Pukhtu : Primo (DOA)

 



Sorti en 2015, « Pukhtu : Primo » est un roman policier de DOA, un ancien parachutiste français se cachant sous ce pseudonyme.

Première partie d'une série, « Pukhtu : Primo » place l'action principalement en Afghanistan alors que les forces coalisées réunies sous la bannière de l'OTAN mène la guerre aux talibans écartés du pouvoir mais toujours capables de contre offensives et attentats meurtriers dans les années 2000.

Membre d'une SMP américaine nommé 6N, plusieurs « contractuels » sont déployés sur le terrain et effectuent des missions officielles et officieuses pour l'armée américaine.

Durant l'une d'entre elles, un drone Predator tue le fils et la fille d'un chef de clan nommé Sher Ali Khan Zadran.

Cet homme puissant et déterminé se lance alors dans un vendetta personnelle et rejoint les talibans dans leur lutte contre les « envahisseurs » occidentaux et leurs alliés.

Le chef des 6N sur le terrain, Voodoo, est un ancien militaire a conscience des risques encourus et les accepte mais il cherche également à profiter de la situation pour mettre de l'argent de coté.

Profitant du chaos et des zones de non droits dans plusieurs provinces, Voodoo se met en cheville avec le colonel Nawaz un narcotrafiquant jouissant d'une certaine impunité en raison de son rôle de chef de l'armée pour le contrôle de la frontière avec le Pakistan.

Mais lorsque un rival de Nawaz le dénonce pour lui porter préjudice, l'armée américaine réalise une interception de produits chimiques destinés à la fabrication de drogue.

Pour couper court à la fouille d'un camion face à une population hostile, les 6N sont déployés et humilient un sergent de l'armée qui pour se venger contacte le journaliste américain Peter Dang.

Avec une grande persévérance et un mépris des risques énormes encourus, Peter mène une enquête qui embarrasse rapidement les hautes sphères militaires publiques et privées.

Tandis que Voodoo cherche à protéger ses arrière notamment vis-à-vis de son patron, l'ambitieux Pierce et finit par comprendre la double menace représentée par Dang et Sher Ali, le premier est finalement découragé après que son traducteur soit enlevé, torturé et menacé, le second multiplie les spectaculaires attentats contre les forces afghanes et américaines.

Malgré la traque à son égard et les pertes importantes parmi ses hommes, Sher Ali demeure plus malin que les Américains et hors d'attente des tentatives pour le tuer.

Il parvient à faire éliminer Nawaz en s'alliant avec son rival Ramanoullah et réussit le tour de force d'enlever Fox, l'un des hommes de Voodoo après une redoutable embuscade combinant attentats suicides et attaques au lance-roquettes.

Le tome 1 se clot lorsque Dang de retour en Afghanistan pour rencontre Ramanoullah semble se faire enlevé par des talibans, que Fox est au mains de Sher Ali et que Amel, une journaliste française s'approche de Montana, un haut personnage de l'espionnage français, par le biais de sa jeune maitresse Chloé, une fille de bonne famille parisienne dont elle est devenue l'amante...

En conclusion, encensé par le critique pour son intrigue haletante, « Pukhtu : Primo » est un copieux pavé constitué de plusieurs niveaux de lecture.

Le premier majoritaire et pour moi le plus réussi, consiste en la description de la vie « sur le terrain » des mercenaires des sociétés de sécurité privées envoyés sur l'un des théâtres d'opérations les plus dangereux du monde.

Face à des talibans rompus à la guerre asymétrique depuis le combat contre les Soviétiques, utilisant un terrain hostile pour la guérilla et les méthodes terroristes pour réaliser des attentats suicides, les forces de l'OTAN et leurs acolytes ont pour eux la maîtrise du ciel avec notamment leurs redoutables drones Predators.

Les scènes afghanes sont donc d'une grande violence mais ce qui choque surtout c'est la barbarie des traditions locales, aboutissant souvent à l’éradication de toute une famille ou un clan pour rembourser de prétendues « dettes d'honneur ».

Les talibans profitent donc de la corruption généralisée dans toutes les strates de la pseudo administration afghane pour financier leur djihad par le narcotrafic et la frontière entre « guerriers de la foi » et narcocriminels s'estompe.

Intense et parfois difficilement supportable sur le sol afghan, l'intrigue se perd quelque peu lors des scènes parisienne, encombrées de lourdeurs et de clichés, telle la jolie et jeune beurette émancipée fréquentant la jet-set ou complètement anecdotiques lorsqu'on parle d'un Français participant au trafic international depuis une société d'import-export bidon au Sénégal.

Et même le journaliste americano-asiatique d’investigation, rentre lui aussi dans le moule à clichés de DOA...

Le tome 1 laisse donc une fin volontairement ouverte sans que l'on comprenne réellement comment les pièces vont s'agencer entre elles. Pas sur, que j'ai envie de rempiler pour un second « contrat » après une lecture aussi éprouvante !

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