus que cela c'est la mentalité américaine qui s'avère être la clé.
Dès le début de leurs études, les jeunes sont poussés à entreprendre et à intégrer d'autres savoir fairs moins théoriques mais sans doute plus décisifs comme constituer un « business plan » ou l'art du « pitch », ce discours résumé et vendeur susceptible d'attirer des investisseurs.
Puis viennent les « business angels » ces sociétés privées généralement fondées par d'anciens auto-entrepreneurs, disposées à miser gros et vite sur des start-ups à fort potentiel.
Et même si dans deux cas sur trois, l'aventure se solde par un échec, ceci n'est pas considéré comme pénalisant.
C'est alors qu'intervient la comparaison avec la France, qui dès De Gaulle et Mitterand se montrèrent fascinés par le succès de la Silicon Valley.
Sarkozy, Hollande et finalement Macron décidèrent de copier ce modèle de réussite et donnèrent naissance à divers dispositifs, « French tech » dans le but de créer une « startup nation ».
Mais malgré les effets d'annonce et une présence renforcée au CES de Las Vegas, les résultats ne sont jamais vraiment venus mis à part quelques exceptions.
En cause, l'aversion profonde de la société française au risque, les banques traditionnelles refusant de financer des start-ups et BPI se montrant utile pour démarrer mais pas pour franchir les autres étapes critiques de la croissance.
Avec son financement disparate, voulant arroser tout le territoire, l'Etat français aboutit à l'effet inverse et ne crée pas de super pole ultra concentré comme peut l’être la Silicon Valley.
Alors les sociétés voulant réussir se tourner vers l'étranger et doivent finalement s'exiler aux États-Unis pour tenter de se faire une place au soleil.
En conclusion, « Tous milliardaires, le rêve français de la Silicon Valley » décrit les mécanismes de la réussite à l’Américaine, et démontre leur particularité, qui rend de fait incompatible l'importation de ce modèle en France.
Notre pays trop conservateur, habitué à avoir un état dirigeant tout et nourrissant des grandes entreprises, n'a pas la culture du libre entreprenariat, de la débrouille, de la prise de risque et de la performance (financière) pour réussir dans le monde de la « tech ».
Si le projet de la Station F de Xavier Niels obtient quelques grâces de l'auteur, aucun autre processus français ne semble en mesure de conduire à l’éclosion de nouvelles « pépites » et la France demeure loin derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne en terme d'investissements étrangers de haute technologie.
La conclusion est donc sans appel, pour réussir, l'exil et de préférence aux USA !
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