Le tournoi des champions (Bill Mantlo, John Romita Jr)

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Abordons à présent dans la collection Récit Complet Marvel le célèbre « Le tournoi des champions » de Bill Mantlo (scénario) sur des dessins de Jon Romita Jr.

Sorti en 1982 aux Etats-Unis et 1984 en France, « Le tournoi des champions » est un grand crossover de super héros comme on les aime, avec la prise en otage de la planète terre, dont la vie semble avoir été figée et la plupart des super héros enlevés par deux entités surpuissantes, le doyen de l’univers appelé le Grand maitre et une mystérieuse créature encapuchonnée appelé l’Inconnue.

Entre le Grand maitre et l’Inconnue vont se dérouler un tournoi en quatre manches pendant lequel deux équipes de héros vont s’affronter sur terre afin de récupérer les parties d’un globe appelé globe dorée de la vie.

L’enjeu est pour le Grand maitre de ressusciter son frère doyen le Collectionneur, tué par le demi dieu Korvac et en cas d’échec il accepte de rejoindre son frère dans le néant.

Rapidement les héros sont choisis sur des motifs vagues, et seuls les humains dotés de pouvoirs semblent avoir été retenus, ce qui exclut demi dieux, robots et atlantes mais qui conserve assez étrangement certains mutants.

La sélection retenue déroute donc un peu en mettant en lumière des héros quasi inconnus qui seront pour l’occasion complètement découverts aux cotés de valeurs plus sures (Daredevil, Iron Fist, Iron-man, Wolverine, la Chose, Captain america).

La première manche se déroule sur la banquise arctique et le froid insupportable couplé à une violente tempête de neige se montrent particulièrement déstabilisant pour les héros choisis.

L’action est assez confuse et désordonnée, chaque héros allant en solo tenter de localiser le globe.

Quelques belles passe d’armes ont lieu entre le japonais Feu du soleil, forcé de déchainer toute sa puissance solaire pour échapper à l’étreinte de Nébuleuse noire, mais également entre Daredevil et Iron-Fist, ce dernier étant légèrement surclassé par la roublardise du combattant de rue de New-York.

Talisman, un super héros australien inconnu déploie une tempête mystique pour perturber les  sens des combattants et seul Daredevil se fiant à son sens radar parvient à rafler le globe pour le Grand maitre au nez et à la barbe de l’Invisible.

C’est au Far West que se joue une seconde manche assez décevante, dans laquelle Iron-man se débarrasse du super héros machiste argentin Defensor, sorte de pale copie latino de Captain america, Miss Hulk ne fait pas grand-chose, les affrontements les plus conséquents ayant lieu entre Captain britain et des troisième couteaux comme l’israélienne Sabra et le Chevalier arabe, parvenant in extremis durant le combat à relativiser les différents politiques entre leurs deux nations.

Le plus puissant d’entre tous, Iron-man localise le globe, triomphe beaucoup trop facilement de Miss Hulk, mais se fait rafler la mise de manière assez grotesque par le Chevalier arabe qui rétablit le score à un partout.

En Chine se déroule une troisième manche qu’on devine décisive, et la Chose, combattant quasi invincible physiquement trouve la mesure du courageux russe Vanguard, Angel sort vainqueur de manière plus difficile et contestable d’un match aérien contre le héros français Faucon pèlerin, tandis que Wolverine prend légèrement l’ascendant contre la Panthère noire au cours d’un combat très spectaculaire.

C’est finalement la force pure de la Chose qui lui permet sur des indications du duo Wolverine/Panthère de déterrer le globe et de donner l’avantage au Grand maitre.

La dernière manche se déroule dans l’atmosphère tropicale d’une jungle sud américaine.

Le colossal canadien Sasquatch est ridiculisé face à un super héros chinois appelé l’Homme collectif, capable de rassembler toute la force de son peuple pour compenser en un coup son infériorité physique.

Il en va de même pour Captain america ridiculisé face à Shamrock une super héroïne irlandaise affublée d’une chance anormale (!).

Le combat le plus équilibré et sérieux met aux prise l’allemand Blitzkrieg sorte d’Electro germanique à Tornade, qui finit logiquement par l’emporter.

Au final, l’irritante Shamrock prend le globe pour donner la victoire au Grand maitre.

Celui-ci pense avoir remporté le tournoi, mais l’Inconnue qui se révèle n’être ni plus ni moins que la Mort elle-même, modifie les règles du jeu en lui demandant de se sacrifier pour régénérer son frère ou alors de sacrifier les héros présents.

Fou de rage mais lié par son serment de laisser sains et saufs les héros, le Grand maitre accepte son sort et meurt pour redonner la vie au Collectionneur.

Celui-ci s’en va, avec la Mort avec comme présage, un match revanche …

Les héros sont ramenés sur terre sur laquelle la vie reprend ses droits …

En conclusion, tout l’intérêt du « Tournoi des champions » repose sur le plaisir de voir s’affronter dans un contexte de crossover les plus grands héros « humains » de la terre.

L’histoire n’est en réalité qu’un prétexte et le cadre des matchs, extrêmement varié, permet au lecteur de voyager aux quatre coins de la planète pour son plus grand plaisir.

Le déroulement des combats laisse en revanche plus à désirer, tout comme le choix des héros, avec d’authentiques inconnus aux pouvoirs bien limités mais dont le seul « mérite » est de représenter des nations généralement sous représentées chez Marvel : Australie, France, Arabie Saoudite, Israël, Argentine, Allemagne, Irlande et Chine.

Car chez Marvel les super héros sont avant tout américains, voir canadiens et aussi russes voir chinois dans les années  60 marquées par la guerre froide.

Inutile donc de s’attendre à beaucoup de finesse ou de recherche dans le développement de ces héros jugés sans doute peu intéressant commercialement et dans ce registre Marvel tombe un peu trop dans le cliché facile, un allemand appelé Blitzkrieg, un latino macho, un arabe enturbanné doté d’un cimeterre et d’un tapis volant, un chinois puisant sa force dans le nombre et le meilleur pour la fin, une irlandaise pleine de chance !

Malgré ces défauts patents, « Le tournoi des champions » reste une lecture divertissante, avec quelques jolie passe d’armes entre des héros charismatiques et une conclusion bien relevée qui lui permet de rester une référence plus que plaisante des années 80.

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