Bjorn Borg and the super-swedes, Mats Wilander, Stefan Edberg and the golden era of tennis (Mats Holm, Ulf Roosvald)
Grand passionné du tennis des années 80, je me devais de lire « Bjorn Borg and the super-swedes, Mats Wilander, Stefan Edberg and the golden era of tennis » par deux journalistes suédois chevronnés Mats Holm et Ulf Roosvald.
Disons le d'emblée, ce livre sorti en 2020, consacre après une introduction historique assez rébarbative sur l'importation du tennis d'Angleterre en Suède dans les années 30 par le roi Gustav V, une large première partie au plus sportif suédois le plus titré de l'Histoire : la légende Bjorn Borg.
La partie la plus intéressante est sans nulle doute l'enfance du prodige, qui très tôt réalise son coté obsessionnel par le sport et le tennis en particulier, sport individuel ou on est seul maitre de ses décisions.
Issu de la classe moyenne, Borg bénéficie de l'engouement des Suédois pour le sport et des bonnes structures en place dans le pays pour être précocement détecté et pouvoir entrainé par son premier coach : Percy Roseberg.
Ce « sorcier » du tennis comprend le potentiel du jeune homme, qui même s'il perd des matchs contre des plus adolescents plus grands que lui, contient une capacité à se concentrer et à ne rien céder assez exceptionnelle.
Cette rage de vaincre ou cet instinct du tueur sont la marque de fabrique des grands champions.
Avec Roseberg puis plus tard Lennart Bergelin son père spirituel, Borg se forge un physique exceptionnel qui lui permet d'user ses adversaires par son impressionnante régularité.
Ses coups profonds et liftés, ses passing-shots millimétrés et son infatigable sens du déplacement font rapidement des ravages à l'international et dans les années 70 Borg parvient déjà au sommet du tennis mondial.
Fasciné par Wimbledon, il améliore grande son service et son jeu de volée pour l'emporter et entamer un long règne qui ne prendra fin qu'en 1981 avec l'avènement de John Mc Enroe, un autre prodige au caractère diamétralement opposé à son impassibilité légendaire.
Dans les années 70, Borg devient une icône mondiale doublée d'un sex-symbol ce qui n’empêche pas l'opinion publique de critiquer son goût de l'argent dans des lucratives exhibitions et son déménagement à Monaco pour échapper au fisc suédois.
Adulé et critiqué, le jeune homme subit une gigantesque pression car obligé de gagner à chaque match...cette même pression le pousse à mettre un terme à sa carrière prématurément à 26 ans en 1982.
Immédiatement, lui succède Mats Wilander qui crée une énorme sensation mondiale en remportant Roland Garros à 17 ans. Comme l'explique le livre, le tennis suédois tirée par la locomotive Borg a entrepris de créer une équipe de jeunes prometteurs sous la férule de John-Anders Sjogren.
Avec ses amis Nystrom et Jarryd, le jeune Wilander va s'entrainer sur l'herbe australienne pour développer un jeu d'attaque décent mais c'est véritablement dans un registre défensif à la Borg qu'il s'illustre dans ses premières années.
Surdoué mais humble et jouisseur, Wilander ne revendique étrangement pas le titre de numéro un mondial et se contente d'une place de numéro 3.
Sa mauvaise année 1986 le pousse à réviser ses objectifs et à changer son jeu en recherchant un surplus de puissance et un tennis plus offensif.
Marié à la top modèle Sud-Africaine Sonya Mulholand, Mats s'établit à New-York et fait une superbe saison 1987 sans titre du grand chelem malheureusement, Ivan Lendl son ancien rival étant devenu une machine à gagner en apparence invincible.
Tout en continuant à travailler physiquement très dur, il décide encore d'évoluer et dote son arsenal d'un reverse slicé long pour perturber le jeu de sape du fond du court de Lendl.
Ce travail tactique et physique paye puisque Wilander réalise une saison 1988 exceptionnelle remportant 3 tournois du Grand Chelem sur 4 avec une victoire sur son ennemi Lendl en presque 6 heures de match à l'US Open.
La suite est une dégringolade brutale, Wilander devenu numéro 1 sans motivation chutant graduellement dans les classements, pour après quelques come-back en demi-teinte raccrocher les raquettes en 1995 juste un an avant Edberg son rival Suédois qui atteignit son meilleur niveau en 1991 et 1992.
Atypique en raison de jeu d'attaque à outrance, Edberg est un diamant brut lui aussi découvert par Rosberg. Coaché par Tony Roche, Edberg fait des ravages sur le circuit, tout particulièrement à Wimbledon ou il se partage la suprématie avec Becker, l'autre prodige allemand.
Introverti et boudeur, Edberg n'a pas la réputation d'etre un battant, ce qu'il s'empresse d'infirmer avec ses deux incroyables succès à l'US Open qui font de lui le numéro 1 mondial.
Et après ? Aucun autre joueur suédois ne parviendra à égaler de telles performances malgré de bons joueurs comme Enqvist, Larsson, Johansson, Norman ou Soderling, aucune victoire en Grand Chelem et une dégringolade dans la hiérarchie de la Coupe Davis jusqu'à frôler la quatrième division mondiale.
De manière plaisante le livra se conclue par un « que sont-ils devenus ? » montrant les difficultés de Borg (divorces, business) les révélations sur sa prise de cocaïne, l'aspect « cool » de la personnalité de Wilander, rock-star amateur comme Mc Enroe, consultant avisé pour Eurosport et également coach de tennis itinérant aux USA, Edberg partageant quant à lui sa vie entre sa famille et ses placements financiers, tout ce beau monde se retrouvant encore périodiquement sur le « séniors tour » pour le plus grand plaisir des nostalgiques comme votre serviteur !
En conclusion, « Bjorn Borg and the super-swedes, Mats Wilander, Stefan Edberg and the golden era of tennis » est un livre étonnant qui m'a surtout intéressé par sa seconde partie.
Si Borg apparaît comme une figure incontournable de l'histoire du sport encore plus dans un petit pays comme la Suède, comprendre le « miracle » suédois qui s'est ensuivi avec l'éclosion de grands champions comme Wilander et Edberg avec un style pourtant diamétralement opposé, est passionnant.
Ce qui frappe c'est le sens du collectif de ses Suédois qui passaient également leur temps libre hors du court et la simplicité de leur approche, en tant que jeunes issus d'environnement modestes.
La personnalité de Wilander est pour moi la plus fascinante avec cette évolution technique/tactique/physique et mentale pour surpasser ses limites et devenir numéro 1 mondial mais avec également cette capacité comme ses amis Mc Enroe et Noah de passer du bon temps dans les bars et les concerts de rock.
En comparaison Edberg paraît plus lisse mais son jeu aérien à l'efficacité mortelle constitue une anomalie tennistique que seul peut-être Federer a pu approcher.
L'analyse de Holm et Roosvald va plus loin et tente de comprendre pourquoi cette dynamique a été perdue, les jeunes Suédois ne parvenant plus à jouer les premiers rôles dans le top 10 mondial.
Un ouvrage donc instructif, plaisant et complet pour les grands nostalgiques de cette époque !
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