La guerre romaine (Yann le Bohec)

 

Sorti en 2014, « La guerre romaine » est un ouvrage de l'Historien Yann le Bohec concentré sur la période -58 av JC et 235 après JC.

Ici, le Bohec explique le fonctionnement de l'armée romaine, qui fit la grandeur de Rome et contribua à l'établissement sans aucun équivalent ni d'espace ni de longévité d'un empire colonial.

La supériorité des légions romaines peut s'expliquer par son organisation, sa discipline, son efficacité tactique lors de ses déploiements complexes, sa maitrise technique aussi de divers armements dont la cavalerie, les armes de jets et l'artillerie par le biais de catapultes.

Bien qu'incroyablement avancée pour son temps, la marine romaine contribua plutot en tant qu'auxiliaire à remporter des victoires en assurant le transport de troupes et de matériels. 

Reconnue aussi pour ses travaux de génie civil : construction de ponts, de route et de camps retranchés, l'armée romaine faisait quasiment toujours la différence par sa capacité d'adaptation aux conditions géographiques, climatiques ainsi qu'aux tactiques adverses ils est vrai plutot rudimentaires.

Pour elle, seul l'affrontement en rase campagne était digne, outre le pilum qui pouvait être extrait plus facilement du corps d'ennemi, le bouclier en plus de son rôle défensif, était utilisé pour déséquilibrer/choquer le combattant adverse avant de l'achever au glaive dans un corps à corps.

Dans certains cas, elle savait s'adapter pour réaliser des sièges, prendre d'assaut des citadelles et même mener des contre guérilla face à des troupes éparses et mobiles les harcelant.

La motivation des soldats se nourrissait de la religion, qui leur assurait une supériorité spirituelle sur les peuples barbares mais aussi plus prosaïquement l’appât du gain par le pillage des vaincus.

Les Romains faisaient peu généralement peu de quartier ; les hommes étaient souvent massacrés surtout s'ils avaient longuement résisté, les femmes violées, l'esclavage étant également une option répandue.

Bien que théoriquement soumise à plus de réserves en cas de guerre civile, l'armée romaine pouvait en réalité aussi se montrer tout aussi cruelle avec ses compatriotes.

Une fois vaincues et terrorisées, les populations étaient ensuite « romanisées » et placée sous contrôle de postes de garnisons.

L'armée pouvait aussi se rebeller et assassiner ses empereurs lorsque ceux ci la traitaient mal.

Les prétoriens, garde attachée à l'Empereur avait un rôle aussi politique que militaire, aussi les Empereurs devaient manœuvrer avec tact, certains allant même jusqu'à employer des mercenaires Germains ou Bataves pour assurer une certaines indépendance.

Pour relayer son pouvoir l'Empereur pouvait compter sur ses légats, généraux et centurions pour l'essentiel issus de bonnes familles même si des cas de promotions de valeureux soldats étaient possibles.

Peu de peuples ont ainsi pu tenir tête : les Germains et les Parthes étaient des ennemis « naturels » réguliers, les Bretons et les Juifs étant peut être ceux qui leur donnèrent le plus de fil à retordre avant d’être soumis par la force.

Dans ces conditions, l'effondrement de l'armée romaine est difficile à expliquer mais pourrait reposer sur une adaptation de leurs adversaires à leurs techniques comme les terribles Goths ou Huns mais également une diminution de leurs effectifs, moins bien payés, moins bien entrainés et dirigé par des empereurs moins talentueux que César, Auguste, Hadrien ou Marc Aurèle. 

En conclusion,  « La guerre romaine » est un ouvrage très spécialisé écrit par un expert de la Rome antique.

Il confirme la domination écrasante de l'armée romaine qui s’inspirant elle même des technique grecques, inspirera plus tard les grands conquérants (Napoléon ou..Hitler) par leur maitrise technique, leurs capacités d'adaptation et leur discipline.

Conquérants impitoyables et cruels, les Romains croyaient en leur supériorité morale et religieuse et établissaient ensuite leur domination de manière durable en fournissant un accès à la « civilisation » aux peuples colonisés.

Formidable machine guerrière, l'armée jouait un rôle politique et pouvait contribuer à renverser des empereurs, notamment par le biais de la garde prétorienne.

Sa fissuration ira de pair avec l'érosion de la culture romaine : émergence d'empereurs faibles, incompétents, christianisés et donc plus réticents à l'usage de la violence mais aussi montée en puissance de leurs concurrents Goths ou Ottomans.

Moins bien préparée, moins nombreuse, mal entrainée, mal dirigée et mal payée, elle perdra son aura invincibilité et subira des lourdes défaites humiliantes comme le sac de Rome en 410.

Un ouvrage intéressant, dense, spécialisé, parfois répétitif et ennuyeux à lire par son coté scolaire.

Plus de schémas pour expliquer les différents formations et manœuvres de la légion auraient également faciliter sa compréhension.

A réserver aux plus passionnés !

Commentaires