Jack Kirby, anthologie (Jack Kirby)

 

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Avis à tous les amateurs de comics, « Jack Kirby, anthologie » parue en 2012 chez DC comics est un volumineux hommage graphique rendu au King, qui avec Stan Lee, créa dans les années 60 l’essentiel du panthéon Marvel.

Mais éditeur DC oblige, « Jack Kirby, anthologie » traite principalement des premières œuvres du maitre, juif New-Yorkais né Jacob Kurtzberg en 1917 de parents pauvres émigrés d’Europe de l’Est.

Situées dans les lointaines années 40, les premières heures se déroulent avec le scénariste Joe Simon, avec en quelque sorte la préhistoire des super héros ou on retrouve l’archétype du héros modèle figure paternelle flanqué d’un sidekick adolescent destiné à capter le jeune public.

Sandman et le mioche Sandy affrontent donc en 1942 un criminel chimiste usant de gadgets sophistiqués pour se faisant passer pour Thor et braquer des banques.

Cette aventure surréaliste donne lieu à de belles scènes de bagarres avec des faux Vikings en plein cœur de New-York !

Puis viennent des associations de kids (La légion des petits rapporteurs, Le commando des juniors), qui dans des aventures touchantes de naïveté, luttent aux cotés de la police ou de héros adultes comme le Gardien, contre le crime qui gangrène leurs quartiers ou contre d’affreux soldats nazis en pleine Seconde guerre mondiale.

Après la fin de la Seconde guerre mondiale à laquelle Kirby participe en tant que soldat envoyé en France, le dessinateur exprime son gout pour le Fantastique et de la Science fiction dans des histoires d’actrices au visage prématurément vieilli ou d’invasions extra-terrestres finalement repoussée par la roublardise d’un réalisateur de film.

En ce sens les années 50 préfigurent l’explosion des années 60 comme le montent les étranges Challengers de l’inconnu, groupes de quatre aventuriers (un professeur, un pilote, un cascadeur et un lutteur) qui préfigurant les 4 Fantastiques, voyagent dans le temps de la Grèce et de l’Egypte antique à la recherche d’un scientifique ivre de pouvoir, Darius Tiko.

Le folle traque s’achève dans le futur dans l’an 3000 ou héros et savant fou sont capturés puis jugés par une machine avant d’être finalement purement et simplement relaxés puis ramenés dans le présent pour un jugement plus moral.

On découvre ensuite les origines de Green Arrow en 1959 avec Oliver Queen, play boy échoué sur une ile déserte du Pacifique développant pour survivre ses capacités d’archer et tout son arsenal de flèches avant de devenir le super héros emblématique de DC.

Mais l’œuvre majeure de Kirby pour DC est sans conteste les New gods, qui au début des années 70 marquèrent les esprits en créant un monde fictif ou deux races extra terrestres s’affrontent sur deux planètes rivales, l’évoluée et progressiste Néo-génésis et la sombre et violente Apokolips.

Dans un pur univers de SF, le lecteur suit donc les aventures d’Orion, héros de Néo-génésis doté de l’astro force, puissance cosmique explosive lui permettant de se tirer des situations les plus désespérées, qui affronte les terribles sbires de Darkseid, sombre empereur d’Apokolips, qui vise à attaquer la terre pour établir l’équation de l’anti-vie.

Dans son combat, Orion reçoit une aide de Metron, sorte d’observateur neutre du conflit qui bloque Kalibak, un redoutable gardien de Darkseid, l’informe des plans du monarque et lui permet de libérer quatre terriens innocents détenus sur Apokolips.

Avant de réexpédier les terriens d’où ils viennent, Orion prend le dessus sur Kalibak en usant de son astro force pour contrer les rayons lancés par son étrange massue.

Autour des New gods gravite le personnage secondaire de Mister miracle, sorte d’Houdini futuriste capable de se défaire de n’importe quel piège aussi vicieux et sophistiqué soit il ou Big Barda sculpturale brune ayant trahi Darkseid et véritable incarnation du féminisme des années 70 avec des évidents points communs avec Miss Hulk dont elle partage le courage et la force surhumaine.

