Les états prédateurs (François-Xavier Carayon)
Paru en 2024, « Les états prédateurs » est un ouvrage du spécialiste en stratégie/économie/politique François-Xavier Carayon.
Dans cet ouvrage plutot massif, Carayon explique les mécanismes des fonds souverains étrangers pour exercer une influence grandissante dans le monde.
Profitant des grands courants de pensées ultra-libéraux en vogue au début du XXIieme siècle en Europe de l'Ouest, certains états ont déployé une stratégie de conquête mondiale.
Le leader incontesté de ces pratiques est la Chine, qui cible des PME évoluant dans des secteurs de pointes (aéronautique, énergie, pharmacie, transport, robotique, semi-conducteurs, agriculture) pour entrer au capital, proposer des Joint Ventures/partenariats avec transferts de technologies en échange de promesses d'ouverture au juteux marché chinois, pour mieux aspirer les savoir-faire ?
D'autres stratégies consistent à prendre des sièges au conseil d'administration afin de bénéficier d'informations stratégiques ainsi que d'un pouvoir d'influence.
Enfin, la dernière consiste à procéder à l'intimidation de salaries et au vol pur et simple d'informations sensibles en prétextant un audit avec la complicité du pouvoir judiciaire local.
Pour masquer ses mouvements, l'Etat chinois utilise de multiples sociétés écrans et le système des comptes off-shore destinés à camoufler la provenance des fonds.
Mais la Chine n'est pas la seule, d'autres pays comme les États-Unis, la Russie, les Emirats Arabes-Unis, le Qatar, l'Arabie Saoudite, Singapour ou même la Turquie leur emboitent le pas tout en pratiquant un protectionnisme féroce sur leur sol.
Eux-aussi victime de prédation en raison de leur goût prononcé pour les investissements irriguant leur économie, les États-Unis ont fini par crée le CFIUS, une structure doté de puissant pouvoirs de blocage lorsque la manœuvre émanant d'un fond étranger est susceptible de nuire à leur économie, la décision pouvant remonter jusqu'au président en cas de nécessité.
En face, l'Europe paraît démunie et souvent consentante à se faire dérober ses « pépites » nationales comme le montrent le rachat du roboticien Kuka, du constructeur Daimler en Allemagne de la branche turbine d'Alstom ou du PSG en France...
Les règlements internationaux comme ceux du FMI ou de l'UE ne sont pas assez contraignants et les textes de lois en France trop centrés sur la défense et pas assez sur la préservation des intérêts économiques nationaux.
En conclusion, sans réelle surprise, « Les états prédateurs » permet de prendre conscience des puissants mécanismes financiers souvent souterrains et masqués des duels géopolitiques que se livrent les grandes et moyennes puissances internationales.
Dans ce monde faits de rapports de force, de coups bas et de prédations, l'Europe paraît comme souvent démunie, naïve et faible, des états moins scrupuleux profitant de ses failles pour mettre la main sur des technologies et des ressources d'avenir.
C'est là toute la duperie de la mondialisation et de l'ultra-libéralisation voulue par les États-Unis et la Chine, qui n'appliquent les règles qu'aux autres, sur-protègent leurs économies nationales et pèsent de tout leur poids pour accroitre leur puissance économique à l'étranger.
Les exemples de prédation de fleurons européens livrés à l'étranger sont innombrables, les dirigeants et même politiciens accueillant souvent avec bienveillance ses IDE, sans se rendre compte qu'ils signent à terme l'hypothèque de leur propre futur.
Et si la meilleure preuve du déclassement européen tenait dans l'absence de vision stratégique de ses dirigeants ?
L'ouvrage de Carayon passe et c'est bien dommage, le nombre ahurissant d'anciens politiciens de premier plan en contact avec des groupes privés chinois ou russes, comme autant de portes ouverte vers un réseau de corruption favorisant leur prise d’intérêt sur notre territoire !
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