Manuscrits de 1844 (Karl Marx)
Vous l’avez constaté depuis quelques mois je me suis plus orienté vers les grands auteurs de la philosophie.
Les « Manuscrits de 1844 » de Karl Marx suivent cette ligne directrice.
Écrits à Paris en 1932, ils développent les principales idées de Marx concernant l’économie politique.
Dans les deux premiers manuscrits, le philosophe s’intéresse aux notions de capital, d’intérêt et de salaire tout en s’appuyant sur les travaux des économistes Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste Say ou Jon Stuart Mill.
Marx décrit l’aliénation de l’ouvrier, dépendant des capitalistes et des propriétaires fonciers pour obtenir un travail et donc un salaire afin de simplement survivre tandis que les deux autres classes ne visent qu’à leur propre enrichissement par le biais des intérêts.
Le processus de division du travail conduit à l’abrutissement des ouvriers obligés de répéter inlassablement des taches les plus élémentaires possibles à des fins de productivité.
Dans ces mécanismes complexes, l’ouvrier est nécessairement dépendant et donc perdant.
Il ne peut espérer gagner qu’en profitant de la concurrence entre capitaliste, qui entraine un enrichissement général de la société et une plus forte demande en ouvriers.
Mais cette victoire n’est qu’apparente puisqu’ils travaillent plus et écourtent leur durée de vie.
Lorsque la concurrence est trop âpre, les prix chutent et les petits capitalistes font faillite, se faisant absorber par les plus gros qui peuvent arriver à une situation de monopole.
Dans ce cas l’ouvrier est également perdant, puisque les capitalistes ruinés viennent grossir ses rangs, accroissant la concurrence pour une demande de travail beaucoup plus réduite.
Marx explique que les intérêts de capitalistes sont dictés par leur égoïsme et ne vont jamais dans le sens d’une amélioration de la société.
Même les progrès scientifiques et techniques, comme l’usage des forces de la nature ou de machines de plus en plus performante, ne produit pas le progrès social pour le monde ouvrier réduit à sa simple fonction de bête de somme.
Ainsi dans le système capitaliste, l’enrichissement d’un petit nombre contribue à la misère croissante du monde ouvrier, à une aliénation que Marx compare à son degré ultime à la prostitution.
Gouvernés par l’accumulation de richesses, les capitalistes travaillent à faire du profit en améliorant leur processus manufacturiers par mécanisation, division du travail, par acquisition de nouvelles usines ou terres plus fertiles et enfin par la destruction de la concurrence en de violentes guerres commerciales.
Marx distingue les propriétaires terriens des fermiers.
Les propriétaires fonciers sont des vestiges des classes aristocratiques ou le rapport entre le seigneur et ses serfs sont en apparence plus intimes.
Pour Marx, ces seigneurs vivent de rentes, sont paresseux, souvent incapables de faire fructifier leur capital.
Dans un monde en perpétuelle évolution, ils sont condamnés à être dépassés et absorbés par leurs rivaux capitalistes plus industrieux et meilleurs commerçant.
Après cette partie plus économique que philosophique, Marx développe l’aspect philosophique de sa pensée, en décrivant le processus de déshumanisation que subit l’ouvrier qui ne possède plus les objets qu’il produit.
En ce sens, le travail de l’ouvrier lui est extérieur, il le subit par nécessité pour en conséquence n’être réduit qu’à ses fonctions animales, manger, boire, dormir et procréer.
Ayant perdu le contact direct avec la Nature et avec l’activité de production libre, consciente qui fait sa généricité, l’ouvrier ne produit plus que pour survivre, des objets qui ne lui appartiennent pas.
Marx évoque donc le moyen de sortir de cette aliénation, en abolissant sa cause : la propriété privée.
Cette idée est reprise dans le troisième manuscrit sans nul doute le plus difficile ou Marx développe sa vision du communisme visant à abolir la propriété privée, le capital et à partager les richesses de manière égalitaire.
Fondé sur la science de la nature étroitement imbriqué avec le développement historique de l‘humanité, le communisme se voit attribué des composantes humanistes, naturalistes mais aussi athées puisque la religion est également une aliénation de la conscience de l’homme.
Le passage d’une trentaine de pages sur la critique de la logique et de la phénoménologie d’Hegel est très difficile à décrypter quand on n’a pas lu préalablement ce philosophe dont Marx reprend puis critique les théories d’acquisition de connaissances basées sur une dialectique scindé abstraction, négation puis compréhension pour consolider les siennes basées sur le matérialisme et l’athéisme.
La dernière partie des manuscrits reprend la partie plus économiste du travail de Marx avec l’étude des notions de besoins, de commerce et la promotion d’un détachement vis-à-vis du pouvoir de l’argent pour revenir à notre humanité.
En conclusion, les « Manuscrits de 1844 » sont une œuvre que j’ai trouvé très difficile d’accès et tout particulièrement le passage sur Hegel, abordé sans préalable en parfait kamikaze de la philosophie que je suis parfois.
Bien que n’étant pas porté sur les théories économistes, j’ai trouvé intéressante l’analyse des mécanismes complexes régissant le capitalisme système par essence inégalitaire que certains esprits libéraux et étroits considèrent comme le plus naturel pour l’homme.
Dans ce monde sans morale, la recherche du profit justifie absolument tout et broie implacablement pour quelques privilégiés les couches les plus basses de la population composée au XIX iéme siècle majoritairement du monde ouvrier.
Seul espoir et possibilité d’émancipation pour Marx, la mise en commun des biens, des richesses afin de redonner aux ouvriers leur humanité en lien avec un progrès scientifique basé sur la nature.
Même si aujourd’hui l’effondrement des régimes dit communistes a conduit à un rejet massif et un peu facile des théories marxistes, leur étude demeure très intéressante non seulement d’un point de vue historique mais également d’un point de vue plus philosophique au regard d’un capitalisme sauvage dont la voracité risque fort de mener à l’épuisement des ressources naturelles, à la faillite des états et aux inévitables mouvement internes (révolutions) ou externes (guerres) en résultant.
Aujourd’hui le monde ouvrier a fortement disparu en Europe, mais d’autres travailleurs tout aussi voir plus vulnérables sont apparus, comme tous les intérimaires, stagiaires et précaires que les entreprises recrutent comme main d’œuvre jetable pour réduire leur sacro saints couts.
L’aliénation peut aussi aujourd’hui prendre des formes bureaucratiques ou le travail bien que moins destructif physiquement peut l’être mentalement.
Ainsi Marx était sans doute un utopiste mais assurément aussi un génie de la pensée.
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