Les fiançailles de M Hire (Georges Simenon)

 



J’avais jadis été très impressionné par « Mr Hire » le film de Patrice Leconte sorti en 1989 et entendu le plus grand bien de Georges Simenon, le maitre du roman policier francophone.

En 1933 sort la nouvelle « Les fiançailles de M Hire ».

On y suit la vie solitaire et triste de Hire, un vieux célibataire vivant à Villejuif, à mi-chemin entre l’animation des portes de Paris et de la campagne qui s’étend alors dans les villes qu’on ne nomme pas encore banlieues.

Dans ce no man’s land une prostituée est assassinée une nuit par un maniaque.

La concierge du petit immeuble où habite Hire ne tarde pas à la soupçonner et met sur sa piste deux inspecteurs du quartier.

Son quotidien monotone est alors soigneusement épié : trajet en autobus, métro, travail dans un petit atelier à écrire et envoyer du courrier, déjeuner au restaurant puis retour par le même chemin.

Petit homme pâle et gros, Hire est discret et s’offre comme rares distractions la fréquentation d’un bordel de la Porte d’Italie.

Pourtant, sa vie va s’illuminer en découvrant que sa voisine d’en face, une jeune vendeuse appelée Alice se laisse observer dans son intimité à travers la fenêtre.

Impressionné par la beauté de la jeune femme, Hire va l’observer tous les soirs ou presque et répondant à ses encouragements muets, la suivre avec son petit-ami Émile lors d’un match de Football au stade de Colombes.

L’homme finit par entrer en relation avec Alice, qui lui avoue vivre un enfer depuis qu’elle sait qu’il est le tueur de femmes.

Amoureux, Hire va échafauder un plan pour fuir avec Alice en Suisse, dénoncer Émile et ensuite revenir vivre avec elle.

Le fait que la police qui a découvert ses activités de petit escroc et son passé carcéral de pornographe soit à ses trousses ne fait que le renforcer dans sa détermination voir inconscience comme lors d’une fameuse partie de bowling, dans laquelle Hire, excellent joueur va défier le policier qui le suit.

Après une nuit blanche au cours de laquelle il arpente les dancings parisiens, Hire se rend à la Gare de Lyon pour le pense-t-il partir en Suisse avec Alice.

Mais sa désillusion est forte lorsqu’elle ne vient pas.

Revenant à son appartement, Hire est impitoyablement harcelé par la population et traqué par la police après qu’on ait retrouvé des preuves matérielles du crime dans son appartement.

Grimpant sur les toits, il se suspend en l’air et fait une crise cardiaque dans les bras du pompier qui le secourt.

Plus bas, Alice et Émile observent la scène, satisfaits après avoir trouvé le parfait bouc émissaire pour couvrir leur crime…

Plus tard, la vie reprend, immuable ou presque dans les faubourgs parisiens.

En conclusion, « Les fiançailles de M Hire » s’est montré en tout point au moins égal sinon plus au film de Leconte.

Dans le  proche Paris interlope glauque, Simenon décrit le destin d’un être pathétique, certes non angélique mais minable petit escroc solitaire, manipulé car il rêvait simplement d’amour…

La charge dramatique véhiculé par l’amour, le crime et la trahison est exceptionnelle mais le style ciselé de Simenon fait revivre comme si on y était le Paris des années 30 avec ces tramways et son métro tout neuf.

Pour toutes ces raisons, « Les fiançailles de M Hire » est un grand roman, puissant, douloureux et émouvant et on se demande parfois combien existent de M Hire dans nos villes surpeuplées et individualistes ?

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