Onze histoires de solitude (Richard Yates)

 



Comme son nom l'indique, « Onze histoires de solitude » regroupe onze courtes nouvelles de Richard Yates que cet écrivain new-yorkais disparu prématurément, a écrit dans les années 1950-1960.

Derrière ce sentiment universel, on retrouve l'arrivée d'une nouvel élève issu des quartiers populaires de New-York et les difficultés de son intégration malgré les efforts pathétiques de son institutrice Miss Price (« Le docteur jeu de quilles »), le malaise profond d'un homme et d'une femme de milieu modeste au moment de son marier (« Tout le bonheur du monde »), les pensées contradictoires de bidasses placés sous la férule d'un sergent dur mais respecté (« Quand Jimmy retrouvera sa brune »).

La maladie est également présentée comme un puissant vecteur de solitude, avec une femme visitant son mari gravement malade avant...de rejoindre son amant (« Absolument sans douleur ») ou des tuberculeux fêtant la nouvelle année en se déguisant dans une atmosphère de folie (« Fini l'an 'ieux, 'ive l'an neuf »).

Plus étrange est la propension à l'échec d'un homme appelé Walter avec l'aveu pénible d'une perte d'emploi vis-à-vis de sa famille (« Sans peur et sans reproche »), le comportement d'un homme utilisant son métier de journaliste pour diffuser ses idées radicales socialement (« Contre les requins ») ou le destin d'un artiste américain gâchant son talent dans les petits clubs de jazz de Cannes (« Un pianiste de jazz formidable »).

Yates atteint son sommet avec « Le mitrailleur », dans lequel un John Fallon, un travailleur de la classe moyenne voit ses nerfs céder lorsque ses habitudes sont bouleversées et errer dans la nuit avant d'agresser gratuitement un communiste désigné pour étancher son mal-être mais « Les bâtisseurs » racontant l'emprise d'un petit chauffeur de taxi sur un écrivain raté qu'il désire être son nègre, peut également être considéré comme un petit chef d’œuvre.

En conclusion, malgré sa disparité inévitable dans ce type d'exercice, « Onze histoires de solitude » est un ouvrage parfait pour découvrir le talent de Yates, formidable analyste de la classe moyenne américaine des années 50/60.

Au travers du thème universel de la solitude, Yates dépeint de trajectoires poignantes avec des gens gravement malades mais le plus souvent des minables petites gens aspirant à des rêves démesurés comme le chauffeur de taxi de « Les bâtisseurs » et son double l'écrivain raté qui se compare défavorablement à Hemingway.

Les récits de Hopper évoquent parfois les peintures d'Edward Hopper, avec cet individus esseulés perdus dans des décors urbains trop grands pour eux.

Richard Yates donc, ou un écrivain de haut niveau que j'ai très envie de découvrir davantage !

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