The place beyond the pines (Derek Cianfrance)

 


J’ai du me forcer à visionner « The place beyond the pines » de Derek Cianfrance tant ce film sorti en 2013 me rappelait en apparence beaucoup l’excellent « Drive » de Nicolas Winding Refn césarisé l'année précédente.

Dans la petite ville de Schenectady (New York), on retrouve certes un cascadeur moto tatoué et paumé, Luke Glanton (Ryan Gosling en blond platine et tee shirt Metallica old school) qui la veille de quitter la ville, rend visite à une ex liaison, Romina (Eva Mendes).

Le contact est bref, la jeune femme repoussant rapidement cet ex amant par nature instable mais lorsque Glanton comprend par sa mère que Romina a eu un enfant de lui, son attitude change du tout au tout.

Le cascadeur marginal plaque brutalement son boulot dans une fête foraine et décide de rester pour assumer son rôle de père.

Cette décision tardive n’enchante pas Romina qui a refait sa vie chez Kofi (Mahershala Ali), un jeune noir plus responsable que Glanton.

Mais le motard s’accroche, trouvant refuge chez un garagiste véreux du coin, Robin Van Der Zee (Ben Mendelsohn) qui l’héberge dans sa caravane contre de menus travaux de mécanique.

Rapidement à court d’argent, Glanton cède à la proposition de Robin d’effectuer quelques braquages.

L’homme à un passé de petit truand et un certain savoir faire.

En utilisant les dons de motard de Glanton, le duo fonctionne bien, réalisant quelques coups faciles et se retirant rapidement pour ne pas se faire piéger par les policiers.

Pourtant le tempérament explosif de Glanton le trahit lorsqu’après une altercation avec Kofi au sujet du bébé, il le frappe sauvagement à coup de marteau.

Incarcéré, Glanton est finalement sorti d’affaire par Robin qui paye sa caution mais horrifié par avoir affaire à nouveau à la justice, le garagiste préfère se retirer des braquages, ce qui n’est pas du coup de son associé.

Après avoir constaté que sa moto avait été brulée, Glanton réagit en menaçant de mort Robin et une fois récupéré une autre moto d’occasion, continue seul les braquages.

Bien entendu, les choses marchent moins bien et il est coursé par un officier de police, Avery Cross (Bradley Cooper), qui finit par le rattraper dans une maison ou il a trouvé refuge et le tue après un court échange de tir.

Blessé à la jambe, Cross devient un héros local et fait la fierté de son père, Al (Harris Yulin) juge respecté.

Mais tout en faisant sa rééducation, Avery devient peu à peu rongé par le remord, entretenu par les doutes de sa propre femme Jennifer (Rose Bryne).

Son malaise s’accroit lorsque ses propres coéquipiers menés par Pete Deluca (Ray Liotta) l’emmène pour une virée chez Romina pour récupérer l’argent d’un braquage de Glanton offert à titre de compensation après l’agression de Kofi.

Les policiers trouvent l’argent en fouillant la maison et volent le couple, le remettant à Cross en guise de compensation financière à son exploit.

Mal à l’aise, Cross accepte tout d’abord l’argent puis finit par se révolter lorsque ses coéquipiers lui demandent ensuite de faire tomber une prostituée en plaçant de la drogue chez elle.

Prenant son courage à deux mains, il informe sa hiérarchie, le chef Weirbowsky (Robert Clohessy) qui refuse de l’appuyer, couvrant ainsi les agissements crapuleux de ses collègues.

Barré sur le plan professionnel, soumis à la pression de ses coéquipiers, Cross prend une décision radicale et informe le procureur fédéral Bill Killcullen (Bruce Greenwood) qui prend l’affaire en main et accepte de mauvaise grâce de lui accorder une place de substitut.

Les flics véreux tombent alors entre les mailles de la justice fédérale et l’ambitieux Cross peut ainsi changer de statut.

15 années s’écoulent et Cross qui vient d’enterrer son père, brigue alors le poste de procureur fédéral.

Séparé de Jennifer, il apprend que son fils AJ (Emory Cohen) a émis le désir de venir vivre avec lui.

Il accueille du mieux qu’il peut un adolescent rebelle flirtant ouvertement avec la petite délinquance.

Au collège AJ approche sournoisement Jason (Daniel Dehaan), le propre fils de Glanton, forcément solitaire et perturbé.

Ensemble les deux gamins fument mais se font coincer par les policiers avec des stupéfiants sur eux.

Avery intervient, faisant jouer sa position pour tirer son fils d’affaires, non sans lui avoir administré une sévère leçon.

Jason revient finalement chez lui également sans être inquiété mais rongé par le doute insinué par AJ, questionne ses parents Romina et Kofi sur la mort mystérieuse de son père.

Devant le mutisme de ses parents, il retrouve la trace de Van Der Zee qui l’informe sur le passé de braqueur de son père et lui montre une photo de Cross, alors encore policier tout en essayant de le dissuader de toute volonté de vengeance.

De retour au collège, Jason retombe sous l’influence vénéneuse de AJ qui le force à voler des médicaments chez un pharmacien pour approvisionner une soirée qu’il organise dans la maison de son père.

Lorsque Jason réalise que Avery Cross et le flic tueur de son père, il devient fou et provoque une altercation avec AJ qui le tabasse férocement.

Il se procure alors une arme, se rend chez les Cross, braque AJ puis Avery qui rentrait chez lui.

Le futur procureur est conduit dans une foret pour être abattu mais après avoir exprimé des remords et une photo de Glanton avec sa femme et son fils, fini par émouvoir Jason qui l’épargne.

On retrouvera finalement AJ ensanglanté mais vivant dans la maison.

Les choses tournent finalement bien pour Avery qui devenu procureur, peut finalement laver son âme du remord d’un meurtre et d’une famille brisée.

En conclusion, « The place beyond the pines » est un film unique, fascinant, qui vous happe dès les premières minutes pour ne plus vous lâcher.

Scénario complexe, à tiroirs, évolutifs, le film place tout d’abord le couple Ryan Gosling-Eva Mendes en première position, avec un rôle de rebelle marginal en or pour le premier avant de s’orienter sur Bradley Cooper vers un policier intègre et ambitieux, rêvant pour marcher sur les traces de son père de réussite sociale pour finalement arriver sur leur descendance, forcément sur traumatisée par le passé trouble unissant le braqueur flingué par un policier rongé par le remord.

On se régale donc de ce chef d’œuvre sombre de Cianfrance qui aurait à mon sens mérité quelques récompenses sur le plan international.

Dommage donc… mais je ne peux qu’inviter à la découverte de ce bijou noir !

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