Le désert des Tartares (Dino Buzzati)

Sorti en 1940, « Le désert des Tartares » est un best seller de Dino Buzzati.

Giovanni Drogo est un jeune lieutenant qui découvre sa première affectation au fort Bastiani, un endroit reculé situé dans une zone désertique près du « Royaume du Nord ».

Il quitte sa famille et accompagné de son meilleur ami Vescovi, chemine à cheval jusqu'à sa destination.

En chemin, il rencontre un capitaine Ortiz, qui le guide et lui donne quelques informations.

La découverte de Bastiani est un choc pour Drogo qui a vécu toute sa vie à la ville.

Sa première réaction est de demander immédiatement sa mutation mais le commandant Matti parvient à force de persuasion à le convaincre de rester quatre mois avant de partir pour raisons de santé.

Drogo accepte et peu à peu se coule dans la vie monotone et austère du fort.

Il n'y a pas grand chose à faire en réalité à part se plier à l'exigence routine militaire constituée d'appels et de tours de gardes.

Drogo découvre que beaucoup d'hommes sont ici depuis plus de dix ans et semblent résignés à rester ici toute leur carrière.

Une légende habite le fort, celle d'un jour d'une invasion des Tartares, « ceux du Nord » qui briserait l'ennui et l'attente d'un ennemi invisible.

A force de fixer l'infini sauvage et désertique, Drogo finit lui aussi par y croire.

Happé par le charme mystérieux et vénéneux du fort, il refuse sa mutation au bout de quatre mois et reste.

Les mois suivent les semaines, puis les années dans le même enfermement.

Deux drames viennent marquer ce séjour : l'exécution de Lazzari soldat sorti imprudemment pour chercher un cheval qui pensait être le sien et incapable de donner le mot de passe pour entrer, puis la mort du lieutenant Angustina, poussé à la limite de ses capacités par une marche de reconnaissance commandée par le capitaine Monti qui le haïssait.

Après 4 ans pourtant, Drogo pense avoir gagné le droit de partir mais son entretien avec un général lui prouve qu'il a été dupé par sa hiérarchie et par ses camarades, qui en secret ont manœuvré pour prendre sa place.

Il comprend alors qu'il va devoir rester toute sa vie à Bastiani et après une courte période de révolte, finit par l'accepter.

Sa jeunesse est passée, il se rend compte qu'il n'est plus adapté à la vie en ville et que ses meilleurs amis lui ont tourné le dos, tous occupés à fonder une famille et bâtir une carrière dans la vie civile.

Devenu commandant et homme d'age mur, Drogo a une dernière poussée de fièvre lorsque Simeoni lui annonce l'arrivée de cette « fameuse » invasion du Nord, qui n'est en réalité que la fin de l'achèvement d'une autoroute.

Malade, Drogo ne peut rester au fort et est évacué, poussé de force par Simeoni à qui il a finit par faire de l'ombre.

Affaibli, Drogo échoue dans une maison de repos en ville et sait que la mort l'attend...

En conclusion, « Le désert des Tartares » est un livre austère, étrange, profond à l'indéniable portée philosophique.

Comme beaucoup de jeunes de son age, Drogo n'a tout simplement pas conscience du temps qui passe, voit un horizon infini de possibilités devant lui et ne voit pas le piège qui se referme lentement, insidieusement sur lui.

Englué dans une routine absurde gouvernée par un règlement rigide et une croyance permettant de ne pas virer à la folie, Drogo se laisse capturer par l'attraction maléfique du Fort.

Tel un papillon pris dans une toile d'araignée, il comprend trop tard son erreur et n'a ensuite plus la force nécessaire pour la corriger.

Rester s'impose donc comme une évidence.

Je considère donc « Le désert des Tartares » comme une dure leçon afin de ne pas gaspiller son temps et son énergie, car la vie a rapidement fait de se refermer sur la jeunesse insouciante.

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