Doggybags : South Central stories 1 (Neyef)

 

 


Editeur français indépendant de comic books, Ankama Editions sort en 2014 « Doggybags : South Central stories 1 » de Neyef.

L’histoire se déroule en 1993, en plein South Central le ghetto afro-américain de Los Angeles qui s’était embrasé après l’affaire Rodney King, ce chauffard tabassé par des policiers racistes finalement acquittés et avait requis l’intervention de la garde nationale pour ramener un semblant d’ordre.

Contrôlé par deux principaux gangs blacks, les Crips et les Bloods auxquels se rattachent quelques rappeurs célèbres, South Central contient d’autres gangs moins importants mais tout aussi violents qui font rêver une certaine jeunesse ravagée par le manque de perspectives économiques.

Deux adolescents noirs cherchent à intégrer le 66 street gang, mais doivent subir en guise de rituel d’intégration un test et éliminer Oncle Phil un proxénète bedonnant d’un gang rival, les Slains.

Soumis à un terrible stress, l’un des deux adolescents tente de dissuader son ami de commettre un crime tandis que celui-ci se montre déterminé en tuant un passant rencontré au hasard.

Le duo fait irruption dans la baraque d’Oncle Phil en plein Compton et après quelques tergiversations, finit par tuer la grosse brute à coups de couteaux.

Mais Cynthia une des prostituées réagit et plante à son tour le plus déterminé des deux apprentis tueurs.

En réaction le second garçon tue la fille et découvre son fils appelé Billy recroquevillé dans une baignoire.

L’enfant est épargné mais son frère Jacob, un ancien marine revenu échouer à Compton après s’être fait viré de l’armée, oublie ses bonnes résolutions de vie rangée pour se lancer dans une spirale de vengeance aux cotés des ses amis d’enfance membre des Slains.

Jacob ignore que Billy a accepté de passer un marché avec le Diable en personne pour à l’instar du bluesman Robert Johnson, protéger son frère.

Nanti d’un sort d’immortalité, Jacob se rend seul dans le QG des 66 street gang et les massacre…

Il retrouve ensuite l’adolescent coupable du meurtre de Cynthia, l’emmène dans le désert et le fait bruler vif dans une voiture.

Jacob se range ensuite des gangs pour se muer en bon chrétien et prêcher la paix à South Central.

Mais il ignore que Billy se trouvait dans le coffre de la voiture qu’il a brulé.

Le Diable vient réclamer son du, emmenant l’âme du pauvre Billy et fait ensuite pression pour que Jacob échange la sienne contre celle de l’enfant afin de le pousser au suicide…

Mais bien entendu, rien n’est jamais garanti dans ce type de marché…

En conclusion, « Doggybags : South Central stories 1 » est un ouvrage habile et excitant narrant à merveille le fonctionnement brutal et stupide des gangs américains avec un enrôlement précoce d’enfants promis à une mort rapide dans des guerres fratricides pour le contrôle des trafic locaux : drogue, armes ou prostituées.

Vengeance, cruauté, tirs aveugles et victimes collatérales composent donc ce monde lunaire ultra codifié ou les seuls blancs qui s’y risquent sont des policiers dépassés par autant de criminalité.

Seul reproche qu’on pourrait adresser à « South Central stories » : son graphisme grossier représentant sommairement des gangsters noirs aux traits hideux et simiesques.

Pour le reste, on ne pourra que frissonner à l’idée de cette (courte) plongée dans l’enfer de South Central et de sourire à l‘incrustation de ces petites publicités détournés singeant les vieilles habitudes commerciales des comics américains des années 60-70…

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