Je suis toujours là (Walter Salles)
Sorti en 2024, « Je suis toujours là » de Walter Salles est LA sensation du cinéma brésilien de l'année, avec des récompenses obtenues à l'international.
Adapté d'un roman de Marcelo Rubens Paiva, « Je suis toujours là » raconte la montée insidieuse, froide et implacable de la dictature au Brésil dans les années 60, puis 70.
Pourtant la famille Paiva vit avec une certaine insouciance aux abords de Copacabana, le quotidien étant rythmé par les parties de foot, de volley des enfants, alors que Rubens (Selton Mello), le père ex député du parti travailliste travaillant dans un cabinet d'ingénierie de la Rio.
Mais un jour des hommes font irruption dans la maison et embarquent Rubens pour un « interrogatoire de routine » tout en mettant sous garde la famille.
Malgré son angoisse, Eunice (Fernanda Torres) fait face à la situation de ses trois hommes armés à la présence menaçante.
Son insistance pour retrouver son mari lui vaut d’être elle aussi emmenée ainsi que sa fille ainée Vera (Valentina Herzage).
Elle découvre alors un monde sous-terrain angoissant dans une caserne ou l'on torture abondamment pour obtenir des aveux.
Ses gardiens lui annoncent que Rubens a été arrêté pour ses activités conspirationnistes communistes, mais après quelques jours d'humiliation et de peur, les deux femmes sont libérées.
De retour à la maison, Eunice mène son enquête en recontactant les amis de Rubens qui confirment son rôle dans un réseau...
Mais malgré l'aide de l'avocat, les demandes auprès de l'administration n'aboutissent à rien et à cours d'argent, Eunice doit se passer de la femme de ménage Nalu (Barbara Luz), ainsi que vendre la maison pour retourner vivre à São Paulo.
Elle contacte également la presse internationale pour ameuter la communauté internationale sur les horreurs de la dictature.
On fait ensuite un saut dans le temps pour retrouver Eunice vieillie de 20 ans, devenue une universitaire engagée dans la défense des droits civiques des minorités indienne, alors que ses enfants sont devenus parents à leur tour, seul Marcelo (Antonio Saboia) devenu paraplégique après un accident étant devenu un écrivain à succès après avoir raconté l'histoire de son père.
Eunice à la satisfaction de retrouver l'acte de décès de Rubens, ce qui officialise le fait qu'il ait trouvé la mort dans la caserne.
Puis, on retrouve Eunice dans les années 90, vieille femme rongée par la maladie d'Alzheimer qui apprend via la constitution d'une commission spéciale la reconnaissance par l'état brésilien de la torture et de son mari parmi les victimes.
En conclusion, « Je suis toujours là » est un film référence qui montre l'histoire poignante d'une famille frappée par la machine à broyer de la dictature.
La reconstitution du Rio des années 70 est précise, les acteurs épatants, avec au dessus de la mêlée Mello et Torres, le premier en père de famille trop sur de lui, la seconde en femme courage, faisant fi de toutes les épreuves pour se reconstituer et faire de sa vie un combat pour la justice.
Pour son atmosphère unique, la qualité de sa réalisation, son engagement politique et sa dimension historique, « Je suis toujours là » mérite donc sa place au firmament des meilleurs films de l'année 2024.
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