Fort Saganne (Alain Corneau)
En 1984 sort sur les écrans français « Fort Saganne » qui fut pendant longtemps l’un des films préférés de ma mère.
Adapté par Alain Corneau d’un roman de Louis Gardel, « Fort Saganne » se déroule au début en 1911 et montre le parcours du lieutenant Charles Saganne (Gérard Depardieu) envoyé en Afrique sub-saharienne pour une mission délicate consistant à mater une révolte d’une tribu pour assoir la domination française dans cette immense zone.
Sur place, Saganne tombe sous le charme de Madeleine (Sophie Marceau) mais plus vieux et issu d’une famille de paysans, il sait que ses chances de mariages sont minimes.
Rapidement le colonel Dubreuilh (Philippe Noiret) lui confie sa mission en lui expliquant les enjeux tactiques de la situation.
Jeune et vaillant, Saganne accepte et marche de jours entiers dans le désert sous l’autorité du colonel, avant que celui-ci ne le laisse se débrouiller avec ses tirailleurs.
Il met en fuite des tribus opposées, récupère de enfants sénégalais enlevés et entreprend de les ramener au fleuve Sénégal.
Mais sur place, le capitaine Baculard (Michel Dechaussoy), s’oppose à l’exécution de sa mission et met en joue ses hommes…
Malgré on grade inférieur, Saganne tient tête et passe en force.
Baculard se venge en faisant massacrer les alliés du lieutenant.
Touché par le sort d’Amajar (Said Amadis) qui s’est recousu lui-même le ventre, Saganne l’ampute lui-même avec de outils et de l’alcool afin de lui sauver la vie.
Le chef de clan, affaibli lui en gardera une amitié éternelle.
A son retour au camp de Dubreuilh, Saganne présente sa démission mais reçoit en retour le soutien du colonel, qui a fait muter Baculard et lui démontre que son raid meurtrier a eu un effet de peur sur la tribu récalcitrante.
Ambitieux, Dubreuilh cherche à faire de Saganne l’emblème d’une mission plus noble encore de descendre plus au Sud, mettre à genoux un émir opposé à la France.
Pour cela, il envoie Saganne à Paris pour séduire l’opinion publique et donc faire pression sur les politiques.
Après avoir donné sa première conférence, Charles refuse un poste en Algérie, offert par le premier ministre et se rend furieux chez Louise (Catherine Deneuve) une journaliste qui l’a ridiculisé dans un article.
Mais dans les beaux appartements de la journaliste et romancière à succès, Charles découvre que la manœuvre n’était que destinée à coucher avec lui.
La relation entre les deux amants que tout oppose est charnelle, passionnelle…
Quand son frère Lucien (Florent Pagny) fraichement sorti de Saint-Cyr lui annonce vouloir épouser une institutrice mère d’un enfant né d’un autre père, Charles fait tout pour faire échouer son mariage et parle de manière méprisante…
Malheureusement, le résultat est la mort noyée de la future épouse.
Saganne revient au Sahara le cœur brisé, boit plus que de raison et écrit lettres sur lettres jamais envoyées à Madeleine.
Courette (Hippolyte Girardot) le jeune médecin amoureux de musique, perd lui-aussi les pédales en raison de l’isolement et se suicide sous ses yeux.
Lorsque Amajar le prévient d’une percée prochaine de l’émir félon, Saganne refuse de fuir et réunit tous ses tirailleurs pour l’arrêter ou tout du moins le ralentir en un ultime sacrifice.
Appuyé par Vulpi (Roger Dumas) un sous-officier alcoolique courageux et Embarek (Salah Teskouk) le chef de tirailleurs, fidèle et courageux lui-aussi, Saganne érige un rempart de sacs de sable et de boites en carton.
Le choc avec les soldats adverses est terrible, épique mais Saganne réussit à la mettre en fuite à l’aide d’une contre-attaque à la baïonnette qui les surprend et les effraie.
A son retour, il épouse Madeleine et va s’établir à la campagne.
Malheureusement ce bonheur champêtre est de courte durée puisque la guerre contre l’Allemagne est déclarée en 1914.
Mobilisé, Lucien vient faire ses adieux à son frère qui lui-même part au front.
A Verdun, il monte à l’assaut après une nouvelle étreinte avec Louise, devenue infirmière et se fait tuer avec son fidèle Embarek.
Dans le désert, un fort en son nom est baptisé par Dubreuilh qui lui rend les honneurs militaires en présence de Madeleine.
Son fils, est alors emmené par Amajar à dos de chameau, prêt à parcourir le désert infini comme son père.
En conclusion, « Fort Saganne » bien que frôlant les 3h et contenant quelques lenteurs dans sa première partie, est un grand film épique, contenant tous les ingrédients d’une grande aventure romanesque : exotisme, grandeur et beauté des paysages, sentiments héroïques ou amoureux exaltés, drame et passion.
Au niveau des acteurs, on frôle le grand chelem : Depardieu jeune, beau et athlétique dans un de ses meilleur rôles, Deneuve, Marceau et Noiret tous géniaux…
Magnifiquement filmé, truffé de sentiments puissants rehaussés par la dramaturgie de la guerre, « Fort Saganne » boudé à l’époque aux Césars et aujourd’hui injustement tombé dans l’oubli, est sans nul doute l’un des grands film français des années 80.
Maman avait donc bon gout, ce qui ne m’étonne pas vraiment du reste…
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