Histoire du comic book, tome 1, des origines à 1954 (Jean-Paul Jennequin)
Avec « Histoire du comic book, tome 1, des origines à 1954 » de Jean-Paul Jennequin, nous sommes ici toujours dans le registre du comic book mais à un stade de réflexion plus avancé avec une approche journalistique destinée à remonter aux sources les plus anciennes de cet art réputé mineur qui demeure pourtant toujours très vivace et populaire en 2013.
Paru en 2002, « Histoire du comic book, tome 1, des origines à 1954 » nous emmène jusqu’à la fin du XIX ième siècle avec les premiers magazines illustrés plutôt humoristiques du suisse Rodolphe Töpffer avant de découvrir une version américaine appelée Pulps du début du XXième siècle qui feront naitre des personnages aussi légendaire que Zorro ou Tarzan.
Puis des Pulps naitront logiquement les premières maisons d’éditions, Timely et National qui deviendront par la suite les deux plus grosses écuries mondiales DC et Marvel.
Dès le début, le genre se distingue par son extrême diversité, le policier avec Dick Tracy (1931) ou le Phantom (1936), la magie avec Mandrake (1934) ou bien la science fiction avec Flash Gordon (1934).
Mais le tournant crucial a lieu en 1938 avec la naissance de Superman édité par Action comics une filiale de DC.
Superman se distingue des autres héros par ses pouvoirs de surhomme équivalents à celui d’un demi dieu, par son origine purement extra terrestre mais également par un alter égo humain journaliste gauche, timide et froussard qui le rend attachant.
Son succès est immédiat et fait de lui la locomotive des ventes de DC.
Il ne tarde pas à être rejoint en 1939 par Batman chez Detective Comics autre filiale de DC.
Batman compense lui son absence de pouvoirs par l’usage d’une multiplicité de gadgets technologiques et par des aventures généralement plus sombres.
Le succès de Batman et Superman entraine une succession de nouveaux super héros dont les plus connus sont Flash et sa supervitesse, les magiciens surnaturels Green lantern, Spectre, Doctor Fate ou les plus communs Green arrow, Hawkman et Plastic man.
Cet âge d’or va durer jusqu’à la fin des années 40.
Coté concurrence, cette effervescence va aboutir à la création chez Whiz comics d’un clone de Superman appelé Captain marvel, dont le succès traversa les années mais également de la Torche humaine ou de Submariner chez Timely.
Le puissant monarque atlante Submariner s’affirmera par la suite comme un personnage clé de l’univers Marvel, avec une personnalité complexe le situant suivant les circonstances entre le super héros et le super criminel.
Dans cette guerre acharnée, DC conservera toujours plusieurs longueurs d’avance avec son duo magique Superman-Batman, suivi de prêt par Wonder woman, première véritable super héroïne à remporter un franc succès.
L’arrivée de la Seconde guerre mondiale va bien entendu bouleverser la donne et donner naissance à des super héros américains plus patriotiques dont le plus célèbre d’entre eux est Captain américa crée par Marvel en 1941.
Derrière l’emblème de Captain américa modèle du soldat amélioré par la science jusqu‘aux limites du corps humain, seront créés d’autres personnages plus modestes : pilote d’avions ou commandos sensés soutenir l’effort de guerre des Etats Unis contre leurs adversaires.
Après la guerre, le business des super héros connait un déclin et les histoires stagnent malgré quelques relances basées sur l’érotisme et des histoires d’amour à l’eau de rose.
Le western vient alors dans les années 50 prêter main forte aux auteurs en panne d’inspiration qui viennent puiser dans les légendes du Far-west pour redonner un second souffle aux comics.
D’autres pistes comme la Science fiction ou l’Horreur sont exploités avec des succès somme toute divers.
La Guerre froide qui se profile alors vient prolonger les histoires de héros patriotiques combattant les ennemis communistes russes ou asiatiques.
L’ouvrage se termine en 1954, lorsque sous la pression de psychiatres renommés comme Frederic Wertham et d’hommes politiques réactionnaires comme le sénateur Estes Kefauver désireux de rééduquer les dérives d’une jeunesse alors estimée en perdition, le congrès américain est saisi pour légiférer afin d’organiser une répression anti-comics, réputés avoir une influence négative sur la société.
Sous la pression des politiques, les éditeurs de comics sont obligés de s’auto-réglementer et publient alors un code déontologique bannissant injure, violence gratuite, sexe et toute remise en cause des bonnes mœurs de l’époque.
En conclusion, « Histoire du comic book, tome 1, des origines à 1954 » est un ouvrage très fouillé qui remonte très loin et même peut être trop à mon gout aux origines des comics books.
La filiation est parfois peu évidente en effet entre les super héros et les comics de divertissement racontant des histoires de gamins facétieux, d’animaux Walt Disney, de couples enamourés, de batailles militaires, de cow boys ou même de créatures horrifiques.
Heureusement après quelques efforts, le lecteur attentif et déterminé parvient à extraire de l’ouvrage les informations qui l’intéressent avec l’émergence indiscutable de DC comics, alors inventrice des super héros les plus populaires de l’époque et qui sont plus de 70 ans après toujours d’actualité.
Marvel, qui a toujours eu ma préférence sur sa rivale de toujours, n’apparait ici que balbutiante et reléguée à une place de second ordre compte tenu de l’écrasante supériorité de DC.
On sera intéressé également par l’usage du super héros à des fins de propagande à partir de la Seconde guerre mondiale jusqu’à la fin des années 60 ainsi que par les attaques de certains politiques opportunistes relayant des psychiatre zélés lancés dans le même type de chasse aux sorcières que celles des mangas japonais ou des jeux vidéos qui surviendront pour les générations suivantes.
Un ouvrage intéressant donc d’un point de vue historique mais qui laisse un peu sur sa faim par rapport au développement du duel DC-Marvel qui sera pour moi le tournant de cette industrie.
Un sujet passionnant donc et encore à défricher.
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