Thanos (Jim Starlin, Ron Lim)
Cette chronique va maintenant être consacrée à l’une des plus grandes aventures du monde Marvel, je veux bien sur parler de « Thanos » de Jim Starlin (scénario) et Ron Lim (dessins).
Paru en 1990, ce formidable récit complet Marvel comme on l’appelait à l’époque, est en réalité le prélude à la quête insensée du titan de l’espace, amoureux de la Mort, et prêt pour lui plaire à conquérir pour elle les six joyaux de l’infini faisant de lui le maitre incontesté de l’univers.
Nous sommes donc en plein cross over cosmique, ce style si prisé par les lecteurs de comic books.
Rendu à la vie par sa maitresse la Mort et doté de pouvoirs cosmiques étendus, Thanos scrute le puits de l’infini qui lui révèle les secrets de l’univers, dispersés en six joyaux détenus chacun par des êtres cosmiques d’une puissance inouïe, les gardiens de l’univers.
Comprenant que les possesseurs des gemmes n’ont pas conscience de leur pouvoir réel, Thanos parvient à convaincre sa maitresse de le laisser partir en quête de ce présent incommensurable.
Il fait preuve d’une filouterie hors normes pour dérober la première du front de l’Intermédiaire, être cosmique symbolisant l’équilibre entre l’Ordre et le Chaos.
Le jugeant trop puissant même pour lui, Thanos lui fait croire qu’il va l’aider à se libérer d’une prison dans laquelle ses maitres l’ont enfermé, dans le but de s’attirer sa protection pour échapper à la Mort.
Se sachant supérieur, l’Intermédiaire accepte et est finalement libéré mais s’aperçoit que Thanos l’a amené sur un terrain ou il est privé de ses immenses pouvoirs.
Devenu inoffensif, il est ainsi aisément vaincu et perd sa gemme, détentrice du pouvoir sur l‘âme.
Thanos s’attaque ensuite au Champion, doyen de l’univers doté par sa gemme d’une puissance physique insurpassable.
Il manipule la rage aveugle et l’arrogance belliqueuse de Champion pour le pousser à détruire la planète sur laquelle il combattait et promet alors de le ramener sur un monde habité ou il pourra à nouveau mesurer sa force, en échange de sa pierre frontale.
Champion finit par céder au chantage et donne sa pierre.
Fourbe jusqu‘au bout, Thanos l’expédie effectivement sur un monde habité mais en le catapultant depuis l’immensité de l’espace.
Avec deux gemmes, Thanos n’a aucun mal à vaincre le Jardinier, doyen devenu pacifique et usant des pouvoirs de contrôle du temps de sa pierre pour cultiver la magnifique végétation de la planète ou il élu domicile.
Malgré son refus initial pour opter pour la violence et son respect du Jardinier, Thanos devant l’obstination du gardien à défendre son bien, est contraint de le tuer en le faisant dévorer par ses propres plantes.
Le titan réalise ensuite un coup de maitre en récupérant deux pierre quasiment coup sur coup.
Il profite également de l’arrogance du Coureur, capable en raison de sa gemme de l’espace de se mouvoir plus vite que la lumière, pour fixer son attention et ainsi pouvoir exercer la maitrise du temps sur son corps et ainsi le réduire à l’état de vieillard.
Il se rend ensuite chez le Collectionneur, vieille crapule sans morale, et lui vend en échange de sa gemme alors le Coureur réduit à l’état de nourrisson inoffensif pour compléter sa collection d’espèces rares glanées dans tout l’espace.
Après avoir négocié une clause de non ingérence dans sa vie, le stupide doyen accepte ce marché de dupe sans se douter qu’il possédait ni plus ni moins que la gemme de contrôle du réel.
Thanos récupère donc sans difficulté la gemme si puissante et laisse ensuite le Coureur reprendre sa forme adulte et se déchainer sur le Collectionneur dépassé par les évènements.
Il reste enfin un dernier doyen, le plus dangereux d’entre tous, le Grand maitre qui fidèle à sa réputation de grand stratège a mis sous protection sa pierre et propose au tian de jouer à un combat psychique sur un échiquier mental, le gagnant emportant les gemmes de l’autre.
Thanos accepte, comprend qu’il a été leurré par le Grand maitre qui voulant être sur de l’emporter a introduit une bactérie mortelle dans son corps.
Mais le Grand maitre déchante à son tour lorsqu’il découvre que Thanos a laissé un androïde s’exposer à sa place.
Pris à son propre jeu de triche, il est tué psychiquement et donc physiquement laissant Thanos posséder les six joyaux de l’infini.
Nanti des pouvoirs de contrôler l’univers, il retourne donc fier de lui devant la Mort qui lui fait comprendre qu’il n’est plus à présent digne d’être son serviteur ni même son époux mais plutôt son maitre.
Thanos comprend alors qu’il est allé trop loin et qu’il a échoué dans sa tentative de séduction.
Le récit se termine donc provisoirement sur ce paradoxe, Thanos le titan fou est devenu un dieu omnipotent, mais demeure rongé par un sentiment d’exclusion, de solitude et de frustration devant celle qu’il aime.
En conclusion, vous l’aurez bien évidemment compris, « Thanos » est une exceptionnelle création emmenant le lecteur dans une dimension cosmique supérieure.
Le musculeux, dense et hideux Thanos est l’anti héros par excellence, mais accompli néanmoins ses six travaux d’Hercule ou son Odyssée d’Ulysse en véritable héros grec en usant de force, de ruse et d’intelligence.
Puissant, audacieux, habile et ambitieux comme tout conquérant digne de ce nom, il parvient à vaincre des ennemis plus fort que lui, mais moins intelligents ou simplement moins déterminés.
L’exploit réalisé et la démesure associée forcent donc le respect.
Ce sont en réalité les motivations du personnage qui introduisent un début de sentiment empathique car Thanos se lance donc dans cette quête insensée par amour d’une maitresse par essence inaccessible, la Mort elle-même.
Derrière le coté morbide de cette attirance, se cache un puissant sentiment de romantisme avec un amour par avance voué à être impossible et donc prompt à engendrer son lot de souffrance qui ramène le conquérant à une dimension brusquement plus humaine, comme le montre l’ultime larme perlant sur son visage.
Comme les fans le savent, « Thanos » n’est que le prélude à la quête du gant de l’infini, mais pourrait tout aussi bien se suffire à lui-même tant il est déjà parfaitement abouti.
Pour parachever le chef d’œuvre on citera avec plaisir les dessins puissants et racés de Ron Lim, également parfais pour mettre en image cette formidable quête cosmique.
Je ne peux donc que m’agenouiller devant ce monument du comic book, que je relis chaque fois avec un plaisir renouvelé et qui introduit un fort esprit d’initiative et d’entreprise chez moi.
Reconnaissance éternelle aux deux artistes-auteurs de ce Picasso du comic book.
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