En quête de planètes (Léa Griton-Noël )

 



En 2023, l'astrophysicienne Léa Griton-Noël sort « En quête de planètes » un ouvrage de vulgarisation scientifique.

Les premiers chapitres présentés sur un ton qui se veut léger et accessible au plus grand nombre sont consacrés aux planètes peuplant notre système solaire.

Griton-Noël explique les spécificités connues de chacune des planètes et l'histoire des techniques de leur observation depuis l’œil nu de l'Antiquité, jusqu'aux techniques plus modernes à base de sondes spatiales (Mariner, Voyager, Soho) et de capables de se poser (telle Galileo) et de se déplacer à leur surface comme les rovers (Spirtit, Opportunity) en passant par les lunettes et autres télescopes terrestres ou spatiaux.

On comprend l'apport de puissants télescopes comme Planck ou James Webb pour observer de très lointains corps spatiaux mais surtout l'apport des observations de plus près qui permettent de cartographier leur surface qu'elle soit tellurique ou gazeuse ainsi que leur relief (ravins, montagnes) ainsi que les variations de températures qui sont souvent extrêmes.

Le tour de force des agences spatiales est le développement de leurs instruments de mesure, leur précision, leur fiabilité et leur capacité à transmettre des données en temps quasi réel pour être ensuite exploitées dans les bases des agences situées sur notre bonne vieille planète Terre.

La question inévitable de leur habitabilité ne tarde pas à se poser et on comprend assez vite que les probabilité de trouver une planète ou un satellite doté des mêmes caractéristiques que la Terre sont faibles voir nulles.

Les raisons même de notre existence ? Notre proximité relative avec le Soleil (ni trop proche pour la température soit insupportable ni trop lointaine pour ne pas être gelés, la présence d'une couche d'ozone qui nous protège des radiations cosmiques, d'une atmosphère et d'eau nécessaire à la vie organique. Moins connu, le champs magnétique de la Terre sert également de bouclier contre les vents solaires dont les brusques dégagements d'energie peuvent s'avérer destructeurs.

La seconde partie du livre, moins « hard science » rappelle le colossal bond en avant de la conquête spatiale en raison de la guerre froide USA-URSS dans les années 60 avec les envoi successifs de sondes permettant d'observer toutes les planètes de notre système solaire, puis de manière plus surprenante le fonctionnement interne des principales agences spatiales occidentales, la Nasa et l'ESA avec des appels à projets réguliers avec beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Griton-Noël pointe la prédominance de sujets « phares » comme les missions pour Mars et Titan, astres jugés les plus prometteurs en raison de similitudes supposées avec la Terre, même si pour Mars, elle rappelle que les chances de colonisation humaines y sont en pratique quasi nulle en raison de conditions de vie très hostiles.

Elle explique aussi la précarité des étudiants et équipes travaillant dans le domaine spatial, la succession de CDD et de Post Doc, l'obligation pour les chercheurs d'enseigner à prêt de 40% de son temps.

Pour s'engager dans cette voie, il faut donc avoir une passion, des horaires à rallonge et accepter une vie sans garantie de stabilité.

La question de la représentation des femmes dans le monde plutot machiste de la recherche spatiale est abordée ainsi que l'impact écologique des missions spatiales.

En conclusion, « En quête de planètes » est un plaisant ouvrage de vulgarisation scientifique.

Léa Griton-Noël y réalise un travail brillant, personnel et mêlant « hard-science » en rappelant les indispensables outils théorique de tout astrophysicien qui se respecte (la physique gravitationnelle, l'électro-magnétisme mais surtout l'étude des plasma), un peu de chimie (minérale) et beaucoup de mathématiques, et considérations historiques (avec un résumé des principales phases de la conquête spatiale) et socio-économiques (la vie précaire d'étudiant, d'enseignants-chercheurs, la place des femmes, le cout écologique des programme spatiaux...)

L'aspect passionnant de l'ouvrage est de rappeler que malgré la succession de missions d'explorations spatiales depuis la Guerre froide, tellement de choses restent à découvrir si on ne se limite qu'aux planètes de notre système solaire, et encore si on considère les satellites comme Titan ou même la Lune, on peut estimer que l'exercice n'aura probablement pas de fin !

Le cœur de la démarche de tout scientifique qui se respecte : confronter la théorie à la pratique, basées sur l'expérimentation/l'observation de phénomènes, la complexité résidant ici dans la distance des objets sur lesquels portent ces observations.

Et de constater non sans un certain réconfort que le domaine de la recherche spatiale est toujours en pleine activité !

Un livre donc non destiné aux spécialistes, mais idéal pour les débutants un peu curieux !

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