Neufs nuits (Bernardo Carvalho)

 



Écrivain et journaliste brésilien réputé, Bernardo Carvalho sort en 2002 son septième roman « Neufs nuits ».

Roman étrange, « Neuf nuits » raconte l’enquête de l'auteur pour comprendre, plus de soixante ans après pourquoi Buell Quain, un jeune anthropologue américain de vingt-sept ans s'est suicidé chez les Indiens Kraho établis en Amazonie.

Carvalho remonte donc le temps pour retracer le parcours de ce jeune homme, fils de bonne famille du Wyoming, étrangement complexé par ses origines bourgeoises et désireux très tôt mener une vie d'aventures en voyageant jusqu'aux iles Fidji d’où il revient avec une curieuse attirance quasi homosexuelle pour les hommes noirs bien bâtis.

Entré à la prestigieuse université de Colombia, Quain choisit comme sujet d'études suivant les Indiens d'Amazonie.

Après avoir pris contact avec sa responsable à l'Université de Rio de Janeiro, il s'enfonce dans la jungle amazonienne pour étudier les indiens Kraho, issues d'une tribu reculée et menacée aussi bien par l'homme blanc que par les autres tribus belliqueuses.

Au travers des témoignages et des écrits recueillis, Carvalho met en évidence le mal-être du jeune homme, solitaire et marginal au sein d'une société indienne qui le désoriente et pire accentue son stress.

Mais rapidement tout semble tourner autour de lettres reçues qui auraient été l'élément déclencheur d'un terrible passage à l'acte avec mutilations et pendaison.

Avec une persévérance inouïe, Carvalho explore les zones d'ombres de Quain, avant que la chance ne finisse par lui sourire pour qu'une explication d'ordre familial venue d'un fils vivant aux États-Unis ne se dessine.

En conclusion, « Neuf nuits » est un hommage appuyé aux « Cœur des ténèbres » de Joseph Conrad à la différence près qu'il m'a été difficile d'entrer en empathie avec le personnage principal, un américain fils de bonne famille, complexé, dissimulateur et volontiers méprisant avec les cultures indiennes qu'il était censés défendre ou tout du moins valoriser.

Avec pareil ressenti, difficile donc d'éprouver du plaisir à la lecture d'un roman à la construction du reste atypique dans lequel les anecdotes personnelles de l'auteur se mêlent à cette quête quasi obsessionnelle à cheval entre le Brésil et les États-Unis...

Mais même sans plaisir, on saluera la démarche ambitieuse et l'originalité de la construction.

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