Faites sauter la banque ! (Marc Fiorentino)

 


Sorti en 2014, « Faites sauter la banque ! » est un livre de l’ex banquier d’affaires Marc Fiorentino qui fit l’année dernière grand bruit.

Ce court ouvrage de vulgarisation se propose dans un style percutant de décrypter les mécanismes mis en place par les banques pour faire de l’argent sans justification sur le dos de leurs clients, jugés dans l’ensemble trop passifs pour réagir.

Dans la première partie, Fiorentino rappelle les définitions et les grands principes sensés définir les activités des banques de détail par opposition à celles des banques d’affaires : collecter les dépôts, gérer les moyens de paiement et accorder des prêts.

Il tente donc de battre en brèche les idées préconçues des Français qui légitimement apeurés par la complexité du fonctionnement des banques et par la toute puissance supposée du banquier, craignent plus que tout de changer et restent par habitude au sein du même établissement sans se rendre compte qu’ils y perdent financièrement.

Le style musclé, incisif tente de bousculer le lecteur pour désacraliser la banque et la considérer tel un commerce comme les autres.

Un petit historique rappelle que les banques notamment par les investissements irresponsables des subprimes en 2008 puis par la crise grecque en 2012, ont bénéficié d’interventions massives des Etats pour les soutenir en vertu des principes du « les pertes sont nationalisées, mais les bénéfices sont privatisés » ou du « trop gros pour tomber »

Les liens incestueux entre politiciens et banques rappellent également que les banques profitant d’un système mondial ultra libéral, retombent à chaque fois sur leurs pieds.

Cependant, la crise des subprimes ayant restreint leurs activités spéculatrices, les banques se recentrent sur leurs clients pour compenser leur baisse relative de bénéfices et inventer sans cesse des frais imaginaires comme les obscurs « frais de tenue de compte ».

Mais dans ce domaine, les banques traditionnelles se heurtent à des rivaux de taille : les nouvelles technologies qui permettent via la dématérialisation et le jeu de la concurrence de contourner les stratagèmes mis en place et de faire ainsi des économies substantielles c’est-à-dire jusqu’à 2000 euros d’économie par an.

L’arme absolue dans ce domaine semble être Internet qui via son offre de sites de comparaison de banques entre elles, permet d’orienter le client vers un établissement plus avantageux en fonction de ses habitudes.

Cette démarche amène à se poser la question de la rationalisation de besoins et dans cet exercice il s’avère que posséder un compte en banque et une carte de crédit s’avère nécessaire, mais encore faut il choisir une carte avantageuse économiquement, sachant que sur les banques en ligne ces cartes sont gratuites.

Assez inévitables les couts des virements et prélèvements peuvent également être réduits voir offerts par les banques en ligne. Des techniques sont présentées pour éviter le découvert, véritable gouffre financier, qu’il soit par négligence, ponctuel ou structurel.

La troisième partie du livre se consacre aux placements, passant en revue toutes les possibilités les plus simples (Livret A, Livrets Développement Durable), aux plus complexes (Comptes à termes, Plan Epargne Actions, Fonds de Placement) en passant par les traditionnels Plan d’Epargne Logement, Compte Epargne Logement et Contrat d’Assurance Vie.

Une fois encore le recours à Internet est requis pour les Livrets non réglementés aux taux nettement plus rémunérateurs et les Contrats d’Assurance Vie pour éliminer les frais de versements, de retraits ou de gestion pouvant monter jusqu’à 3%.

La conclusion est la même pour les PEA et les Fonds de Placement pour lesquels les offres en ligne sont plus avantageuses question rendement et des outils comme le calculateur de l’Autorité des Marchés Financiers permettent de comparer les frais des différents opérateurs.

Pour les livrets réglementés par l’Etat ou les Comptes à terme le choix d’une banque classique apparait en revanche toujours pertinent.

Avec la quatrième partie, vient la délicate question des crédits de plus en plus difficiles à obtenir pour de simples particuliers non fonctionnaires, sans apport personnel et même souvent sans CDI.

Là encore, Fiorentino préconise de passer par un courtier qu’il soit online ou offline pour comparer les offres des banques et obtenir les meilleurs taux.

On peut même pousser la négociation jusqu’à contracter sur une durée d’un an, une assurance indépendante de l’organisme de crédit, afin bénéficier de la loi Hamon de 2014 et ainsi faire de nouveau jouer la concurrence pour faire baisser le cout important de l’assurance emprunteur.

L’exercice de mise en concurrence s’applique également pour les crédits à la consommation avec l’appel à des organismes spécialisés hors périmètre bancaire.

Après avoir exploré les services bancaires alternatifs comme ceux proposés par les bureaux de poste, la grande distribution ou l’automobile intéressants pour les clients fidèles et faire un curieux distinguo pour la Banque Postale, plus soucieuse selon lui de ses clients fragiles en raison des ses vestiges de service public, Fiorentino place enfin son attaque en publiant un classement des banques les plus et moins chères suivant les profils clients : cadre, cadre supérieur, employé, retraité, étudiant, commerçant ou chef d’entreprise.

Sans surprise les banques en ligne caracolent dans le peloton de tête et que ce soit sur ING direct, Fortuneo, Boursorama, Monabanq voir Hellobank, Fiorentino donne son assentiment pour oser le changement de manière préférentiellement progressive puis pousse encore plus loin ses raisonnements en se projetant dans un futur dominé par la technologie ou tout serait centralisé sur un téléphone portable avec la domination des géants américains comme Google, Amazon, Apple voir Facebook.

Fiorentino y voit donc à terme la disparition des banques traditionnelles, trahies par l’inutilité de leurs conseillers bancaires, le peu d’attractivité de leurs services et leurs couts de gestion élevés.

La huitième et dernière partie du livre propose un plan d’action étape par étape pour changer de banque en prenant le lecteur par la main au point de lui pré-rédiger sa lettre de résiliation.

En conclusion, « Faites sauter la banque ! » est un petit livre audacieux faisant office de véritable bâton de dynamite dans le monde feutré des banquiers.

Dans un style clair, direct et très voir trop pédagogique, Fiorentino se pose en véritable conseiller indépendant soucieux d’obtenir les meilleurs avantages pour ses lecteurs/clients.

L’analyse est pertinente, percutante et met en évidence l’intérêt de rationaliser ses besoins propres et de faire jouer la concurrence en misant sur les nouveaux services offerts par les banques en ligne.

Ce constat trouve un véritable écho lorsqu’on le met en miroir avec la réalité des services bancaires traditionnels : agences quasiment inutiles, conseillers fantômes sans cesse renouvelés plus commerciaux que conseillers, faible attractivité des offres et contrats incompréhensibles visant à placer des facturations pour services imaginaires.

Bien que goutant assez peu le monde de la finance, je n’ai pu qu’être réceptif à ces conseils d’utilité publique.

Reste ensuite le courage de les appliquer et d’oser finalement considérer « Mr le Banquier » comme un commerçant comme les autres et à aller voir ailleurs si insatisfait.

Dans ce domaine, il apparait que la fortune sourit aux audacieux …

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