Metro Manila (Sean Ellis)

 


Plus d’originalité avec « Metro Manila » de Sean Ellis.

Sorti en 2013, ce petit film se déroule aux Philippines, ou un couple de paysans, Oscar Ramirez (Jake Macapagal) et Mai (Althea Vega) fuient la misère de leur campagne avec leurs deux filles en bas âge pour tenter leur chance dans à la capitale Manille.

L’arrivée dans cette ville de plus d’un million d’habitants est un choc pour cette famille de paisibles paysans.

Perdu dans cette immensité, Oscar fait la connaissance à la gare routière d’un homme (Danny Magisa) qui lui propose un logement à un prix modéré.

Sautant sur cette occasion inespérée, les Ramirez emménagent dans un petit appartement en dur en payant avec l’essentiel de leurs économies.

Courageux et vaillant, Oscar repart tout de suite pour se faire embaucher à la journée par un des entrepreneurs locaux cherchant des hommes pour des travaux de force.

Après plusieurs heures d’un travail harassant à porter des pierres avec trois autres hommes, il a la désagréable surprise de n’avoir qu’un maigre repas comme salaire.

Pire que cela, sa famille se trouve délogée par la police en son absence, victime d’une arnaque par l’homme de la gare.

Sans ressources, les Ramirez échouent logiquement dans un des bidonvilles de Manille.

Mae se résigne à travailler dans un bar à entraineuses chez Charlie (Mailes Kanapi) ou elle doit danser et faire consommer les clients en acceptant au minimum d’être touchée et embrassée.

Ses enfants l’accompagnent, restant dans les vestiaires pendant qu’elle se produit dans la salle principale.

La chance semble finalement sourire à Oscar qui à sa grande surprise est pris dans une entreprise de convoyage de fonds, aidé par un généreux employé, Ong (John Arcilla) qui lui explique comment s’attirer les bonnes grâces du patron (Moises Magisa).

Devenu à présent un convoyeur chez Metro Manila, Oscar reçoit un uniforme, un casque, un gilet pare balles et un fusil mitrailleur.

Il est formé au métier par son coéquipier Ong qui participe à son intégration au sein de l’équipe de convoyeurs au cours d’une soirée arrosée et l’invite même à manger chez son épouse.

Les deux hommes se rapprochent et Ong se montre très intime avec lui, allant jusqu’à lui révéler sa liaison avec une maitresse.

En échange, Oscar lui révèle avoir perdu son emploi dans un usine de textile après que le patron Mr Santos (Johnny Burnes) ait été assassiné par des voyous payés par un concurrent sans scrupules, ce qui a conduit son fils Alfred (JM Ramirez) à un acte de braquage désespéré dans un avion et à sa mort.

De manière encore plus surprenante, Ong permet à sa famille de s’installer dans sa garçonnière ce qui permet aux Ramirez de s’extirper du bidonville pour connaitre un certain confort avec eau courante et douche.

Mais après une livraison à un jeune mafieux arrogant, Ong laisse éclater sa rage devant ce système si injuste qui favorise les pourris.

Il révèle ensuite à Oscar que lors du braquage fatal qui a cause la mort de son coéquipier il a subtilisé une des boites contenant des milliers de pesos et qu’il la garde chez lui.

Mais sans la clé permettant de l’ouvrir gardé au Central il ne peut rien.

Ong révèle sa vraie nature et exerce un chantage sur Oscar pour qu’il vole la clé pour se partager le butin.

Il va même jusqu’à organiser un faux braquage en payant quelques jeunes voyous pour permettre à Oscar d’avoir une excuse pour retourner au Central mais son stratagème échoue et il est tué par un réel voyou.

Sans son coéquipier, Oscar est tiraillé par la tentation.

Enceinte, Mae devient moins excitante pour les clients et doit accepter de prostituer sa fille pour espérer garder son emploi.

Soumis à une puissante pression psychologique, Oscar agit, découvre la boite cachée sous le plancher de l’appartement de Ong, résiste aux menaces de sa veuve et profite de sa visite au dépôt Central pour pénétrer dans la salle des clés.

Mais il est vu par les caméras de sécurité et finit abattu par les fonctionnaires de Metro Manila.

Lorsque son dernier coéquipier remet à Mae ses effets personnels, elle découvre un moule de la clé du coffre qui lui permet d’accéder au butin.

Elle comprend alors le sacrifice d’Oscar pour assurer un avenir meilleur à sa famille et l’arracher à la misère…

En conclusion, « Metro Manila » est un chef d’œuvre trop peu récompensé malgré quelques distinctions anglaises, française et américaines.

Film magistral racontant le destin trop commun de tous ces pauvres fuyant la misère des campagnes pour s’entasser dans les villes et y perdre leurs illusions, « Metro Manila » est soutenu par un scénario puissant, des acteurs inconnus en Occident et une réalisation à l’esthétisme superbe.

L’univers des convoyeurs des fond a certes été maintes fois explorés notamment par le cinéma français avec l’efficace « Le convoyeur » ou « 11.6 » mais aucune de ces productions ne contient le puissance émotionnelle et la qualité de réalisation de « Metro Manila ».

A voir de toute urgence pour tous les amoureux du « grand cinéma » !

Commentaires