Louder than hell (Manowar)

 


Ne cachons pas que les années 90 furent incroyablement difficiles pour le heavy metal traditionnel, considéré comme passé de mode et barré par le style plus populaire du grunge.

Puriste parmi les puristes, Manowar n’échappa bien sur pas à la crise et ne sortit que deux albums durant la décennie dont « Louder than hell » en 1995, qui me fit à l’époque découvrir les durs à cuir par le biais d’un camarade de fac, Gabriel, grâce lui en soit rendue.

Après quelques errements sur le disque précédent, le duo Joey de Maio (basse)-Eric Adams (chant), ossature principale des hommes de guerre, remplace le guitariste et le batteur précédent reprenant Scott Columbus et Karl Logan à la place des petits nouveaux Rhino et David Shankle forcément plus controversés.

Seul donc Ross the boss, premier guitariste du groupe échappe à ce retour en arrière.

Rien n’évolue ici au niveau de l’imagerie, ici un guerrier body buildé et dominateur annonce clairement la couleur et on débute en fanfare par « Return of the warlord » véritable hymne introductif au tempo puissamment soutenu et sur lesquels Adams place des refrains fédérateurs.

On pousse encore plus loin dans le cliché des frères d’armes unis autour de la musique en découvrant « Brothers of metal pt 1 » qui ne fait certes pas dans la dentelle de Caen, mais se montre malgré tout d’une grande efficacité.

Impossible de ne pas succomber à la profession de foi de « The gods made heavy metal » dont le punch et la mélodie parviennent à faire oublier les paroles très premier degré que certains esprits cyniques pourraient trouver ridicules.

Eric Adams est un très bon chanteur de heavy metal et le prouve ensuit sur « Courage » superbe ballade au piano traversée de refrains chaleureusement positifs.

De manière diaboliquement adroite, Manowar place ensuite ses titres les plus rapides et agressifs, prenant à revers l’auditeur par « Number 1 » hymne imparable dont la puissance épique invite à l’esprit d’entreprise et de réussite, mais surtout la bombe trashisante « Outlaw » sur laquelle Adams hurle à gorge déployée.

On monte encore d’un cran dans la dimension grandiloquente et épique de la musique des américains qui donne le meilleur d’eux-mêmes sur « King » que je considère comme l’un des plus aboutis de leur carrière par sa combinaison parfaite entre violence maitrisée et grandes envolées lyriques.

L’excellence semble ici au menu lorsque survient ensuite un superbe instrumental atmosphérique « Today is a good day to die » qui séduit par son charme hypnotique s’étalant sur près de dix minutes.

Un autre instrumental cette fois court et nerveux, « My spirit lives on » lance la fin de l’album « The power » titre puissant un brin trop linéaire sans doute pour séduire.

En conclusion, « Louder than hell » marque un magnifique autant qu’imprévu retour en forme de Manowar après un net déclin entamé à la fin des années 80.

Surfant à contre courant sur des clichés de guerriers virils mais intègres combattant un monde extérieur par essence hostile, Manowar cultive cet esprit sectaire qui ravit ses adeptes mais délivre surtout un album musicalement magistral, combinant titres puissants et fédérateurs avec morceaux plus lents et mélodiques.

Le résultat est sans appel, « Louder than hell » est un impeccable album de heavy metal au son moderne, dynamisant la musique agréable mais un peu sous produite du groupe au début des années 80.

Malheureusement malgré ses qualités, le succès ne fut pas au rendez vous et Manowar disparut après sa sortie cinq longues années pour réapparaitre timidement au début des années 2000.

Il n’en reste pas moins qu’écouter « Louder than hell » vingt ans après sa sortie, vous donne toujours une pêche d’enfer et une réelle envie de démarrer sa journée avec des projets de réussite plein la tête !

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