Crazy legs (Jeff Beck)


 

Déjà honoré dans ces colonnes, le guitariste Jeff Beck revient avec « Crazy legs ».

Sorti en 1993 avec l’aide due groupe The big town playboys, « Crazy legs » est comme l’indique fort bien sa superbe pochette 50’s un album de rock ‘n’ roll volontairement rétro reprenant des titres de Gene Vincent.

Beck assure en plus des guitare les parties chantées, en étant soutenu par Mike Sanchez (voix/piano), Adrian Utley (guitare), Ian Jennings (basse) et Clive Deamer (batterie).

On est tout de suite mis dans l’ambiance avec « Race with the devil » qui swingue comme au beau vieux temps de Chuck Berry, Little Richard et autres Elvis Presley.

Le tempo est toujours très appuyé sur « Cruisin » qui envoie férocement au niveau des attaques de guitares et groove à la Berry sur « Crazy legs ».

Cette plongée dans le rock des fifties se poursuit avec « Double talkin baby » presque agressif pour l’époque et si « Woman love » et « Lotta lovin » se montrent légèrement plus souple, on reste tout de même dans un style très stéréotypé.

On ondule souplement sur « Catman » puis continue d’enfiler les clichés avec « Pink thunderbird » sans grand relief et « Baby blue » affreux blues usé aux effets usés jusqu’à la corde.

Le pas redevient léger et sautillant sur « You better believe » et « Who slapped John ? » vifs et enlevés avec de jolis solo de guitar-héros à la clé.

Les vieux trucs du rythm ’n’ blues sont expurgés sur « Say Mama », puis Beck et sa bande continuent sur leur allure de croisière en enfilant les standards « Red blue jeans and a pony tail », « Five feet of lovin » avant le fulgurante poussée rock ‘n’ roll la plus primitive de « B-I-Bickey-Bi, Bo-Bo-go ».

La fin de ce disque interminable se profile alors non sans soulagement, avec un blues de plus « Blues stay away from me », « Pretty pretty baby » particulièrement plat et ennuyeux avant une dernière ruade à santiags « Hold me, hug me, rock me » peut être le morceau le plus violent du disque.

En conclusion, « Crazy legs » est un album de passionné, un grand plaisir personnel voir égoïste que s’est octroyé Jeff Beck, en s’éclatant à reprendre à sa sauce les dix huit titres de Gene Vincent.

Le résultat est exécuté avec talent et maitrise, mais reste trop figé dans un seul style par nature assez peu varié et pouvant rapidement devenir lassant.

Même si elles sont de bonne qualité, les compositions de Vincent soit loin d’égaler le génie de celles de Chuck Berry et finissent selon moi par tourner en rond.

Cet album est donc pour moi plus destiné au dingue de rock des années 50, de bon vieux rockabilly US sentant la gomina, le chewing-gum gum, les juke box et les femmes à jupes courtes et queues de cheval qu’on drague dans sa cadillac décapotable flambant neuve.

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