Casa grande (Fellipe Barbosa)

 


Assez peu représenté en France, le cinéma brésilien s’exporte en 2015 avec « Casa grande » de Fellipe Barbosa.

« Casa grande » se déroule dans la banlieue chic de Rio de Janeiro, dans laquelle vit Hugo (Marcello Novaes) et toute sa famille, sa femme Rita (Clarissa Pinheiro), son fils Jean (Thales Cavalcanti) et sa fille Nathalie (Alice Melo).

La famille semble vivre dans l’aisance avec une magnifique maison, des employés dévoués comme Sonia (Suzana Pires) femme de ménage à domicile, Severino (Gentil Cordeiro) le chauffeur et l’autre femme de ménage Noemia (Marília Coelho).

Agé de 17 ans, Jean va dans une des meilleurs écoles de la ville ou il prépare avec ses camarades les concours pour entrer dans les meilleurs universités.

Comme tous les adolescents, la sexualité est au cœur de ses préoccupations et il se heurte souvent à l’autorité de son père Hugo qui le chaperonne assez étroitement notamment dans ses soirées.

La très libérée Sonia fait souvent office de confidente pour le jeune homme qu’il va rejoindre la nuit tombée dans sa chambre, bien qu’elle refuse obstinément d’avoir toute relation sexuelle avec lui.

Pourtant derrière la façade de la famille parfaite ou on apprend à parler un français parfait, se cache des difficultés croissantes qui ne vont pas tarder à tout fissurer.

Autrefois conseiller financier, Hugo s’est retrouvé au chômage après avoir fait perdre d’énormes sommes d’argent à ses clients.

Endetté et au chômage, son train de vie se réduit peu à peu et l’argent commence à manquer.

La première mesure est le licenciement de Severino et un mensonge fait à Jean, qui était très proche de ce père de substitution.

Sans chauffeur, Jean prend le bus comme la plupart de ses copains et y fait la connaissance de Luiza (Bruna Amaya) une jolie métisse afro-asiatique, qui descend à un arrêt de la favela de Rocinha.

Jean ment pour aller avec elle à un bal de foro et le contact passe plutôt bien entre les deux adolescents.

Pris à la gorge par Wilton (Sandro Rocha), un riche agent immobilier à qui il doit 200 000 reals, Hugo tombe d’un arbre pour éviter un de ses multiples coups de fil de relance.

Ces difficultés financières se ressentent également au niveau de Jean, qui ne peut rembourser l’argent que lui a avancé un camarade dans une fête et qui se trouve également soumis à des relances de plus en plus insistantes.

Rita est elle aussi de plus en plus inquiète et cherche à trouver un petit boulot de représentante en produit de maquillage pour apporter un peu d’oxygène au ménage.

Lorsque Jean présente Luisa à sa famille dans un grand repas dans lequel est convié Wilson, c’est l’explosion autour d’une question politique : l’adoption d’importants quota raciaux (40%) dans les concours pour les universités, ce qui semble juste pour la jeune fille afin de réparer une dette historique provenant de l’esclavage et qui révolte Hugo, qui pense lui que chaque homme doit s’en sortir seul quel que soit sa couleur de peau.

L’échange est vif et contrarie la jeune femme qui accepte finalement l’apaisement de Jean.

Tandis que Wilson commence à négocier avec Hugo la vente de la maison pour rembourser sa dette, Jean excédé par son père fugue avec Luisa et se rend dans un love hôtel, pour faire l’amour avec elle pour la première fois.

Tout se passe correctement jusqu’à ce que Jean doute des affirmations de virginité de sa petite amie…

Au retour, Jean qui n’a pas un sous pour payer l’hôtel, voit Severino reconverti comme chauffeur de bus des favelas et comprend brutalement que son père a menti.

L’explication entre Hugo et Jean est brutale et tourne à l’affrontement physique avant que Rita ne s’interpose.

Mais elle-même a fort à partir entre la découverte de photos impudiques de Sonia réalisées dans la maison ce qui conduit à un licenciement douloureux et la démission de Noemia, qui n’avait pas été payée depuis trois mois.

En plein milieu d’examens décisifs pour son avenir, Jean qui a compris que Luiza l’avait manipulé puisqu’elle sortait également avec un de ses copains, quitte la salle et prend un bus sans payer pour se rendre à Rocinha.

Il cherche alors Severino et finit par le trouver, vivant dans la même baraque de bric et de broc que Noemia.

Les retrouvailles sont émouvantes, Severino réconfortant Jean qui fond en larmes dans ses bras.

Malgré l’inquiétude croissante de ses parents, qui sans nouvelles de Jean, paniquent après un coup de fil anonyme demandant une rançon pour le libérer, Jean reste dans la favela, retrouvant Sonia, dansant le foro et couchant finalement avec elle.

Le film s’arrête sur Jean se réveillant pour fumer un matin dans la chambre dans laquelle dort Sonia, nue.

En conclusion, « Casa grande » est un excellent film d’auteur bénéficiant d’une faible exposition médiatique.

S’appuyant sur d’excellents acteurs, Barbosa montre à merveille les difficultés de l’adolescence avec des relations familiales complexes, la pression sociale de réussir dans ses études et dans sa vie sexuelle mais également tout le spectre des classes sociales de Rio, entre bourgeoisie huppée et domestiques des favelas.

Je ne peux donc que recommander « Casa grande » pour apprécier un film intelligent, subtil évitant les clichés lourdingues sur le Brésil et sur Rio de Janeiro en particulier qui ne sert ici que de belle toile de fond à l’histoire habilement maitrisée.

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