Hitchcock (Sacha Gervasi)

 


Déjà remarqué par le très touchant et original « Anvil : the story of Anvil » en 2008, Sacha Gervasi refait parler de lui en 2012 avec « Hitchcock » consacré au (plus) grand réalisateur britannique.

L’histoire est simple : ayant obtenu un énorme succès commercial après « La mort aux trousses », Alfred Hitchcock (Anthony Hopkins alourdi et méconnaissable) souhaite en 1959 se remettre en question et explorer de nouvelles voies plus tortueuses.

Il a alors comme idée d’adapter un roman de Robert Block « Psycho » traitant d’un sujet particulièrement scabreux les meurtres de femmes perpétrés par un tueur en série schizophrène obsédé par la personnalité de sa mère décédée jusqu’au point de se travestir pour commettre ses crimes.

Compte tenu de l’horreur du sujet inspiré de surcroit de la vie d’Ed Gein (Michael Wincott), la Paramount représenté par Barney Balaban (Richard Portnow) se montre ultra frileuse et craignant la redoutable censure américaine refuse de financer le film.

Convaincu de tenir un sujet fascinant, Hitchcock s’obstine, mettant à contribution son agent Lew Wassermann (Michael Stuhlbarg), sa secrétaire Peggy Robertson (Toni Colllette) et sa femme Alma Reville (Helen Mirren) qui est également sa plus proche collaboratrice mais essuyant refus sur refus, doit se rendre à l’évidence : il va être obligé de financer le film lui-même.

Sa femme accepte le sacrifice d’une réduction de leur train de vie, il est vrai assez fastueux voir de la vente de leur splendide maison californienne mais entretient également une curieuse relation avec Whitfield Cook (Danny Huston), un scénariste de second plan qu’elle soutient et rencontre périodiquement.

Tout en travaillant sur le scénario de son film et en envisageant plusieurs actrices, Hitchcock développe une violente jalousie à l’égard de Cook.

Il est vrai qu’Alma s’absente plusieurs après midi pour déjeuner ou passer des après midi entière dans une villa au bord de la mer ou ils mettent au point ensemble le nouveau scénario de Cook.

Sous les conseils de sa femme, Hitchcock choisit héroïne, Janet Leigh (Scarlett Johansson) dans la lignée de ses femmes fatales blondes qui l’obsèdent et relègue la pourtant formidable mais trop modeste Vera Miles (Jessica Biel) en second plan.

L’acteur masculin sera Anthony Perkins (James d’Arcy) en raison de son physique torturé un tantinet efféminé.

Tenaillé par la peur de la faillite et animé par un farouche désir de revanche, Hitchcock donne tout de lui-même dans ce film, transposant sa colère vis-à-vis d’Alma dans les scènes les plus violentes du film.

Il a maille à partir avec la censure représentée par Geoffrey Shurlock (Kurtwood Smith), qui s’offusque des plans dénudés dans la fameuse scène de la douche.

Le résultat est détonnant, torturé et impressionnant.

Alma le remplace lorsque malade, il prend du retard sur le planning et finit par s’expliquer clairement sur sa relation avec Cook devant les remarques insistantes de son mari.

La mise au point est musclée et rassure Hitchcock sur la fidélité et l’implication de sa femme à ses cotés.

Bénéficiant d‘une propagande adroite, « Psychose » sort ensuite en 1959 et a un terrible impact sur le public, apportant un succès artistique et commercial sans précédent dans la carrière déjà fournie du réalisateur qui gagne son pari audacieux au nez et à la barbe de la censure et des studios trop conservateurs.

En conclusion, « Hitchcock » est film sympathique très bien interprété sur la genèse de la plus grande œuvre cinématographique qui ait pu voir le jour.

On y comprend les risques pris par le maitre du suspens, son refus du conformisme ou de la facilité comme retourner un ersatz de « La mort aux trousses » pour aller fouiller dans les cotés les plus dérangeants et troubles du psychisme humain.

« Hitchcock » prouve que l’audace paie et qu’on doit donc comme Alfred Hitchcock a su éviter la facilité pour suivre son instinct pour réaliser sa plus grande œuvre.

Un film donc solide et agréable pour les fans d’Hitchcock et de « Psychose » mais dont le classicisme ennuiera peut être les autres !

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