Maitresse (Barbet Schroeder)

 

Exploration d’un réalisateur franco-suise reconnu mais controversé pour ses films dérangeants, Barbet Schroeder avec « Maitresse ».

Sorti en 1975, « Maitresse » traite d’un thème vieux comme le marquis de Sade (voir l’humanité !) le sadomasochisme, tendance qui avec le succès de « Fifty shades of grey » semble se démocratiser.

Olivier (Gérard Depardieu) débarque à Paris pour avec son ami Mario (André Rouyer) faire de la vente de livres en porte à porte.

En réalité, les deux vendeurs amateurs sont à l’affut de coups tordus et décident de cambrioler un appartement après avoir secouru une jeune femme Ariane (Bulle Ogier) d’un dégât des eaux.

Une fois dans l’appartement, les deux apprentis cambrioleurs tombent sur un étonnant attirail sado-maso et sont pris sur le fait par Ariane qui peut descendre à loisir depuis son logement au moyen d’un escalier rétractile télécommandé.

Tenus en respect par un doberman agressif, les deux hommes sont ligotés.

Olivier est cependant sélectionné par Ariane pour participer à une étrange séance ou revêtue d’une combinaison de cuir moulante, elle maltraite un homme déguisé en femme avec perruque et mini jupe-bustier en cuir.

Olivier est forcé d’uriner sur le malheureux qui y prend visiblement un intense plaisir et se fait de surcroit grassement rémunérer.

Choqué mais attiré par cette expérience, Olivier éconduit son acolyte et invite Ariane à diner.

La maitresse accepte et de retour dans son appartement fait l’amour avec ce jeune voyou viril et rustre.

Le lendemain, le couple part à la campagne en décapotable et Olivier découvre dans une château les activités déviantes de sa compagne qui humilie le propriétaire, un homme d’âge mur déguisé en valet appelé Emile (Tony Taffin) et fouette abondamment une jeune femme complaisamment livrée par son mari.

Inquiet mais excité, Olivier entre dans le jeu pervers et fesses la femme au fessier déjà rougi.

Il déjeune ensuite avec le châtelain dans une ambiance redevenue normale.

La passion amoureuse semble s’installer avec Ariane qui l’installe dans son appartement.

Olivier découvre qu’Ariane gagne sa vie en recevant des hommes et plus rarement des femmes, qu’elle domine et humilie dans l’appartement du dessous transformé en donjon. Les séance varient suivant les gouts des clients mais recèlent une importante part de mise en scène/scénario.

Les hommes sont grossièrement travestis en prostituées, harnachés, ligotés ou même mis en cage et alimentés par de la pâtée pour chien (!).

Les sévices corporels sont courants, cravache, pinces, chevalet de torture ou aiguilles/clous enfichés dans des parties sensibles du corps (prépuce ou tétons).

Olivier semble accepter le mode de vie d’Ariane mais se braque lorsqu’il découvre qu’elle est sous la coupe d’un puissant proxénète, Gautier (Holger Lowenadler) à qui elle remet d’importantes sommes d’argent dans des terrains vagues.

Incapable de supporter cette domination, Olivier agit par jalousie, pénètre en force dans ses bureaux servant de couverture à un respectable homme d’affaires, le violente et lui extorque sous la menace 10 000 francs.

Après un difficile détour dans un bar et un abattoir chevalin ou il assiste à la mort horrible d’un cheval électrocuté puis vidé encore vivant, Olivier revient à l’appartement en pensant avoir résolu le problème à sa manière, directe et brutale.

Mais la réaction d’Ariane le surprend. Apeurée, elle le met dehors et quitte son appartement sans donner d’explications.

Passé le choc de la surprise, Olivier retire l’argent de leur compte commun à la banque, revient à l’appartement dans l’intention de le donner à Ariane et découvre deux hommes de main de Gautier en train de vider les lieux.

L’altercation est inévitable et Olivier met KO les deux voyous dont l’un pourtant armé de couteau.

Il se rue alors en moto jusqu’au château de Gautier situé à la campagne et découvre Ariane déjeunant paisiblement dans son jardin.

Prise de remords, la jeune femme suit Olivier qui rebrousse chemin après avoir déposé l’argent dans la boite au lettres et les deux amants ont ensuite un accident de voiture après avoir fait l’amour en conduisant.

Superficiellement blessés, ils émergent de la carcasse de la décapotable et marchent ensemble dans la foret, heureux.

En conclusion, « Maitresse » est bien entendu un film sulfureux et parfois dérangeant.

Il correspond à une époque, les années 70 ou la liberté y compris de choquer était très importante, contrairement aux années 2010 ou un repli de façade vers des valeurs morales est observé.

L’univers du sadomasochisme est exploré avec ses codes et son puissant jeu intellectuel consistant à créer des situations de frustration, humiliation ou douleur stimulant le désir.

Ces jeux assimilés par certains à une forme de déviance, sont en réalité réservé à une élite adepte de plaisirs cérébraux plus sophistiqués que le commun des mortels.

Si on peut comprendre que le sentiment de perte de contrôle puisse exciter certains, on ne peut pourtant s’empêcher de trouver pathétiques ces êtres prenant plaisir à être traités comme des larves humaines.

Film choc tourné dans un Paris vieillot aujourd’hui méconnaissable, « Maitresse » brille par l’interprétation magistrale de Depardieu, parfait en petit voyou tombant amoureux d’une femme singulière aux faux airs de Miou-Miou, qui l’initie à un monde sous terrain et secret.

A ne pas mettre devant tous les yeux donc, mais respectable pour les esprits les plus ouverts/curieux.

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