Arnold le magnifique (George Butler)

 


Réalisé en 1977 par George Butler, « Arnold le magnifique » ou plus communément appelé « Pumping iron » est un documentaire sur le milieu du culturisme américain et peut être considéré comme la première apparition filmé de l’homme qui deviendra plus tard une star de films d’action et un homme politique de premier plan aux Etats-Unis : Arnold Schwarzenegger.

Dans « Arnold le magnifique », Schwarzenegger a 28 ans et déjà un palmarès impressionnant avec des titres prestigieux de Mr Univers et Mr Olympia dont il brigue ainsi un sixième trophée en 1975.

Le documentaire suit donc Arnold et les autres culturistes dans leur préparation avec d’éreintantes séances en salle de gym, notamment à Venice en Californie, lieu mythique ou les plus grands champions viennent chercher l’émulation dans leurs entrainements.

En guise d’apéritif, on suit Mike Katz, enseignant âgé de 31 ans qui tente de devenir Mr Univers et parle succinctement de son parcours d’ex enfant complexé venu au sport que ce soit football américain ou body building dans une quête de gloire et de reconnaissance.

Mais malgré ses efforts, le blond dégarni échoue face à Ken Weller, blond vénitien au physique sans doute moins imposant mais plus symétrique et mieux proportionné.

On change de braquet en délaissant le monde des amateurs pour nous intéresser à celui des professionnels avec la lutte à distance entre Schwarzenegger, tenant du titre à Mr Olympia et son rival Lou Ferrigno, qui coaché par son père, mise sur sa taille supérieure (1m95 contre 1m88) et ses bras réputés plus massifs.

Ferrigno représente donc l’outsider d’Arnold dans la catégorie poids lourds (plus de 90 kilos) mais parait comme un colosse emprunté face au charisme et à l’assurance carnassière du champion.

L’entrainement avant la compétition à Pretoria en Afrique du Sud, est intense, chaque champion tentant de surpasser ses limites en effectuant toujours plus de série avec des poids toujours plus lourds.

Soumis à pareil traitement, les physiques gonflent, atteignant des proportions sans commune mesure avec le commun des mortels.

L’italien Franco Columbu, protégé d’Arnold dans la catégorie des moins de 90 kilos, dénote un peu dans ce milieu par son passé de boxeur et son origine européenne.

Le documentaire montre le caractère du champion, capable de déstabiliser psychologiquement ses adversaires, ce que confirme son emprise mentale sur Ferrigno dans les vestiaires de préparation.

Columbu remporte le titre des moins de 90 kilos, Schwarzenegger surclassant Ferrigno dans la catégorie du dessus dans laquelle un français, Serge Nubret, magnifique Noir, parvient à tirer son épingle du jeu en raflant la seconde place au nez et à la barbe de la brute.

Logiquement en final, Schwarzenegger n’a aucune difficulté à vaincre Columbu au physique certes impressionnant mais limité par sa petite taille.

Le documentaire se termine donc sur le dernier sacre d’Arnold, ses adieux au monde du body building, une camaraderie de façade pour le faire valoir Ferrigno et une surprenant révélation sur la froide détermination du champion, capable de refuser d’aller à l’enterrement de son père, chef de la police autrichienne à Graz, pour cause de championnat.

En conclusion, « Arnold le magnifique » est 40 ans après sa sortie aujourd’hui une curiosité qui ne peut que mettre mal à l’aise quand on sait la banalisation des produits dopants dans la société et les ravages qu’ils produisent sur de jeunes sportifs même amateurs.

Si on peut éprouver de l’admiration pour ses athlètes repoussant leurs limites pour une impossible quête de perfection plastique, une inextinguible soif de reconnaissance et la simple jouissance de sentir leurs muscles gonfler lors des entrainements, on ne peut s’empêcher de penser qu’obtenir de pareils résultats ne peut se réaliser qu’en prenant des drogues similaires à celles données pour le développement de la viande des bœufs.

Cette gène mise à part, « Arnold le magnifique » vaut surtout le détour pour découvrir le jeune Schwarzenegger qui en plus d’un physique extraordinaire, savait déjà en fin politicien manipuler ses adversaires pour arriver à ses fins avec en victime idéale le sympathique balourd Lou Ferrigno, qui restera surtout dans l’histoire pour son incarnation de Hulk dans une série télévisée des années 80.

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