Furies (Julie Ruocco)

 



En 2021, Julie Ruocco sort  son premier roman intitulé « Furies ».

« Furies » traite d'un sujet contemporain particulièrement difficile la guerre en Syrie ayant abouti à la montée en puissance de l'Etat islamique dans ce pays.

A travers sa construction, le roman suit les destins croisés de Bérénice, une archéologue française envoyée en mission sur place pour récupérer des trésors menacés par la guerre et Asim, un pompier syrien vivant au cœur du conflit.

Pour Bérénice, passionnée d'antiquités, la guerre est un choc qui la touche personnellement lorsqu'elle accepte de recueillir une fille pour l'arracher à un triste destin, tandis que pour Asim, elle revêt les traits d'un quotidien insoutenable avec sa litanie de morts.

Lors de la première phase du conflit, le régime de Bachar Al-Assad réalise des purges dans les rangs manifestants ce qui pousse à une militarisation de ce qui au départ était un mouvement pacifique et un tantinet idéaliste.

Appuyé par l'aviation russe, Al-Assad de fait pas dans la dentelle puis relâche de ses prisons ce qui est qualifié de « monstre » islamique alors qu'en réalité les contingents étrangers sont au moins aussi nombreux à grossir les rangs de l'EI.

Avec les hommes en noir s'installe un régime fou ciblant de sa haine les femmes. Taym la sœur éduquée et brillante d'Asim est finalement assassinée en affichant trop haut sa liberté.

Son frère recueille sur une clé USB des photos et des vidéos de l'horreur des massacres et se fait un devoir de la transmettre hors de son pays pour témoigner.

Son parcours croise celui de Bérénice désespérée, à la recherche de faux papiers pour quitter la Syrie avec la petite fille sans nom.

Devenu faussaire, Asim accepte de l'aider à passer par la rojava, une zone contrôlée par les peshmergas kurdes mais en contrepartie lui demande de récupérer la fameuse clé USB.

Après avoir vécue sous la protection d'une commandante du YPG, Bérénice parvient à quitter le pays et une fois en Grèce, donne le nom de Taym à la petite fille sur laquelle repose pour elle l'espoir d'un monde « meilleur ».

En conclusion, j'ai eu des sentiments plus que mitigés en lisant « Furies ».

Le thème choisi d'un barbarisme contemporain contient une force inouïe mais son traitement ne m'a pas ébloui.

Sur le fond, il manque pour moi un véritable fil conducteur à l'intrigue qui évolue lentement sans que de réelles péripéties ne se produisent, ce qui me paraît un comble pour un sujet aussi intense !

Sur la forme, le style de Ruocco très littéraire, un tantinet ampoulé, nuit au propos, pourtant louable de véhiculer un message féministe.

A titre personnel, je ne crois pas malheureusement pas à la thèse du « plus jamais ça » et ne peux que constater l'échec de la création d'un Tribunal International pour traquer et juger les meurtriers sanguinaires de l'EI.

Comme le montrera ensuite l'actualité en Afghanistan, la cause des femmes dans le monde n'a malheureusement pas été amélioré malgré les expériences abominables du passé, ce qu'on ne peut que déplorer.

Un livre donc quelque peu vain à mes yeux et qui passe à coté de son sujet !

Commentaires