Après (Iggy pop)

 apres.jpg4

En 2012, Iggy pop sort dans la plus parfaite continuité de « Préliminaires » « Après » un pur album de reprises piochant majoritairement dans le répertoire de la chanson française.

L’Iguane  tout de blancheur immaculée vêtu, s’entoure ici d’un groupe de musiciens à géométrie variable avec Steven Ulrich à la guitare électrique, Hal Cragin à la basse et plusieurs batteurs (Kevin Hupp, Jerry Marotta, Ben Perowsky) et musiciens additionnels.

Iggy s’attaque tout d’abord à un monument de chanson française le « Et si tu n’existais pas » de Joe « fuckin » Dassin, dans une version douce, fluide et éthérée ou la voix du maitre se fait caressante et sensuelle.

La mue du lézard habituellement griffant et tortillant sa queue pleine d’épines est aussi surprenante qu’impressionnante.

« La javanaise » de Serge Gainsbourg est habité d’un feeling analogue auquel l’accent si ricain du chanteur confère une légère touche d’exotisme.

On délaisse la langue de Molière pour retourner aux racines de la musique pop US en rendre hommage à « Everybody’s talkin » de Harry Nilsson  ballade élégante magnifiée par la belle voix caverneuse du véritable King of Pop.

Comment résister à  la reprise de « I’m going away smiling » de Yoko Ono, d’une profondeur et d’une tristesse prompte à fissurer votre âme en millions de petits éclats ?

Retour au patrimoine français avec l’inévitable Edith Piaf et sa « Vie en rose » ralentie à l’extrême, titre toujours difficile pour moi à entendre surtout dans la bouche d’un punk-rocker de la trempe d’Iggy.

Moins connu vient « Les passantes » de Georges Brassens plombé par l’absence total de groove et part le fort accent du chanteur qui rend à peine audible les paroles.

Iggy n’oublie pas non plus Henri Salvador et rend un hommage feutré et élégant à son « Syracuse » déjà particulièrement poétique et émouvant.

La page française se tourne alors définitivement et Iggy s’attaque ensuite aux standards de la musique US avec « What is this thing called love ? » du jazzman Cole Porter dans une version d’une extrême lenteur et sensibilité,  « Michelle » la ballade des Beatles avec quelques jolis  refrains en français et enfin pour finir « Only the lonely » du maitre Frank Sinatra beaucoup trop statique.

En conclusion, « Après » bien que moins poignant et plus bigarré que « Préliminaires » est cependant un disque de haute qualité méritant le plus grand respect.

Arrivé à son âge avancé, Iggy se fait plaisir et nous donne un immense plaisir en délaissant sa carapace de reptile clouté, pour s’aventurer sur des territoires moins balisées ou ses gouts personnels peuvent sans doute mieux s’exprimer.

Intime, doux, chaud et sensuel, « Après » ne fonctionne sans doute que parce que le chanteur est Iggy pop et que sa belle voix grave sait à merveille caresser un auditeur plus habitué à se faire malmener.

Les standard US et français se mélangent ici harmonieusement dans un cadre feutré, doux et romantique ou les guitares furieuses et les tempo frénétiques sont envoyés au vestiaire.

J’apprécie pour ma part beaucoup les incursions d’Iggy pop dans ce domaine plus cérébral, apaisé et mature.

Les fans de rock punkoide et d’excès de décibels seront sans doute furieux et n’auront qu’une seule envie : détruire ce disque.

Qu’ils se rassurent : Iggy revient en 2013 leur livrer une nouvelle galette des Stooges, donc forcément beaucoup plus rock ‘n’ roll.

Pour ma part, avec ce disque magnifique et adulte, Iggy prouve qu’il est toujours le plus grand.

Commentaires