Bevilacqua (Christophe)
En 1996, Christophe que l'on pensait
complètement oublié et retiré du monde musical depuis le début
des années 80, ressort un album portant son patronyme italien de
naissance « Bevilacqua ».
Mais le temps est passé, les modes ont
changé et la musique électronique est alors en pleine expansion.
Christophe, en artiste ouvert d'esprit
et grand explorateur du son, se lance alors dans l'aventure pour
faire une mutation musicale, s'entourant de spécialistes du pro-tools
autour de son fidèle guitariste de toujours Patrick Tison.
Dès l'entame, « L'interview »
tonne le ton et déroule des paroles mystérieuses en forme de
confession sur un beat techno soutenu.
Puis l'album se dévoile : il y a
certes « Enzo », le gentil hommage au designer Enzo
Ferrari mais globalement « Qu'est ce que tu dis là » et
« Label obscur » peinent à faire entendre la voix douce
et lasse du chanteur sur des sons futuristes.
« Parfum d'histoires » est
pourtant assez hypnotique et non dénué de charme et« Je
l'aime à l'envers » nous transporte dans une ambiance onirique
intime et feutrée, mais il est difficile de ne pas sentir l'ennui de
monocorde de « Taqua ».
Les esquisses d'un chef d’œuvre viennent poindre le bout
de leur nez, « Le tourne cœur » merveille mélodique
toute en grâce éthérée avant que Christophe ne joue encore avec
l'auditeur dans un « Point de rencontre » mélangeant
influences orientales et électroniques.
Malgré son titre rock, « Shake
it » se révèle un pur titre techno au charme singulier, avant
de laisser le mot de la fin à la rencontre murmurée avec Alan Vega
« Rencontre à l'as Vega ».
En conclusion, « Bevilacqua »
contient toutes les caractéristiques de l'album casse-gueule, le
virage à 180° d'un artiste épris de liberté suivant ses instincts plutôt que de coller à un style plus habituel, formaté
et...lucratif.
Son échec commercial était donc
prévisible, le public fidèle de Christophe étant pour son
écrasante majorité incapable de comprendre ce brusque changement de
direction après autant d'absence.
Sur le fond, cet échec se comprend et
le mariage de la voix habituellement si émouvante et organique de
Christophe avec les froides sonorités techno des 90's ne prend pour
ainsi dire pas ou si sporadiquement que cela en devient anecdotique.
Un plantage donc ? Oui mais
Christophe sera allé jusqu'au bout de son aventure.
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