Les puissances de l'invisible, tome un (Tim Powers)

 


On a tous dans nos bibliothèques des livres qui trainent depuis de nombreuses années, qu’on a jamais lu et qu’on retrouve périodiquement avec un certain agacement.

C’est dans cette logique que j’ai lu au bout de dix ans « Les puissances de l’invisible, tome 1 » de Tim Powers.

Sorti en 2003, Les puissances de l’invisible, tome 1 » contient toutes les caractéristiques du roman d’espionnage d’époque (Seconde guerre mondiale) avec une intrigue mystérieuse et tortueuse à souhait.

On comprend qu’Andrew Hale un agent secret anglais du SIS responsable d’un raté retentissant en 1948 sur le mont Ararat (Arménie) qui causa la mort de plusieurs hommes est recontacté à Londres dans les années 60 par son ancien chef, James Théodora qui lui demande retourner sur place poursuivre le mystérieux projet Declare qui tourne autour d’une opération d’infiltration afin d’étendre l’influence anglais au Moyen-Orient.

Né en Palestine, Hale devra faire équipe avec Kim Philby un ex agent double soviétique retourné par les Britanniques.

L’histoire oscille donc entre présent en 1963 et passé en 1943, ou on découvre le processus d’enrôlement du jeune Hale au sein du SIS avec comme première mission secrète l’infiltration des groupes communistes à Paris via Elena Teresa Ceniga, une jeune espagnole fervente membre du NKVD de l’URSS.

Dans un Paris occupé par l’Allemagne nazi, le couple vit dans la clandestinité sur l’ile de la Cité et Hale apprend à transmettre des messages cryptés vers les services russes, avec la peur au ventre d’être repéré par les agents de l‘Abwehr, ce qui finit par arriver assez vite.

Paniqué, Hale qui est finalement tombé amoureux d’Elena, se résout finalement à se séparer d’elle et à quitter Paris sous la fausse identité d’un Suisse.

Après avoir rencontré le français Claude Cassagnac un ami d’Elena qui les aide dans leur cavale à Paris, Hale se laisse arrêter au Portugal et remettre aux autorités britanniques, auxquelles il refuse obstinément de livrer sa couverture, obéissant ainsi à des consignes strictes de sa hiérarchie.

Une fois passé l’épreuve des interrogatoires menés par Kim Philby, Hale est détenu quelques temps puis finalement relâché sur ordre de Théodora.

Le SIS estime qu’il a fait ses preuves lors de cette première mission et le charge de continuer

En 1963, Hale rencontre au Koweit Salim Ben Jawali, son contact local avec qui il avait travaillé pendant l’opération Declare, qui lui permet de rencontrer Ismaël un vieux russe du KGB qui espère le retourner au profit de son organisation.

Ensemble les trois hommes vont dans le désert à Ain al Abd, guidés des tribus bédouines locales.

Ils trouvent un mystérieux site perdu au milieu de rien, ou semble vivre un djinn, créature surnaturelle vivant dans une mare.

Au contact du djinn, Hale fait preuve d’une expérience étonnante, s’appuyant sur une ankh, croix égyptienne lui offrant un certain respect voir contrôle de la créature qui terrifie les autres humains.

Mais l’irruption de soldats russes alertés par Ismaël change la donne et oblige le groupe à la fuite, laissant Ben Jawali et Ismaël morts sur place.

Hale parvient à s’enfuir en profitant d’un hélicoptère de passage, est évacué au Liban ou il est pris en charge par Mammalian, un correspondant local du SIS, est troublé par la brève rencontre d’Elena dans un bar de Beyrouth.

La dernière partie du récit se déroule dans le Berlin de 1945, ou Hale en mission de reconnaissance dans une ville étrange divisée en zones d’influences occidentales et russes, retrouve près de la porte de Brandebourg, Elena et Cassagnac en fâcheuse posture, car agressés par des soldats russes.

Hale intervient, fait pour la première fois usage de son arme, et le trio poursuivi par les soldats ne doit son salut qu’à l’apparition d’un monstrueux djinn constitué d’une colonne de gaz, qui met en fuite leurs assaillants et finit par se plier également au pouvoir du jeune anglais exercé par le biais de sa croix égyptienne.

Après cette mésaventure ou Elena a épousé de manière rocambolesque Andrew dans le navire dans lequel il avait trouvé refuge pour échapper à une situation désespérée, lui révèle qu’elle a quitté le NKVD pour rejoindre la DGSS aux cotés de Cassagnac.

Hale est tenté d’accepter la proposition de sa chère et tendre de les rejoindre mais refuse in extremis, préférant rester fidèle au SIS.

Lors de son rapport à Théodora, Hale a la grande surprise de constater que son supérieur n’est aucunement étonné des manifestations surnaturelles auxquelles il a pu assister.

En conclusion, présenté comme un équivalent à « L‘échiquier du mal », le chef d’œuvre de Dan Simmons, « Les puissances de l’invisible, tome 1 » m’a plutôt déçu.

Très emberlificotée, l’histoire est difficile à suivre et le lecteur a vite fait de s’engluer dans méandres des services d’espionnages de la Seconde guerre mondiale et de la Guerre froide, ou tout le monde pouvait trahir tout le monde et se retourner à loisir pour créer des situations aussi inextricables que dangereuses.

Malgré donc un processus narratif laborieux et très évasif, « Les puissances de l’invisible, tome 1 » a pour lui son ambiance « orientale » exotique, la multiplicité de ses lieux d’action (France, Angleterre, Allemagne, Koweït) ce qui suffit pas à le rendre à mes yeux suffisamment intéressant. Comble, du comble, l’aspect surnaturel du roman est à peine esquissé, s’étalant timidement sur quelques pages seulement, également très allusives.

Difficile donc de m’emballer pour ce « Les puissances de l’invisible, tome 1 » , trop lent et timoré à mes yeux, qui a je le pense bien fait de rester moisir dix ans dans ma bibliothèque !

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