Scarface (Brian De Palma)


 



 Attaquons nous à présent à un mythe du cinéma, le tristement aujourd’hui célèbre « Scarface » de Brian de Palma.
Sorti en 1983, « Scarface » raconte le parcours d’un émigré cubain, Tony Montana (Al Pacino) fuyant la dictature castriste pour avoir une nouvelle vie aux Etats-Unis.
Mais le passé de criminel de Montana ne tarde pas à ressurgir face aux douaniers et à le jeter avec son ami beau gosse Manny (Steven Bauer) dans un camp pour émigrés à Miami.
Pourrissant dans ce no man’s land, l’ambitieux Montana accepte d’éliminer un opposant politique à Castro, Rebenga (Roberto Contreras), en échange d’un billet de sortie pour lui et son ami.
L’opération réalisée pendant une émeute, est couronnée de succès et Tony est libéré.
Mais l’homme a des rêves de grandeur et ne supporte pas de travailler comme larbin dans un minable snack.
Il se branche donc avec deux autres copains, Chi Chi (Angel Salazar) et Angel (Pepe Serna) sur un coup avec le truand Omar (F Murray Abraham), qui le charge d’acheter de la cocaïne à des Colombiens.
Le deal dans un bel hôtel du bord de mer, tourne mal, Montana s’énerve et les Colombiens le braquent, décidés à lui faire cracher son argent.
Angel est tué à coups de tronçonneuse et Tony s’apprête à subir le même sort, lorsque Manny et Chi Chi surgissent, mitraillant la chambre d’hôtel.
Tony réagit, tue ses agresseurs et s’enfuit aves ses amis avec la drogue volée.
Ce coup d’éclat plait à son patron, Frank Lopez (Robert Loggia) qui le prend sous son aile au grand désarroi d’Omar qui le déteste.
Lopez charge Tony et Omar d’acheter de la cocaïne à un gros trafiquant colombien, Alejandro Souza (Paul Shenar).
L’homme qui vit comme un nabab surprotégé, impressionne Montana qui se met à négocier un partenariat irrigant tous les États-Unis.
Furieux de cette prise d’initiative, Omar rappelle  à l’ordre celui qu’il considère comme un petit employé mais Souza touché par la franchise de Tony, fait éliminer Omar en affirmant qu’il était un agent de gouvernement travaillant sous couverture.
De retour aux Etats-Unis, une altercation a lieu entre Tony et Lopez, qui ne veut pas prendre de risques et finit par le raisonner, du moins temporairement.
Mais Tony a les idées plus larges que son patron et surtout est tombé follement amoureux de sa compagne, Elvira (Michelle Pfeiffer) une blonde à la beauté glacée.
Tony lui fait une cour assidue, achetant une Porsche sur un coup de tête pour elle, mais se montre farouchement jaloux de sa sœur Gina (Mary Elisabeth Mastrantonio) dont il surveille les fréquentations et refuse qu’elle continue à travailler comme modeste coiffeuse.
En opposition à sa mère (Miriam Colon), qui refuse son style de vie de gangster, Tony donne de l’argent à Gina et l’amène à fréquenter le monde de la nuit et ses voyous.
Par peur des réactions de son ami, Manny secrètement amoureux de Gina préfère jouer profil bas.
Entre Lopez et Tony le choc est pourtant inévitable.
Après que le vieux requin lui ait lâché Mel Bernstein (Harris Yulin) un policier ripoux sur le dos, il tente de le faire assassiner dans un night club mais Tony échappe de peu à la mort, tuant férocement les deux tueurs pourtant armés de pistolets mitrailleurs.
Furieux, il exerce un raid de représailles sur Lopez, le force à avouer, l’humilie et le tue ainsi que Bernstein également présent.
Dès lors Tony a le champs libre pour prospérer et prendre la place de Lopez.
Il multiplie les affaires avec Souza, épouse Elvira, s’achète une somptueuse villa au mauvais gout démesuré.
Mais le succès corrompt et Tony s’enfonce dans la drogue, l’alcool et la paranoïa.
Odieux avec ses proches dont Elvira, devenue une camé oisive stérile, il commet une erreur d’appréciation sur un banquier juif Seidelbaum (Ted Beniades) que lui présente Manny et se fait piéger pour blanchiment d’argent.
Malgré l’intervention de son avocat, Tony sait qu’il va devoir aller en prison.
Souza le charge donc d’abattre un journaliste bolivien s’apprêtant à faire des révélations fracassantes sur ses activités réelles en échange de son immunité.
Le coup doit se faire à New-York avec Alberto (Mark Margolis) le tueur de Souza.
Mais Tony ne peut faire exploser la voiture du journaliste dans laquelle se trouve sa femme et ses enfants et ulcéré, tue Alberto.
L’opération est un échec cuisant pour Souza qui décide d’éliminer son ex partenaire.
Perturbé, camé et isolé, Tony tue Manny qui venait pourtant d’épouser en secret Gina, puis se fait blesser superficiellement en retour…
Lorsque une petite armée envoyée par Souza pour le tuer surgit, Tony lutte à au fusil d’assaut, mais finit par succomber, le corps criblé de balles…
En conclusion, « Scarface » est sans conteste un excellent film, brillamment interprété par Al Pacino dans l’un de ses rôles le plus forts.
Détermination, flamboyance mais aussi violence incroyable habitent ce film décrivant le monde des gangsters : leur appât insatiable du gain et de la possession matérielle, leur vide intérieur, leurs multiples trahisons et leur chute aussi rapide que brutale.
Souffrant du complexe de l’émigré, Tony Montana est prêt à tout pour arriver au sommet, quitte à en redescendre aussitôt, ce qui ne tarde pas à arriver.
Malgré cette fin finalement morale, « Scarface » continue d’exercer une fascination malsaine auprès des jeunes de cités et des autres, en proposant un modèle d’homme dur, vulgaire, prêt à tout pour réussir, y compris tuer ceux qui le dérange.
C’est bien le seul bémol qu’on peut adresser à ce film devenu phénomène de société d’une jeunesse en perdition, car pour le reste le travail de De Palma ne souffre d’aucune faiblesse.

Commentaires