Plus curieuse figure l’idée de faire de Jimmy Olsen, l’ami de Superman, un etre rappelant Mister Hyde après avoir subi un traitement par deux scientifiques d’Apokolips, Syman et Mokkari.

Ce n’est pas Superman qui intervient pour le libérer mais les membres de la Légion des petits rapporteurs qui utilisent un tunnel de voyage temporel pour perturber les plans des deux scientifiques et accorder leur liberté à toute un ménagerie de créatures génétiquement modifiées dont la révolte est dirigée par Olsen finalement éjecté sur terre après avoir échappé à ses monstrueux créateurs.

Impossible de passer à coté d’Arin, sosie du Surfer d’argent, tout comme les Immortels groupe de jeunes super héros : le colosse Grande ourse, l’illusioniste Belle réveuse, un cow boy truffé de gadgets appelé Serifan, Moonrider capable de projeter des rafales d’énergie et leur chef Vykin, fugueurs de Néo-génésis poursuivi par Devilance, surpuissante créature à la solde de Darkseid dont la lance semble receler d’inépuisables pouvoirs.

Incapables de se défaire d’un ennemi aussi coriace que rien ne semble abattre durablement, les Immortels reçoivent finalement l’aide d’Infinit man, qui fait jeu égal avec Devilance au point de les faire exploser tous les deux.

On sera plus moins emballé par les histoires de possession spirite ou de Démon alias Jason Blood, enquêteur paranormal se rendant dans un pays d’Europe de l’Est évoquant la Lavtérie pour mettre hors d’état de nuire un puissant loup garou.

Capable de se transformer en Démon des temps de Merlin l‘enchanteur, Blood est contraint d’utiliser les flammes de l’enfer pour contrer la férocité de son adversaire qui le poursuit jusqu’aux Etats-Unis ou il trouve finalement la mort.

Si Demon évoque étrangement le Docteur strange ou Hellrider, Kamandi est lui-meme le sosie du sauvage Ka-zar en empruntant fortement à l’univers de « La planète des singes » avec une vision futuriste ou les félins (puma, lions) ont pris le dessus intellectuellement sur les hommes rabaissés au rang de betes.

Mystère également avec le Sandman de l’année 1974, héros étrange faisant la chasse aux cauchemars crée par son curieux ennemi le Général électric, criminel scientifique aux traits grossièrement asiatiques.

L’atmosphère de Omac parait plus terre à terre et virile avec un modeste employé de laboratoire se métamorphosant en super héros rappelant le Gladiator de Marvel en raison de sa super force et sa spectaculaire crete d’iroquois.

La dernière aventure fait la part belle aux sans grades de l’armée US, Rumpkin modeste bidasse passionné de Science fiction qui part un astucieux leurre fait croire aux Nazis que l’armée américaine disposent d’un tank ultra puissant capable de concurrencer leur propre canon.

En conclusion, « Jack Kirby, anthologie » est un ouvrage magnifique, surprenant, qui permettra aux fans de comics de prendre toute la mesure de la créativité de Jack Kirby, dessinateur dont j’ai par le passé assez souvent critique le style peu fin, mais qui replacé dans le contexte des années 40-70, se révèle visionnaire.

Impossible de ne pas être emporté par les fourmillantes aventures des New gods, œuvre maitresse de Kirby et leur univers de rivalité cosmique ou plane l’ombre envahissante de Darkseid, le frère jumeau du Thanos de Marvel ou de Métron, symétrique du Gardien.

On se régale donc sans dédaigner les prémisses de Green Arrow, des 4 Fantastiques, du Surfer d’argent, de Ka-zar, des personnages uniques comme Demon ou Omac et les aventures plus terre à terre de gosses des bas quartiers de New-York, qui apportent leur pierre à la lutte contre le crime ou les ennemis nazi.

Massive, exhaustive, luxueuse, cette anthologie est une pièce unique permettant de rendre hommage au génie de Kirby dont le style et l’imagination influenceront des centaines d’autres artistes après lui !

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