Putain de guerre ! 1914-1915-1916 (Jacques Tardi, Jean-Pierre Verney)
En 2008, le célèbre dessinateur Jacques Tardi refait équipe avec l'historien Jean-Pierre Verney pour une série de deux bandes dessinées consacrées à la Première guerre mondiale.
Dans « Putain de guerre, 1914-1915-1916 » on suit au travers de la destinée d'un simple soldat, ouvrier tourneur de métaux du XXieme arrondissement de Paris, les premières années du conflit.
Sous-estimant ce qui allait réellement se produire au front., les soldats des deux camps partent au front partent joyeux galvanisés par la propagande promettant une guerre « facile ».
Au lieu de cela, en plein été, les soldats français habillés de couleurs criardes se font allégrement massacrés par l'armement moderne : canons à longue portée et mitrailleuses.
Les chevaux et les troupes « indigènes » incorporées malgré eux au conflit ne sont pas plus chanceux mais lorsque l'hiver arrive le conflit devient une guerre de position épuisante pour les nerfs.
Dans cette guerre de « tranchées » des hommes sales et mal nourris se font face et meurent régulièrement au rythme des attaques et contre-attaques ordonnées par une hiérarchie aveugle.
On décrit le court destin de camarades disparus, soit brutalement annihilés par un obus soit au prix d'une longue agonie après une blessure incurable.
Certains ne supportent pas et se suicident, d'autres se rebellent et passent devant le peloton d'exécution.
Les Anglais qui viennent en soutien connaissent eux aussi un lourd tribus et l'emploi d'armes nouvelles comme les premiers avions, dirigeables ou chars n'atténue en rien l'horreur du massacre.
Et lorsque par chance, on peut gouter aux joies d'une permission de quelques jours, on se sent en décalage complet avec les « civils » à la vie facile à l'arrière.
En conclusion, « Putain de guerre, 1914-1915-1916 »est un puissant témoignage d'une guerre « vue d'en bas » par un modeste soldat tentant de survivre dans l'enfer d'un conflit inhumain.
Le ton est à la colère, au dégout, à la haine sourde contre les politiciens et les généraux qui ont envoyé une génération entière « sacrifiée » se faire tuer.
On peut regretter cette approche monolithique et l'absence de trame romanesque si ce n'est de vagues rencontres avec un soldat allemand pour lequel le personnage principal a quelque sympathie.
Le style graphique de Tardi n'est pas
le plus élégant, mais il est unique et très adapté au récit.
Bien sur, certaines planches de corps déchiquetées sont horribles mais elles restent pour moi en deçà de la réalité.
Une œuvre néanmoins forte ne serait-ce que pour son aspect historique « animé » !
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