Traffic (David Soderbergh)

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 Deux vieilles connaissances de ce blog ici avec « Traffic » film américain de Steven Soderbegh.

Sorti en 2001, « Traffic » est un long film ambitieux s’attaquant à un sujet délicat et complexe, les mécanismes du trafic de drogue entre le Mexique et les Etats-Unis.

Dans ce contexte ultra tendu, Robert Wakefield (Michael Douglas) est une sorte de préfet nommé par le gouvernement de Washington pour lutter contre le trafic de drogue.

Compétent et intransigeant, Wakefield a déjà fait ses preuves ultérieurement et est désigné comme l’homme de la situation.

Mais tout homme a un talon d’Achille, et celui du préfet semble être sa fille Caroline (Erika Christensen) qui sous une apparence d’élève modèle, cache une dépendance inquiétante à la drogue.

Le film évolue donc entre le travail de Wakefield aux USA avec par extension sa situation familiale et la vie de l’autre coté de la frontière mexicaine de Javier Rodriguez (Benicio Del Toro), policier de Tijuana, qui vit de magouilles avec son coéquipier, Manolo Sanchez (Jacob Vargas).

Mais un jour le chemin de Rodriguez croise celui du général Salazar (Tomas Milian), qui le contrait lui est son coéquipier à travailler pour lui afin de renverser le cartel de Tijuana.

N’ayant pas trop le choix, Rodriguez et Sanchez arrêtent le redoutable tueur Francisco Flores (Clifton Collins Jr) qui travaille pour le compte des frères Obregón, maitre du cartel de Tijuana.

Flores est torturé, manipulé par Salazar, pour faire arrêter ses chefs, puis finalement relâché aux Mexique.

Dans le même temps, Wakefield fait tomber Carlos Ayala (Steven Bauer) soupçonné être le principal importateur de la drogue des Obregón aux Etats-Unis.

Le témoin clé contre Ayala est Ruiz (Miguel Ferrer) important dealer coincé par le duo de policier latino-black composé de Montel Gordon (Don Cheadle) et Ray Castro (Luis Guzman).

Pendant le procès s’organise, Helen (Catherine Zeta-Jones), la femme d’Ayala est placée sous surveillance par la police.

Elle semble tomber des nues concernant les activités de son mari me se révèlent ensuite posséder de fortes capacités de réaction pour tenir la pression policière et celle de ex associés de son mari, devenus menaçants depuis l’arrestation de Ayala.

Le film développe donc une intrigue complexe, montrant tout l’ambivalence de la lutte anti drogue entre les passeurs mexicains, cartels surpuissants et déterminés, et velléités gouvernementales américaines de frapper à la tête ces organisations.

L’idée principale du film est que le combat semble perdu d’avance, puisque Caroline la fille du pire ennemi des cartels s’enfonce peu à peu dans la drogue, fuguant le foyer familial, fréquentant des dealers et finissant par se prostituer pour avoir sa dose quotidienne.

Du coté du procès, Helen Ayala révèle sa vraie nature féroce en demandant à Flores d’éliminer Ruiz à la sortie du tribunal, mais Flores échoue de justesse, se faisant tuer par un tueur des Obregón.

Au cours de la tentative de meurtre, Castro perd la vie, ce qui provoque la colère de Gordon plus déterminé que jamais à avoir la peau de Ayala.

Du coté Mexicain, l’intrigue se complique lorsque Rodriguez et Sanchez comprennent que sous ces dehors de militaire anti-drogue, Salazar travaille pour le cartel de Suarez, Madrigal dit le Scorpion qui s’est fait refaire le visage après avoir simulé sa propre mort.

Malgré les mises en garde de son coéquipier, Sanchez tente de trahir Salazar mais est rattrapé par les hommes de main du général  qui l’assassinent dans le désert, Rodriguez échappant lui-même de peu à une exécution sommaire.

Entré en considération par sa fidélité supposée à Salazar, Rodriguez est cependant mal à l’aise et ébranlé par la mort de son coéquipier et décide de le trahir pour renseigner les fonctionnaires américains de la lutte anti drogue.

Le film se solde sur un match nul, puisque Ayala fait éliminer Ruiz et échappe de manière éhontée à son procès, tandis que sa femme négocie à la hausse son contrat avec les Obregón, tandis que du coté Mexicain, Salazar le pourri, tombe suite à la trahison de Rodriguez.

En un ultime baroud d’honneur Gordon place sous écoute la maison des Ayala, tandis que Wakefield, ébranlé par la situation de sa fille, arrachée de justesse aux griffes des dealers, renonce finalement à sa mission de lutte anti drogue pour se consacrer à son éducation.

En conclusion, « Traffic » est un film complexe, très fort et très bien construit alliant la forme et le fond.

Les acteurs sont à vrai dire fantastiques, que ce soit Douglas tout en raideur et en force de conviction, Del Toro parfait en flic pourri se trouvant finalement en un sursaut une conscience et Zeta Jones, implacable femme maffieuse sous des dehors de futile desesperate housewife.

Suit ensuite tout une galerie d’excellents seconds rôles, policiers ou maffieux.

Autre point fort du film, ces va et viens incessants d’un pays à l’autre, ou d’une situation à une autre, ce qui donne une grande variété et fluidité au déroulement de l’action.

Mais critique principale porte à vrai dire sur le fond du film, qui semble annoncer que la lutte anti drogue est perdue d’avance puisqu’il y aura toujours des consommateurs, généralement des fils de bonne famille vivant dans les pays développés et que les pays pauvres, n’auront d’autres choix pour survivre que de continuer à entretenir le trafic de drogue.

Cette vision des choses est bien entendu simpliste et ne doit pas justifier l’abandon de la lutte anti drogue, ne serait ce que pour contenir sa propagation en la restreignant le plus possible, à défaut d’en pouvoir éradiquer les causes.

Il y aurait certainement une réflexion à mener sur l’exploitation du Mexique par les Etats-Unis et par l’entretien via un réseau de corruption de son sous développement.

On pourrait donc dire que de ce point de vue le trafic de drogue vers les USA serait une conséquence de cette situation inégalitaire.

D’un point de vue moral cependant, la pauvreté n’explique pas tout, et ne constitue pas une justification pour développer des filières criminelles.

Par sa passivité et sa résignation devant la puissance économique agressive du grand frère américain, le Mexique a donc également sa part de responsabilité dans cette situation.

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