Le bouddhisme (Peter Harvey)

 

 

 


Vaste entreprise que celle de l’universitaire anglais Peter Harvey que d’écrire en 1993 « Le bouddhisme » volumineux ouvrage traitant de cette religion largement majoritaire dans toute l’Asie avec au total 495 millions de pratiquants.

Découpé en 13 chapitres, « Le bouddhisme » s’intéresse tout aux racines de cette religion née entre l’ Inde et le Népal vers -400 av JC, avec le premier Bouddha, Siddhârta Gotama un de ses sages errants appelés samana, qui décida de se détacher d’une vie normale et des religions dominantes dans son pays (brahmanisme, jaïnisme) pour méditer seul dans la nature à la recherche d’un état supérieur (Nirvana) permettant de se débarrasser de la souffrance humaine.

Au cours de sa méditation Bouddha parvient à vaincre le démon tentateur Mara armé de désirs sensuels, jalousie, faim, soif, avidité, paresse, lâcheté, insensibilité, orgueil…

Il eut alors la vision de ses vies antérieures (Samsara) et atteint l’Illumination du Nirvana.

Revenu de son expérience mystique, Bouddha se décida à former d’autres moines pour répandre ses connaissances à travers l’enseignement de préceptes (Dharma) prônant une recherche de la Sagesse et fonda le Sangha, la communauté des bouddhistes.

A sa mort, son enseignement se diffusa au travers de plusieurs écoles dont les plus connues sont le Theravada puis le Mahayana devenu par la suite dominant en Chine et au Japon.

Dans la vision du bouddhisme, la moralité de nos actions terrestres détermine notre karma qui à notre mort oriente le cycle de notre prochaine réincarnation dans plusieurs monde allant des Enfers à celui des pures formes mentales (espace, conscience, néant), en passant par des strates intermédiaires notamment celles des esprits désincarnés, des animaux, des hommes et des dieux.

Pour progresser jusqu’à atteindre l’état suprême de Nirvana menant aux formes du néant et de l‘infini, le bouddhiste doit donc rechercher une conduite emplie de bonté, de vérité, de générosité et de compassion afin de se débarrasser de la souffrance de l’existence terrestre (Dukkha) causée par l’avidité, la colère, l’ignorance, la jalousie et l’orgueil.

Après avoir longuement expliqué les particularités de la doctrine Mahayana et ses différentes émanations le Madhyamaka, le Yogacara, le Tathagata-garbha et le Tantrisme empli de rituels mystiques, Harvey explique les chemins ayant amené le Bouddhisme à s’étendre depuis l’Inde ou l’Hindouisme religion d’état légitimant le système de classes puis au Népal, en Mongolie, au Sri Lanka, en Indonésie, en Thaïlande, au Viet Nam, au Cambodge, en Corée, en Chine, au Japon ou ils cohabite sous diverses formes (L’école de la terre pure, le Zen) pour ses deux derniers avec le Confucianisme, le Taoïsme et le Shintoïsme.

La pratique bouddhique est alors décortiquée avec les rites quotidiens, prosternations chants, méditations et offrandes qui rythment la vie des fidèles dans des temples (stupas) avec des statues de Bouddha ou d’autres divinités importantes comme Avalokitésvara, Amitabha, Bhaisajya-guru.

Quel que soit le courant, la méditation occupe une place centrale dans l’atteinte des différents stades pour se détacher du monde du désir et des sens afin d’accéder aux strates supérieures permettant de connaitre la concentration, la réflexion et la joie pour pouvoir espérer un jour connaitre des pouvoirs surnaturels de télépathie, connaissance des vies antérieures menant au Nirvana.

Il s’agit donc d’une ascèse quotidienne visant à développer les capacités du croyant.

Enfin, Harvey termine en évoquant la situation du bouddhisme contemporain avec les périodes de persécutions en Chine communiste ou lors des invasions musulmanes, avant de connaitre une expansion surprenante dans les pays occidentaux (Europe/Amériques) en réfléchissant à des spiritualités alternatives apportées par les populations émigrées venues d’Asie.

En conclusion, « Le bouddhisme » est une œuvre universitaire dense, complexe et difficile d’accès en raison des multiples termes employés.

Les notions sont souvent très abstraites et théoriques, confirmant le double statut du bouddhisme, à la fois religion clairement non monothéiste, puisque plusieurs divinités parmi lesquels le puissant Brahma sont représentées mais philosophie avec la description d’un code moral ou éthique permettant de progresser par une amélioration continue jusqu’à se débarrasser des afflictions inhérentes à la condition de vie terrestre.

Malgré ces nombreux écueils conceptuels et étymologiques, le bouddhisme reste pour moi un mouvement puissant et mystérieux, qui mérite intérêt et approfondissement.

Principale difficulté pour moi : mon scepticisme par rapport au cycle des renaissances et à l’accessibilité aux états supérieurs de la conscience infinie et du néant.

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