Le monde en 2040 vu par la CIA
En 2021, le National Intelligence
Concil, organisme de prospective de la CIA rend public son rapport
intitulé « Le monde en 2040 vu par la CIA » publié à une fréquence de 4 ans.
Cet ouvrage collectif mettant à contribution les meilleurs experts du renseignement américains entourés de cabinets de conseils et d'universitaire s'inscrit dans une période très particulière, celle survenant en pleine crise du Covid-19.
Cette information pèse de manière conséquente sur les analystes, alors qu'en 2024, pour beaucoup le Covid fait figure d'histoire ancienne et que « le monde d'après » ressemble très fortement au « monde d'avant ».
Passé cette première impression que déjà le rapport est obsolète, on découvre les champs investigations multiples des experts : l'expansion de la population mondiale aboutissant à des demandes croissantes des populations en terme de services mais surtout à des mouvements migratoires entre les pays du Sud à la démographie galopantes et ceux du Nord, vieillissant avec un fort besoin de main d’œuvre.
Sans surprise l'Environnement entre en considération mais plutot sous un angle anxiogène avec la dégradation inévitables de nos conditions de vie dues principalement au réchauffement climatique inexorable et à toutes les crises qu'il engendrera : catastrophe naturelles, famines, déplacements des populations...
D'un point de vue économique, les experts évoque sans réelle surprise l'incapacité des gouvernements à résorber leur dette, le duel entre États-Unis et Chine, et de manière plus ambiguë l'impact de l'Intelligence Artificielle, perçue comme créatrice ou destructrice d'emplois, mais surtout comme « booster » économique pour les pays qui en maitriseront les secrets avant les autres.
Au niveau sociétal, la montée en puissance de technologies numériques et l'incapacité des dirigeants à répondre aux attentes des populations aboutira à une fragmentation et un repli communautaire.
Enfin, à l'international, le déclin de grandes organisations de type ONU/OMS/OMC se continuera en faveur de pouvoirs locaux bien souvent autoritaires ne respectant pas les principes du droit et n'hésitant pas à faire usage de la force.
En ressortent cinq grand scénario oscillant entre le pire (Un monde à la dérive, des silos séparés, tragédie et mobilisation), le meilleur (la renaissance des démocraties) ou une recherche d'équilibre (coexistence pacifique USA/Chine).
En conclusion, malgré son titre alléchant, « Le monde en 2040 vu par la CIA » est un ouvrage très décevant, surtout si on prête aux meilleurs experts de la CIA des capacités quasi divinatoires ou en tout cas d'influenceurs majeurs au niveau mondial.
En réalité, le rapport écrit vraisemblablement en 2020 est déjà dépassé à l'heure actuelle en se focalisant de manière très/trop prononcée sur le Covid-19 et trop peu sur les grands conflits comme la guerre en Ukraine, celle en Palestine et dans une moindre mesure en Arménie.
Et même l'analyse sur le terrorisme est plus que superficielle et décevante.
Une fois posé ce constat qui fait mal, le rapport se dégonfle un peu comme une baudruche et les experts enchainent les banalités sur des terrains hautement prévisibles : oui la population va augmenter, oui le climat se dérègle, oui les flux migratoires non contrôlés sont un problème dans les relations Nord-Sud...
L'impact de l'IA sur nos vies semble également exagéré tout comme l'ont été précédemment celui de la robotique et de l'automatisation.
Très pessimistes, les experts penchent vers une désocialisation du monde : violation du droit international, incompétence des gouvernants, loi du plus fort, du plus populiste et repli communautaire...
Pas très engageant donc le monde d'après vu par la CIA donc, mais surtout déjà has-been !
Un ouvrage dont on pourrait largement faire l'économie !
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